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(1993-2014)
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| 21 films | ||
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Eduardo Coutinho naît à São Paulo, le 11 mai 1933. Cinéphile, il remporte un prix en répondant à la télévision à des questions sur Charles Chaplin. Il peut ainsi effectuer son premier voyage à Paris. Il s'inscrit à l'Institut des hautes études cinématographiques (Idhec), mais préfère fréquenter la Cinémathèque française.
A son retour au pays, il déménage à Rio de Janeiro et s'engage dans les productions théâtrales et cinématographiques du Centre populaire de culture (CPC), un noyau d'agitprop de l'Union nationale des étudiants (UNE), en première ligne des mobilisations pour la réforme agraire. Il gère le tournage du premier film produit par l'Union nationale des étudiants, Cinco Vezes Favela (Cinq fois favela, 1962).
En 1964, le coup d'Etat militaire interrompt le tournage de son premier long métrage, Cabra Marcado para Morrer, produit par le CPC. La répression disperse l'équipe et les acteurs, dont certains jouaient leur propre rôle, notamment la veuve et les enfants de João Pedro Teixeira dirigeant des Ligues paysannes du nord-est du Brésil, assassiné par les hommes de main des grands propriétaires. Coutinho terminera ce film militant, amplifiant le travail de la mémoire en 1984.
L’avènement des militaires change la donne pour la génération du Cinema Novo des années 1960, à laquelle il appartient. Coutinho met en scène quelques films de fiction, qu'il reniera. Il écrit aussi des scénarios d'une valeur inégale, dont celui de Dona Flor et ses deux maris (Bruno Barreto, 1976), d'après le roman de Jorge Amado, un succès international. En 1975, il trouve un refuge dans le meilleur programme de la télévision, Globo Reporter, une véritable bulle qui autorisait une certaine expérimentation. C'est là que Coutinho découvre les nouveaux outils de prise de son et d'image, qui révolutionnent le langage du documentaire. Cabra Marcado para Morrer est le résultat de cet apprentissage, même si le réalisateur prend le contre-pied des normes en vigueur à la télévision.
Malgré le succès public de ce dernier, grand prix du festival Cinéma du Réel en 1985, sa carrière connaît les aléas de la production documentaire. Il trouve un appui dans une ONG, le Centre de création d'image populaire (Cecip), où il dispose d'un bureau dans un coin isolé par la fumée des cigarettes qu'il enchaîne sans répit. A l'occasion, il remporte le soutien de chaînes européennes pour évoquer l'esclavage (O Fio da Memória, Le fil de la mémoire, 1991). Mais c'est à partir du moment où João Moreira Salles, lui-même documentariste de talent, décide de produire tous ses projets qu'il entame l'ultime et la plus prolifique étape de sa vie.
Ses films sortent en salles et constituent souvent des événements. C'est le cas d'Edificio Master (photo, 2002), portrait de groupe des habitants d'un immeuble de la classe moyenne de Copacabana.
Eduardo Coutinho a mis au point ce qu'il appelle un « cinéma de conversationCinco Vezes Favela», à l'apparente simplicité, dont il a cependant, seul, le secret. Après une minutieuse recherche et préparation, il recueille les confidences d'interlocuteurs qui partagent un même lieu. La sérénité du réalisateur, sa silhouette austère et vénérable, sa manière de se poser, de regarder et de s'adresser à chacun d'entre eux, suscitent la confiance et un témoignage unique, mis en valeur ensuite au montage. Tous en sortent grandis, par le respect absolu dont ils font l'objet, quel que soit leur propos. C'est tout le contraire de ce que propose la téléréalité, prompte à manipuler les sentiments des invités et du public.
Ainsi, Santo Forte (1999) montre le cinéaste réceptif aux croyances afro-brésiliennes, dont la spiritualité ne lui semble guère étrangère. L'année suivante, la favela de Babilonia 2000 révèle d'autres espérances.
