Un carton introductif annonce que ceci est une histoire vraie. Les événements se sont déroulés dans le Minnesota en 1987. A la demande des survivants, les noms ont été changés. Par respect pour les morts, le reste est raconté tel que cela s'est exactement passé.
Sur une route du Minnesota enneigé, au volant de sa voiture qui tracte une grande remorque avec une autre voiture dessus, Jerry Lundegaard se rend à Fargo, dans l'État voisin du Dakota du Nord, pour confirmer l'engagement de ses deux hommes de main : Gaear Grimsrud et son associé pour l'occasion, Carl Showalter. Dans un bar, il leur confirme qu'ils devront enlever sa femme, Jean. Jerry, directeur commercial dans une concession automobile de Minneapolis, est en effet en difficulté financière. Son beau-père, le richissime Wade Gustafson, est le propriétaire de cette concession. C'est lui qui paiera la rançon de 80 000 $. L'accord est que Jerry en donne la moitié (40 000 $) aux malfrats et qu'il garde le reste pour lui afin de restaurer l'état de ses finances personnelles. Carl et Gaear mécontents d'avoir poireauté une heure et de ne pas toucher d'avance les 40 000 dollars acceptent néanmoins : au moins ont-ils la voiture, une Ciera comme acompte.
Rentré à Minneapolis, Jerry retrouve sa femme Jean, son fils Scottie, ainsi que son beau père, Wade, qui s'est invité. En vue de monter sa propre affaire d'exploitation de parking, Jerry a proposé à Wade l'étude d'un dossier de financement : il souhaite que son beau-père lui prête 750 000 $. Wade, grossier et suffisant, ne semble pas prêt à accepter et lui conseille de montrer le dossier à son directeur financier, Stan Grossmann.
Sur la route de Minneapolis, Stan et Gaear commence à se disputer au sujet du programme du lendemain matin : l'un veut son petit déjeuner et l'autre baiser. Dans le bureau de sa concession, Jerry joue de son air de chien battu pour arracher l'achat d'un enduit anticorrosif en sus de leur voiture à un couple de clients irascibles.
Stan et Gaear sont arrivés dans un motel de Brainerd, à 4 heures de route de Minneapolis, où ils font l'amour avec des prostituées et regardent la télévision. Avant de quitter sa maison le matin, Jerry est appelé par son beau-père qui a brusquement changé d'avis et semble prêt à donner son accord pour l'affaire du parking et le convoque l'après-midi dans son bureau. Jerry se rend à la concession pour tenter de joindre les hommes de main afin alors d'annuler le rapt. Mais Shep Proudfoot, un ex-détenu qui est mécanicien dans l'atelier et par qui il a obtenu le nom des malfrats, ne peut l'aider.
Carl et Gaear arrivent à Minneapolis en se disputant : l'un veut fumer et l'autre se plaint d'être seul à faire la conversation. Dans sa concession, Jerry est harcelé par la société de prêt du constructeur qui veut obtenir les numéros de série de la voiture pour lesquels elle a consenti des prêts auprès des prétendus clients de Jerry. Celui-ci a déjà obtenu les 320 000 $ et croyait s'en tirer en communiquant des numéros illisibles. Mais la société de prêt a un besoin légal de ces numéros et menace de demander le remboursement des prêts si elle n'obtient pas de vrais numéros de voiture dont elle pourra constater la vente. Jerry ne peut que promettre pour bientôt le document demandé.
Dans la matinée, alors que Jean tricote paisiblement devant sa télévision, Carl et Gaear s'introduisent violemment dans sa maison et la kidnappent. Jerry, qui ne sait pas encore ce qui s'est passé chez lui, va à son rendez-vous chez Wade, comme prévu. Il est humilié par Wade et Stan qui se moquent de lui : comment Jerry a-t-il pu penser que Wade pourrait lui prêter une somme aussi importante sans garantie ? L'affaire les intéresse, mais pour qu'ils l'exploitent eux-mêmes, et Jerry devra alors se contenter d'une commission d'apporteur d'affaires, largement insuffisante pour rembourser ses dettes. Jerry ressort de l'entretien terriblement déçu et dépité.
Jerry rentre chez lui dans l'après-midi après avoir fait quelques courses et, voyant l'effraction commise dans la maison, comprend que l'enlèvement s'est déjà produit. Il recontacte alors son beau-père pour lui expliquer les choses.
