Johnny Case revient chez Nick et Susan Potter, le vieux couple d'amis qui l'héberge comme un fils à New York. Il leur annonce qu'il s'apprête à épouser Julia Seton qu'il a rencontrée durant ses vacances à Lake Placid. Il sait très peu de choses sur sa future épouse et est surpris d'apprendre qu'elle est issue d'une famille extrêmement riche, la fille cadette du banquier Edward Seton.
Johnny rencontre alors la vive sœur aînée de Julia, Linda, à qui il confie son projet de prendre de longues vacances sans travail pour trouver le sens de la vie. Il rencontre également le frère cadet des sœurs, Ned Jr, un alcoolique dont l'esprit a été brisé par la soumission à leur père. Au début, le père de Julia est stupéfait lorsqu'elle lui annonce son projet d'épouser Johnny, mais il est apaisé après avoir rencontré Johnny et examiné son parcours professionnel. Edward Sr. prévoit une fête de fiançailles élaborée pour le réveillon du Nouvel An, même si Julia avait promis à Linda qu'elle tenait absolument à organiser une petite fête pour Johnny et elle-même, qui ne comprendrait que des amis proches.
Le soir du Nouvel An, bouleversée de ne pas avoir pu organiser la fête de fiançailles qui lui était promise, Linda refuse de descendre. Julia envoie Johnny la chercher, et il la retrouve avec Ned et Nick et Susan Potter qui s'étaient perdus dans la maison et se sont retrouvés par hasard dans "la salle de jeux", la seule pièce véritablement humaine de l'énorme manoir surconstruit de Park Avenue. Le groupe passe un moment joyeux ensemble, et Julia et Edward Sr. les retrouvent au moment où Johnny et Linda terminent un tour de cirque acrobatique. M. Seton propose à Johnny un emploi dans sa banque masi Johnny révèle ses projets de vacances après avoir dû travailler toute sa vie. Julia est consternée que son petit ami refuse la proposition de son père. Après avoir annoncé ses fiançailles avec Linda aux invités rassemblés pour fêter la passage de la nouvelle année, Johnny essaie d'embrasser Linda. Elle repousse gentiment Johnny, lui rappelant qu'elle sera bientôt sa belle-sœur. Johnny quitte le manoir de mauvaise humeur sans dire au revoir à la famille, bien qu'il souhaite au personnel de cuisine une bonne année au passage. Linda dit à son frère qu'elle est tombée amoureuse de Johnny mais, à cause de son amour pour sa sœur cadette, elle gardera ses sentiments pour elle.
Dans l'espoir d'arranger les choses entre Johnny et Julia, Linda rend visite aux Potter et les trouve en train de faire leurs valises pour un voyage en Europe. Ils lui disent que Johnny envisage de partir également et qu'il a demandé à Julia de les accompagner. Un télégramme arrive, les informant que Julia a refusé. Linda rentre chez elle, dans l'espoir de faire changer d'avis sa sœur, mais elles se disputent. Julia est certaine que Johnny abandonnera ses projets et reviendra vers elle. C'est alors que Johnny arrive avec un compromis : il travaillera à la banque pendant deux ans, mais il démissionnera ensuite s'il n'est pas satisfait.
M. Seton accepte cela, et Julia et lui commencent à planifier la lune de miel du couple dans les moindres détails, mélangeant les arrêts chez des proches avec des questions liées aux affaires. Ils discutent de l'embauche de domestiques pour travailler dans la nouvelle maison de Julia et Johnny, dont il vient également de découvrir l'existence. Cela fait comprendre à Johnny que le plan de Julia et Edward Sr. ne fonctionnera pas, qu'épouser Julia dans ces conditions constituera plus une entrave à sa liberté qu'il ne pourra le supporter. Il supplie Julia de l'épouser ce soir-là et de voyager avec lui en Europe. Elle dit non.
Linda voit à la réaction de Julia qui est soulagée de la décision de Johnny. Linda fait admettre à Julia qu'elle n'aime pas vraiment Johnny. La voie désormais libre et inspirée par Johnny, Linda renonce à l'influence étouffante de son père et déclare son indépendance. Elle demande à Ned de l'accompagner, et quand il ne peut pas, elle promet de revenir le chercher. Linda se précipite à la rencontre de Johnny et des Potter pour partir en vacances.
Pendant ce temps, les Potter arrivent dans leur cabine de navire, attristés que Johnny ait décidé d'accepter le poste à la banque. Johnny les surprend et explique qu'il ne pouvait pas aller jusqu'au bout, et ils le célèbrent joyeusement. Johnny fait un salto arrière dans le couloir du navire lorsque Linda arrive. En la voyant au milieu du saut, Johnny tombe sur le ventre plutôt que de finir. Alors qu'elle les salue tous les trois, Johnny lui prend la main, l' attire au sol et ils s'embrassent.
Vacances est adapté d'une pièce de Phillip Barry montée à Broadway comme le sera deux ans plus tard Indiscrétions (1940) qui rassemblera pour la quatrième et dernière fois le coupe Cary Grant - Katharine Hepburn, associés dès Sylvia Scarlett (1935) et cette même année 1938 pour L'impossible Monsieur Bébé (Howard Hawks). Vacances, salué par le critique dès sa sortie et aujourd’hui considéré comme un sommet de l'œuvre de Cukor, ne connait pourtant pas un succès public. Cette comédie aux dialogues brillants, aux séquences dramatiques émouvantes et aux seconds rôles attachants, bénéfice d'une violente charge sociale conduite par les deux scénaristes du film, Donald Ogden Stewart et Sidney Buchman, blacklistés par le maccartisme en 1950 pour le premier et en 1953 pour le second pour être affiliés au parti communiste. Cette charge sociale contre les riches ne pouvait que réjouir les spectateurs de 1938. Mais l'appel à quitter son travail pour réfléchir à son sens, alors que le chômage est au plus hau,t pouvait être difficilement compris.
C'est une brillante comédie avec des numéros d'acrobatie, roue, saut périlleux ou salto, de Cary Grant qu’il effectue pour se remettre dans le droit chemin de la liberté. Il affirme, à la stupéfaction des banquiers, qu'il ne veut pas gagner "trop" d'argent et de Julia pour qui "il n'y a pas de plus grand frisson que le gain d'argent. Linda épingle sa sœur la jugeant "calée sur ton coffre et méprisant la misère des autres"; ce que confirme Johny une fois qu'il a rompu ses fiançailles : "je l'ai laissée assise sur son trône doré
Cary Grant excelle dans son innocente pureté :ne croyant pas que Linda est riche, il passe par la porte des domestiques qu’il ne manque jamais de saluer, en entrant comme en partant. La séquence de danse où Linda et lui savent qu’ils s'aiment est particulièrement touchante tout comme toutes les scènes de la salle de jeu.
Linda est fine mouche quand elle part annoncer son projet de mariage dans l'église, sachant que son père ne pourra ainsi rien dire… du moins pendant un temps. Julia n'est pas en reste quand, après que Johny ait raconté sa vie toujours difficile avec pour toute relation familiale un oncle alcoolique, Edward sursaute avec un "Je vous demande pardon"; elle réagit par un "Je l'espère bien".
Jeu aussi avec les accessoires : la cravate que Johny met enfin mais qu'il a emprunté au père de Juli, ou l'ascenseur ultra-rapide qui parvient au quatrième étage instantanément.
Jean-Luc Lacuve, le 8 février 2024