Dans un contexte différent, celui de la périphérie industrielle de São Paulo, il retrouve les anciens camarades de travail et de syndicat du président Luiz Inacio Lula da Silva (Peões, 2004), en proie à des sentiments mitigés. Une incursion au Nordeste, O Fim e o Principio (La fin et le début, 2005), surprend par un accent intime lorsqu'il interroge ses personnages âgés sur la mort.
Chaque film n'est pas une variation, mais un défi nouveau, qui exprime l'inquiétude d'un réalisateur en pleine possession de ses moyens, capable d'en jouer jusqu'à remettre en cause ses propres habitudes. Ainsi, Jogo de Cena (Jeu de scène, 2007) mélange des confidences et leur répétition par une comédienne jusqu'à brouiller les pistes et déstabiliser les apparences de l'écran. As Canções (Les Chansons, 2011), poussait encore plus loin le bouchon, en engrangeant les tubes préférés de chaque interlocuteur.
Avec son air de Don Quichotte et un humour grinçant, Coutinho était devenu lui-même un personnage, souvent à contre-courant des attentes, sans souci du politiquement correct.
Son scepticisme était le fruit d'une longue intimité avec le social et le cinéma : « On ne peut subvertir le réel, au cinéma ou ailleurs, que si l'on accepte d'abord tout ce qui existe, pour le simple fait que ça existe », disait-il dans un rare texte écrit pour Cinéma du Réel.
Il meurt de manière brutale et tragique, le dimanche 2 février 2014, victime d'un accès de folie de son fils, Daniel.
Filmographie :
Courts-métrages :
1959 : Le téléphone
1967 : Pacto, O segment de El ABC del amor
1976 : Seis Dias de Ouricuri
1989 : Volta Redonda, o Memorial da Greve
1994 : Os Romeiros do Padre Cícero
2000 : Porrada
2014 : Sobreviventes de Galileia
Longs-métrages
| 1968 | O Homem Que Comprou o Mundo |
| 1971 | Faustão |
| 1976 | Seis Dias de Ouricuri |
| 1978 | Teodorico, o Imperador do Sertão |
| 1979 | Exu, Uma Tragédia Sertaneja |
| 1984 | Cabra Marcado Para Morrer |
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Avec : Eduardo Coutinho, Elizabeth Teixeira (Eux-mêmes), Ferreira Gullar, Tite de Lemos (Narrateurs). 1h59.
En 1964, le coup d'Etat militaire avait interrompu le tournage du premier long métrage de Eduardo Coutinho, évocation édifiante de João Pedro Teixeira dirigeant des Ligues paysannes du nord-est du Brésil, assassiné par les hommes de main des grands propriétaires. Presque vingt ans plus tard, lorsque la dictature militaire quitte la scène, Eduardo Coutinho part à la recherche de cette famille... |
| 1987 | Santa Marta - Duas Semanas no Morro |
| 1991 | O Jogo da Dívida: Quem Deve a Quem? |
| 1991 | O Fio da Memória |
| 1993 | Boca de Lixo |
| 1999 | Santo Forte |
| 1999 | Babilônia 2000 |
| 2002 | Edifício Master |
| 2004 | Peões |
| 2006 | O Fim e o Princípio |
| 2007 | Jogo de cena |
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Avec : Marília Pêra, Andrea Beltrão, Fernanda Torres, Aleta Gomes Vieira, Claudiléa Cerqueira de Lemos,Débora Almeida, Gisele Alves Moura, Jeckie Brown. 1h40.
Suite à une annonce dans un journal, des femmes ordinaires se racontent au réalisateur Eduardo Coutinho, qui est ensuite mise en scène par des actrices, brouillant ainsi les frontières entre vérité, fiction et interprétation. |
| 2009 | Moscou |
| 2010 | Um Dia na Vida |
| 2011 | As Canções |
| 2014 | A Família de Elizabeth Teixeira |
| 2015 | Últimas Conversas |