Carl et Gaear ont quitté Minneapolis, ils roulent de nuit pour rejoindre leur planque de Moose Lake. Ils repassent par Brainerd à la frontière de l'Etat. Jean est allongée en travers de la banquette arrière, ficelée et totalement invisible, enveloppée dans une couverture. Mais, comme Carl et Gaear n'ont pas pris la précaution de poser des plaques d'immatriculation sur leur voiture neuve, un policier en patrouille les prend en chasse et les interpelle. Carl montre ses papiers en ouvrant son portefeuille et, au moyen d'un billet de banque qu'il fait légèrement dépasser, tente de soudoyer le policier pour écourter l'interpellation mais le policier est soupçonneux et lui demande de sortir du véhicule. Au même instant, Jean sous sa couverture pousse de petits gémissements qui parviennent à l'oreille du policier. Gaear, radical, extrait aussitôt un pistolet de sa boîte à gants, agrippe la chevelure du policier et l'exécute instantanément d'une balle dans le crâne. Carl déplace péniblement le corps tombé sur la route, mais un couple arrive en face en voiture, ralentit, se rend compte du drame qui vient d'avoir lieu et, effrayé, accélère pour s'enfuir. Gaear les poursuit l'arme à la main. La voiture du couple fait une embardée et se retourne sur le bas-côté, immobilisée sur le toit. L'homme réussit à s'extraire de la voiture et tente de s'échapper en courant dans la neige, Gaear l'abat à distance, il exécute ensuite la passagère restée prisonnière du véhicule.
La police locale de Brainerd, sous la direction de Marge Gunderson enceinte de sept mois, est chargée d'enquêter sur les décès. Le premier indice probant est récupéré dans le véhicule de patrouille du policier du Minnesota : en effet, avant l'interpellation, ce dernier avait pris soin de noter dans son carnet de bord qu'il venait d'arrêter une Ciera de couleur ocre, qui ne portait pas de plaques d'immatriculation. Après avis de recherche, cela permet à Marge de savoir rapidement que, la veille des meurtres, les tueurs avaient fréquenté le motel "Babe, The Blue Ox" dans lequel ils avaient utilisé les services de deux prostituées et passé quelques coups de fil, notamment à un dénommé Shep Proudfoot de Minneapolis. En outre, les deux « filles » interrogées par Marge lui confirment que les deux occupants de la Ciera étaient en route pour Minneapolis. Marge décide alors de se rendre dans la capitale du Minnesota pour poursuivre l'enquête et retrouver Shep.
Jerry a annoncé la demande de rançon et fait croire à son beau-père que les truands réclament en réalité 1 000 000 $ contre la libération de Jean : il pourra ainsi garder la différence pour lui, soit 960 000 $, son beau-père et les malfrats n'ayant jamais été en contact direct. Ils se rencontrent dans un café avec Stan également présent. Jerry parvient à rallier Stan à son opinion : il ne faut pas prévenir la police et se soumettre aux exigences des ravisseurs. Wade est furieux, tente de voir si on ne peut pas ramener la rançon à 500 000 $, mais part et sera probablement convaincu par Stan.
Carl rappelle Jerry à son bureau pour organiser le versement de leur part de rançon ; aussi, le retour sur la région de Brainerd « s'étant mal passé », il exige le doublement de leur part, soit désormais 80 000 $, invoquant les « cas de force majeure, les catastrophes naturelles, … » ! Carl laisse donc Jean et son geôlier Gaear dans leur baraque forestière des bords de Moose Lake pour repartir à Minneapolis en vue de récupérer l'argent.
Jerry, à son domicile, rencontre à nouveau Wade qui est toujours accompagné de Stan, son directeur financier. Wade a rassemblé le million de dollars de la rançon et rumine toujours l'idée de rencontrer lui-même les ravisseurs. Jerry cherche toujours à l'en dissuader en prétextant l'intransigeance de ces ravisseurs et leur possible violence, mais il n'a plus l’appui de Stan qui écoute désormais son patron. Jerry indique qu'il attend un appel des ravisseurs qui vont lui fixer le lieu de remise de la rançon. Carl est arrivé à Minneapolis et se rend sur le parking de l’aéroport de Saint-Paul pour y dérober des plaques d’immatriculation.
