Louis Delluc né à Cadouin (Dordogne) le 14 octobre 1890, d'un père pharmacien qui allait bientôt s'établir à Bordeaux, puis à Paris en 1903 , Louis-Jean-René Delluc fit de brillantes études secondaires . A quinze ans, il obtient un premier prix dans un concours de poésie. A dix-sept, son premier livre est édité. A vingt, il est critique théâtral à "Comoedia illustré" et à vingt-sept, rédacteur en chef de l'hebdomadaire "Le Film", le plus luxueux et le plus complet des journaux cinématographiques.

Il est très critique envers le cinéma de l'époque : des films d'art, des actualités, des films légers. Pendant la guerre, il épouse Ève Francis, muse et interprète de Paul Claudel : elle lui fait découvrir le cinéma américain. Il est aussitôt convaincu par l’évidence plastique des films américains. Dès avant l’armistice, il milite pour un nouveau cinéma français, «qui soit du cinéma et qui soit français », qui se dégage du théâtre et des mauvais scénarios empesés de littérature. Il appelle un cinéma qui parle le langage des images, cette « photogénie » que ses amis et lui-même s’acharnent à définir. Il écrit de très nombreux articles et notes, invente le mot cinéaste et crée des ciné-clubs. Avec son ami d'enfance Léon Moussinac, il est l'un des premiers théoriciens et critiques indépendants en France fondant la revue "Cinéa", la première publication française d'esthétique cinématographique.

Les Allemands avaient l'expressionnisme. Delluc lança l'idée d'un mouvement parallèle dit impressionniste. L'attention est portée moins au fond qu'à la forme, moins à la valeur de l'intrigue qu'à la façon de dépeindre plastiquement le désarroi des personnages. Le but avoué de Delluc est de faire exprimer par l'image la psychologie cachée des personnages, d'imbriquer le présent et la passé, le réel et le fantasme et aussi d'utiliser le décor non plus comme une banale toile de fond pittoresque, mais comme un adjuvant de l'intrigue, à la fois réaliste et symbolique. " L'image doit être autre chose que l'imagerie". écrit-il. Face à un cinéma narratif, romanesque, feuilletonesque, représenté par Feuillade, il impose une vision d'un esthétisme raffiné, rencontrant en cela la première avant-garde qui va marquer le cinéma des années vingt, jusqu'au parlant (Abel Gance, Germaine Dulac, Marcel L'Herbier, Jean Epstein, René Clair).

A la différence d'autres membres de l'école impressionnsite, l'influence du cinéma américain (Griffith, Ince, Chaplin notamment) le préserve de certains excès, dans la direction d'acteurs par exemple et l'incline vers la sobriété et l'intimisme.

Sur les instances d'Eve Francis, il avait écrit un premier scénario, La fête espagnole que réalise Germaine Dulac en 1919. L'année suivante, il met en scène lui-même Fumée noire, essai ambitieux où le rêve se mêle à la réalité. Il a le temps de réaliser six autres films personnels avant sa mort en 1924, à trente-trois ans dont deux ont marqué l'histoire du cinéma français : Fièvre (1921) et La Femme de nulle part (1922).

Il utilise le décor naturel, supprime les gesticulations et les péripéties. Fièvres, tourné pour l’essentiel dans un décor de bar à matelots, et La femme de nulle part insèrent des personnages dans un environnement (l’air, la lumière) qui dit bien leur désarroi.

En 1924, il tourne son dernier film, L'Inondation, dans la vallée du Rhône. Dans des conditions climatiques très mauvaises, Louis Delluc y contracte une terrible pneumonie. Il y succombe en quelques semaines, à l'âge de trente-trois ans.

En 1937, c’est son nom que quelques journalistes retiendront pour baptiser le prix décerné annuellement au meilleur film de la saison.

Tout en oeuvrant pour l'écran, Delluc mène de front sa carrière de romancier et de critique. Ses, principaux articles seront recueillis en volume, sous les titres : Cinéma et Cie (1918), Photogénie (1920), Chariot (1921), La jungle du cinéma (1922), tous réédités, regroupés en quatre forts volumes sous le titre Les Écrits Cinématographiques par la Cinémathèque française entre 1985 et 1990. Un de ses romans, Le Train sans yeux, sera porté a l'écran en 1926 par Alberto Cavalcanti.

Son neveu Gilles Delluc lui a consacré une importante biographie : Louis Delluc, l'éveilleur du cinéma français (Pilote 24, 2002).

Filmographie :

1920 Fumée noire
 

Avec : Eve Francis, Dolly Spring.

De retour d'un voyage en Orient, Patrick est accueilli par ses neveux, Sidney et Gina. L'oncle initie les jeunes gens à l'opium. Endormis, ils rêvent, le garcon qu'il assassine le voyageur, la fille, prostituée dans son rêve, captive Patrick et s'empare d'une statuette qu'elle avait remarquée. Au reveil, ils s'interrogent sur de tels songes.

   
1920 Le silence
   
   
1921 Le tonnerre
   
   
1921 Le chemin d'Ernoa
 

Avec : Eve Francis (Majesty) Princesse Doudjam (Santa) Gaston Jacquet (Parnelle) Albert Durec (Etchegor) Leonid Valter (Irratz) J.B. Marichalar (Domingo)

Un riche paysan basque est épris d'une belle americaine. Le mari de celle-ci semble favoriser l'adultère, car, sur le point d'être arrêté pour vol, il a besoin d'un alibi. Le paysan favorise sa fuite en Espagne, et tente de se faire aimer de sa femme. Mais celle ci, est reprise par son ancien amour.

   
1921 Fièvre
 

Avec : Eve Francis,Yvonne Aurel, George Footit

Un groupe de matelots, de retour d'Orient, entre bruyamment dans un bar de Marseille. L'un d'eux, Militis, qui fut l'amant de Sarah, la femme du patron, ramène une petite asiatique qu'il a épousée. La présence de l'orientale provoque un rixe au cours de laquelle le patron tue Militis. La police ne trouvera que Sarah, qu'ils emmenent.

   
1922 La femme de nulle part

Avec : Gine Avril, André Daven, Michel Duran.

Une femme âgée, usée, finie, qui a délaissé naguère son mari, fait un ultime pèlerinage à la maison où elle vécut heureuse, vingt ans auparavant. Elle est reçue par les nouveaux propriétaires, fort aimables avec elle. Le mari s'absente pour un voyage d'affaires...

   
1924 L'inondation
 

Avec : Ève Francis, Edmond Van Daële, Ginette Maddie, Philippe Hériat.

Alban, un riche fermier des bords du Rhone, est fiancé à une jeune coquette, Margot. Il n'est pas insensible aux charmes de Germaine, la fille d'un vieil original, ce qui provoque la jalousie de Margot. Celle-ci disparait lors d'une grande inondation. Lorsque les eaux se retirent, le corps est retrouvé.

   
   
   
   

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(1880-1924)
7 films
   
   
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histoire du cinéma : Impressionnisme