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L'année du dragon

1985

Genre : Film noir

(Year of the dragon). Avec : Mickey Rourke (Stanley White), John Lone (Joey Tai), Ariane (Tracy Tzu), Leonard Termo (Angelo Rizzo). 2h14.

Voir : édition DVD

Chinatown - le quartier chinois de New York. Les fêtes du Nouvel An chinois sont troublées par de terribles meurtres, notamment celui de Jackie Wong, sorte de "parrain" à la chinoise, qui régnait sur toute la communauté.

Stanley White, jeune commissaire de police et ancien du Viet-nam, propose à ses supérieurs de "nettoyer" Chinatown. Parallèlement, au sein de la communauté chinoise, un jeune homme d'affaires très ambitieux, Joey Tai, veut également pousser les anciens à être plus vigilants et propose de gérer les choses de manière plus dynamique, en enlevant notamment aux Italiens le marché de l'héroïne. En réalité, c'est lui, Joey Tai, qui tire les ficelles dans la coulisse et anime le gang des jeunes Chinois qui ont abattu Jackie Wong.

Stanley White flaire quelque chose de louche du côté de Joey Tai, et essaie de s'allier avec Tracy Tzu, jeune et jolie journaliste d'origine chinoise, qui couvre pour la télévision américaine tous les événements de Chinatown. Stanley White lui a d'ailleurs quasiment sauvé la vie lors d'une fusillade dans un restaurant. Malgré une liaison entamée avec Stanley, Tracy est réticente car elle n'aime pas ses méthodes et l'accuse d'être resté antiasiatique depuis la guerre du Viet-nam. Stanley s'acharne d'autant plus contre Joey Tai que ce dernier a fait violer Tracy et assassiner Connie, sa femme. Par l'intermédiaire d'un jeune flic chinois - Herbert Kwong - qui s'introduit clandestinement dans l'organisation de Tai et le paie de sa vie, White obtiendra les renseignements prouvant que Tai est impliqué dans le trafic de drogue. Le policier finira par forcer Tai au suicide et gagnera l'amour de Tracy.

"Après plusieurs projets avortés, Cimino revint enfin au cinéma en 1985 avec Year of the Dragon, une production Dino De Laurentis.

Motivé par d'évidents impératifs commerciaux, il renonce en grande partie à la méthode des deux films précédents. L'action est claire, faite de conflits familiers, mue par des dialogues très fonctionnels, souvent explicatifs. L'argument est, en fait, d'une banalité exemplaire. Un policier intègre décide de purger une ville (ici, une ville dans la ville, le Chinatown de New York) du gangstérisme et de la corruption qui s'y exercent ouvertement ; il se heurte à l'hostilité de ses supérieurs, peu soucieux de troubler un statu quo confortable et lucratif : c'est le sujet de cent films holywoodiens des années trente à nos jours. Pourtant, Cimino ne renonce pas complètement, loin de là, à ses ambitions, à ses exigences. Son héros, Stanley White, qui aime à rappeler ses origines ("Je suis un stupide Polak") a toute sorte d'idée sur les races et le racisme. Il remarque que la fameuse photo de la Jonction entre L'Union Pacific et la Central Pacific à Promontory Point, Utah, en 1869, ne représente aucun asiatique, alors que le chemin de fer transcontinental fut essentiellement construit par des immigrants chinois. Il a réfléchi aux problèmes de l'Amérique : "le vrai problème n'est pas le crime ou la drogue mais les médias" ; on gagnerait la guerre contre le crime-comme on aurait pu gagner la guerre du Vietnam, où Stanley White a combattu, - si on le voulait vraiment. Ces préoccupations, ces convictions d'un personnage par ailleurs assez conventionnel lui donnent une certaine épaisseur, mais on regrette un peu qu'elles soient énoncées de façon si didactique, alors que Cimino nous avait habitués à une expression allusive, indirecte, fondée sur le non-dit.

Le héros n'est d'ailleurs pas le seul à philosopher ; divers autres personnages prononcent périodiquement des petits discours bien sentis sur divers sujets : l'attitude des anciens combattants du Vietnam, la nécessité du compromis, la supériorité historique de la culture chinoise, etc. Le plus souvent, ces propos sentent terriblement l'écriture. Plus convaincante sont les scènes d'action pure, dont certaines sont dirigées de façon très brillante : ainsi celle ou White tabasse le chef de la mafia chinoise dans une discothèque puis poursuit dans la rue deux filles qui lui tiraient dessus ; ou l'affrontement final sur un pont de chemin de fer dans le brouillard. Plus rarement, on est surpris par un développement en rupture avec la convention : la scène de séparation de White avec sa femme, où l'échange de platitudes n'empêche pas l'émotion, est brutalement interrompue par l'irruption de tueurs qui exécutent la jeune femme, manquent son mari et s'enfuient. Mais les éléments originaux, personnels, ne font que souligner la banalité de l'ensemble"

Serge Maury

Sources : 15 ans de cinéma américain : 1979-1994 (interviews de Cimino par des journalistes des "Cahiers du Cinéma" en 1982 et 1985)
50 ans de cinéma américain ; Bertrand Tavernier, Jean-Baptiste Coursodon (notice sur Michael Cimino).

Test du DVD

Editeur : Carlotta-Films. mars 2016. Durée du Film : 2h09. Prix de vente public conseillé du Blu-ray: 20.06 €, du coffret collector contenant Blu-ray et DVD et supplément exclusif : 50,16 €.

Suppléments sur DVD et Blu-ray :

  • Préface de Jean-Baptiste Thoret
  • Bande-annonce

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