Marge est aussi arrivée à Minneapolis et a obtenu des renseignements sur Shep ; elle le retrouve dans la concession de Wade. Shep est très mal à l'aise car Marge est près de faire le lien entre les tueurs de Brainerd et lui-même : il risque de retourner en prison car il est en liberté conditionnelle après avoir été condamné dans une affaire de trafic de stupéfiants. Marge interroge ensuite Jerry, brièvement, lui demandant s'il manque par hasard un véhicule dans sa concession. Avant de repartir sans résultat concret, Marge accepte de revoir Mike, qu'elle connut étudiante et qui essaie de la séduire en se montrant sous son meilleur jour. Elle le repousse gentiment et comprend peu à peu l'extrême solitude de son ami qui s'écroule en larmes.
En attendant de rencontrer Jerry, Carl, de son côté, "tue le temps" en fréquentant un grand hôtel où se produit un chanteur, Jose Feliciano, en compagnie d'une prostituée. Carl finit la soirée avec elle dans un motel où, en pleine nuit, Shep le retrouve et le passe à tabac, furieux de risquer d'être impliqué dans une affaire de multiples meurtres.
Carl, très en colère d'avoir dû subir les coups de Shep, appelle Jerry chez lui pour lui donner le lieu de rendez-vous et exige avec véhémence qu'on respecte ses conditions. Wade, qui attend aussi l'appel dans la maison de Jean et Jerry, écoute la conversation sur un autre combiné et se précipite avec sa mallette pleine de billets pour devancer Jerry au point de rencontre, l'étage supérieur d'un parking au sommet de l'hôtel Radisson. Jerry est dépité de voir son beau-père partir seul. Il le suit à plusieurs minutes d'intervalle.
Dans la voiture, Wade prend la précaution de préparer un revolver. Arrivé à destination, il aperçoit une voiture seule sur le parking enneigé. Carl sort de sa voiture en même temps que Wade et se rend compte que ce n'est pas Jerry qui est au rendez-vous : il s'emporte et vocifère contre Wade. De son côté, Wade, la mallette de billets à la main, hurle et exige de Carl qu'on lui rende sa fille, sinon il ne donnera pas l'argent. Carl, excédé, ne supportant plus une telle arrogance, tire à bout-portant sur Wade qui s'écroule. Mais, à terre, Wade sort son arme et atteint Carl d'une balle dans la mâchoire, alors que ce dernier s’abaisse pour s’emparer de la mallette. Carl, furieux, achève Wade de plusieurs coups de pistolet. Il remonte dans sa Ciera avec la mallette et dévale à toute vitesse les étages du parking ; il croise Jerry qui monte au lieu de rendez-vous et manque de le percuter. Carl, le visage ensanglanté, passe devant la guérite du gardien du parking, tout effaré du spectacle. Il l'abat et enfonce la barrière de sortie. Jerry arrive au sommet du parking et y récupère le corps de son beau-père qu'il hisse dans son coffre de voiture. Il rentre à son domicile et dit à son fils, qui le prévient que Stan a appelé deux fois, qu'il va aller se coucher.
L'agent Olson de Brainerd vient interroger Monsieur Mohra, en train de balayer la neige devant chez lui, qui a souhaité faire une déposition ; ce dernier lui dit que, dans son bar près de Brainerd, il a rencontré un client bizarre qui espérait « des arrangements » pour rencontrer des prostituées. Il affirmait en effet beaucoup s'ennuyer au bord de son lac. La discussion s'était un peu envenimée et le client s'était plus ou moins vanté de faire définitivement taire ses interlocuteurs trop arrogants. Olson demande à M. Mohra s'il a une idée du lac au bord duquel l'individu réside : M. Mohra lui répond que c'est probablement Moose Lake, ceci en fonction de la situation de son bar.
Carl est sur la route de Moose Lake et s'arrête en chemin pour se soigner le visage. Il profite de cette pause pour examiner le contenu de la mallette qu'il a prise à Wade et constate qu'elle contient bien plus que les 80 000 $ exigés. Il décide alors de prélever la somme convenue qu'il doit partager avec Gaear et parcourt quelques dizaines de mètres sur le bas-côté enneigé de la route pour dissimuler la mallette avec le reste des fonds le long d'une immense clôture : au moyen d'une petite pelle de voiture, il creuse un trou de quelques dizaines de centimètres dans l'épaisseur de la neige et y place la mallette qu'il recouvre de cette même neige. Il plante sa petite pelle dont il laisse dépasser le manche coloré pour espérer retrouver son butin ultérieurement.
