Février 2007, la nuit. Jean-Michel Fauquet travaille ses photos dans son atelier parisien. Rituellement aussi il marche dans Paris avec son ami Henry Colomer pour se rendre au ministère de la culture où son métier de la journée lui permet d'assurer l'indépendance de son travail artistique du soir.
Dans son atelier, Jean-Michel Fauquet développe la photo d'un escalier qui ne mène nulle part qu'il a construit. La photographie apparaît dans le bac de développement. Photos de Jean-Michel Fauquet enchaînées par des fondus.
Exposition à la galerie Haim Chanin de New York. Le matin suivant, Jean-Michel Fauquet prend plusieurs photos de pilotis tranchés, alignés sur l'eau. Il les développe ensuite dans son laboratoire.
C'est le printemps, assis dans un parc, Jean-Michel Fauquet a l'idée d'une curieuse forme qu'il dessine sur un carnet. Le soir venu, le croquis se transforme en plusieurs desseins à l'encre. Dans les rues de Paris, Jean-Michel Fauquet ramasse des cartoons abandonnés. Ce sera la matière première d'Iddu, curieuse sculpture que Fauquet fabrique en assemblant les cartons découpés avec des épingles et de la colle. La sculpture est finalement peinte en noir. Vêtu de cette même couleur, celle qui restitue toute la lumière, Jean-Michel Fauquet raconte l'origine de sa passion pour la photo. Tout est parti d'un châssis-presse. A quinze ans, pensionnaire dans un collège, il fit sa première photo avec cet ustensile primitif. L'image apparue dans une assiette à soupe, décida de sa passion continue depuis 40 ans. Lui-même photographie aujourd'hui pour faire surgir des mondes qui ont appel à une mémoire très ancienne. C'est l'automne, Jean-Michel Fauquet après sa marche rituelle et son travail au ministère se prépare à une nouvelle nuit pour élaborer ses photographies.
De février à novembre 2007, Henry Colomer a filmé le photographe Jean-Michel Fauquet dans la maturation de son travail. C'est une sorte d'exact contraire du Mystère Picasso. Là où Henri-Georges Clouzot mettait en scène le suspens d'une uvre devant être crée en continue dans les moins de dix minutes d'une bobine de film, Henry Colomer attend patiemment qu'émerge l'uvre qui sera enfin jugée digne d'exister.
La première partie du film raconte le travail de Jean-Michel Fauquet, artiste inconnu du grand public mais reconnu dans le monde de la photographie. Henry Colomer présente son ami, ses marches et son travail jusque dans la reconnaissance que constitue son exposition new-yorkaise.
Le documentaire didactique, attentif et subtil, prend une autre dimension avec une seconde partie qui débute au milieu du séjour à New York. C'est d'abord toute la démarche conduisant à la photographie des pilotis tranchés que Fauquet transforme en symbole des immigrants puis le travail colossal physique de la sculpture d'Iddu qui aboutira à la photographie. Troisième séquence plus intense, secrète et miraculeuse encore, celle du curieux petit châssis-presse, terriblement simple, élégant et magique qui décida du destin de toute une vie.