Marge va quitter Brainerd sans avoir fait aboutir son enquête ; elle s'apprête à prendre la route, fait d'abord une « pause hamburger », mais alors, lui vient une idée. Elle retourne voir Jerry à la concession et lui demande s'il est bien certain qu'il ne lui manque aucune voiture : « en est-il sûr ? », a-t-il fait un inventaire pour cela ? Jerry, maladroitement, oppose une fin de non-recevoir à Marge : elle demande alors à voir « Monsieur Gustavson », Wade, le patron et beau-père de Jerry. Jerry est donc très ennuyé, simule une colère et annonce qu'il va se plier de suite à l'exercice de l'inventaire des voitures. Il s'habille chaudement pour cela et sort de son bureau où Marge reste l'attendre. Quelques minutes après, en jetant un regard par la fenêtre du bureau de Jerry, elle s'aperçoit qu’il est en fait au volant de sa voiture en train de quitter rapidement la concession : il « fuit l'interrogatoire ». Elle alerte alors la police de l'État.
Carl pénètre dans la baraque de Gaear tout en se tenant la mâchoire ensanglantée, comme le sont aussi ses vêtements. Gaear y est en train de déjeuner, les yeux rivés sur sa télévision : il semble profondément absorbé par un feuilleton télévisé. Carl constate que Jean gît sur le sol à côté de la table de la cuisine et des traces de sang sont visibles sur la paroi de la cuisinière qui sert de chauffage d'appoint : Gaear lui dit qu'elle le dérangeait par ses cris et il a dû lui imposer le silence. Carl lui remet sa part de rançon (40 000 $) et annonce qu'il repart avec la Ciera : Gaear n'est pas d'accord et demande que Carl lui laisse en complément la moitié du prix de la voiture. Carl prétexte de sa blessure, reçue pour être allé chercher la rançon, et rappelle en outre qu'il est « debout depuis trente-six heures », pour justifier qu'il mérite de garder la voiture. Il prend congé de Gaear qui n’a pas donné son approbation à ce marché. Alors que Carl se dirige vers la Ciera, Gaear sort de la baraque en remettant précipitamment sa chapka, court quelques mètres derrière Carl pour le rattraper et lui asséner un grand coup de hache au cou.
Sur le chemin du retour, déjà près de Brainerd, alors qu'elle discute avec son collègue Lou par la radio de service, Marge fait un petit détour par Moose Lake, probablement suite à l’information recueillie auprès de M. Mohra : elle aperçoit alors la Ciera ocre recherchée depuis les premiers meurtres de Brainerd. Elle arrête son véhicule, sort son arme, s'approche avec précaution par l’arrière de la baraque de Gaear et le voit de l’autre côté à l’extérieur, tout occupé à enfoncer dans un broyeur de végétaux ce qu’il reste de Carl, une jambe ; toute la neige environnante est colorée de rouge. Elle met en joue Gaear et l’interpelle, il tente de fuir, mais Marge interrompt sa course d'une balle qui se loge à l’arrière de sa cuisse. En transportant Gaear menotté à l'arrière de sa voiture de police, Marge réfléchit amèrement à ce qui s'est passé en avouant qu'elle n'arrive pas à comprendre tant de violence et de morts pour « quelques liasses de billets ».Par ailleurs, Jerry est arrêté à son tour un peu plus tard dans un motel aux environs de Bismarck, dans le Dakota du Nord.
Marge et son mari Norm sont ensemble dans leur lit devant la télévision et discutent d'une des peintures de Norm, un canard colvert, qui a été choisie pour figurer sur un timbre-poste à trois cents. Norm dit qu’il est plutôt déçu qu’on ne l’ait pas prise pour le timbre à vingt-cinq cents, la valeur la plus couramment utilisée. Mais avec tact et astuce, Marge le rassure amoureusement.
Le film débute sur un carton mensonger, trop ironique pour être honnête. Il prétend que l’histoire est inspirée d’un fait-divers censé s'être passé en 1987. Les mentions légales en fin de générique rétabliront la vérité : ceci n'a été que pure fiction. Les frères Coen semble ainsi vouloir endormir le spectateur en lui proposant une histoire vraie, censée donc être réaliste, un paysage ouaté endormi sous la neige et une narration assez classique. S'il s'agit d'abord d'endormir le spectateur c'est pour mieux le réveiller par d'inattendues poussées de violences déclenchées par des actes anodins.
La fausse douceur du Minnesota
La narration en montage alterné se compose d'une succession de séquences prises en charge soit par Jerry, soir par les deux malfrats, soit par Marge. Jerry est un américain moyen qui tente de maintenir l'esprit d'entreprise en montant s propre affaire, sans avoir les moyens de ses ambitions. Il est prisonnier de la terrible morgue castratrice de son beau-père et de la mollesse de sa femme. Celle-ci, occupée au tricot et à regarder la télévision ne réagit que tardivement à l'agression rocambolesque des deux malfrats. Elle est condamnée à ne rien voir: prise dans le rideau de douche, cachée sous une couverture ou le visage masqué d'une cagoule. Jerry est souvent cadré serré par des zooms avant qui le montre prisonnier de son cadre ou perdu dans l'immensité. C'est le personnage le plus sympathique, le plus vivant, cherchant même à la fin à échapper aux policer venus l'arrêter. En revanche Wade Gustavson, flanqué de son directeur financier sont les vrais méchants: "Nous ne sommes pas des banquiers disent-ils d'un air complice en réponse à Jerry qui voulait un prêt. Ils sont même prêts à lancer l'affaire pour leur propre compte, "en toute indépendance" donc probablement sans verser à Jerry la moindre commission !
Les deux malfrats, habitants de Fargo dans l'état voisin du Dakota du Nord, forment un duo de truands dépareillé : le peu loquace Gaear Grimsrud, brute sociopathe peroxydée que Shep a mis sur le coup et le bavard Carl Showalter amateur de méthodes plus douces et de prostituées. Ces pieds-niklés aux aventures grotesques sont souvent plsu burlesques que terrifiants.
Marge est le personnage principal. Elle n'apparait pourtant à l'écran qu'au bout de trente minutes, comme pour contrecarrer par son extrême bonhommie une machine déréglée qui s'est déjà trop emballée. Frances McDormand, épouse de Joel Coen à la ville, est l'interprète de cette inoubliable policière, câlinée par un mari attentionné et doux. Tout deux attendant la naissance de leur premier enfant en faisant au mieux leur métier ou leurs hobbies. Cet ancrage stable et le tournage au le Minnesota, l'état natal des frères Coen, sert de contrepoint au déchainement des malheurs qui vont s'abattre sur les criminels.
Le sang sur la neige
Les dérèglements par rapport à la normalité ne vont cesser de se manifester d'abord sur le mode mineur puis en s'emballant de plus en plus. Mineurs sont le quiproquo sur l'heure du rendez-vous à Fargo où le moteur de la voiture de Marge qui ne démarre pas. Mais un dérèglement mineur peut entrainer des conséquences majeures, imprévisibles : oublier de changer les plaques de la voiture conduit aux meurtres du policier et des deux témoins ; la colère impulsive de Wade est responsable de sa mort par Carl ; les cris de Jean pendant que Gaear regarde la télévision conduiront à son meurtre. Tout pareillement, Carl est tué pour avoir imprudemment tourné le dos à Gaear. Le film se construit donc sur ces bouffées, pulsions de violence déclenchées par des actes anodins. Face à ces déchainements, inutile d'invoquer la malchance : c'est le monde lui même qui est porteur de ces dérèglements, celui de Wade et de son directeur financier qui ont déclenché par leur morgue castratrice la mécanique criminelle.
Le paysage de neige sera alors strié de sang, voitures aux feux rouges lors du meurt des deux témoins; Carl mâchoire ensanglantée cherchant à planquer sa mallette dans le neige et enfin, clou du film la broyeuse crachant le sang des corps démembrés de Jean et Carl sur la neige immaculée.
Présenté au Festival du Film de Cannes en 1996, Fargo y fut couronné par le Prix de la mise en scène. Un an plus tard, le long métrage reçut l'Oscar de la Meilleure réalisation et celui de la meilleure actrice pour Frances McDormand
Jean-Luc Lacuve le 16/05/2015