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La chamade

1968

Avec : Catherine Deneuve (Lucile), Michel Piccoli (Charles), Roger van Hool (Antoine), Amidou (Etienne), Irène Tunc (Diane), Philippine Pascal (Claire). 1h45.

Lucile, 25 ans, est la maîtresse comblée de Charles, riche quadragénaire qui, depuis deux ans, lui assure une existence dorée, sans problèmes. Le couple illégitime est fort bien admis par le petit groupe d'amis fortunés qui fréquentent assidûment les théâtres et les cabarets à la mode.

A l'issue d'une pièce de théâtre, Lucile s'attarde dans un café et rencontre Antoine, une jeune homme de son âge que son amie Diane a pris pour amant, malgré la différence de revenus qui les sépare. Lucile tombe amoureuse d'Antoine, qui a trouvé un emploi fort modeste chez un éditeur. Ils s'éprennent l'un de l'autre, mais Antoine, exclusif et taciturne, n'admet pas la liaison de Lucile et de Charles. Il exige bientôt une rupture que Lucile, toute à son bonheur égoïste, n'envisageait pas, d'autant plus que Charles semble vouloir ignorer cette liaison qu'il juge contraire à la nature frivole de sa jeune maîtresse.

Le grand amour de Lucile et d'Antoine, qui vivent maintenant ensemble, est vite assombri par les difficultés financières de la réalité quotidienne. Lucile trouve du travail mais accepte mal cette aliénation dont elle n'avait pas l'idée. Elle se lasse également des exigences d'Antoine et commence à regretter le confortable cocon de sa première liaison. Enceinte, elle refuse la maternité et accepte que Charles prenne en charge les frais d'avortement dans une clinique suisse. Meurtrie par son expérience malheureuse, Lucile revient près de Charles, qui l'attendait avec indulgence.

J.B.Morainpour les Inrocks du 12 juillet 2011 : Adaptation du roman à succès de Françoise Sagan, La Chamade est d’abord un film délicat, qui évite les aspects potentiellement scabreux, vulgaires du sujet : une jeune femme, Lucile, prise entre deux amants et qui ne sait lequel choisir – l’un quadra grand bourgeois raffiné, Charles, l’autre jeune journaliste et éditeur, Antoine, également bourgeois mais qui ne roule pas sur l’or.

La mise en scène d’Alain Cavalier impose une vision ironique des rites de la bourgeoisie parisienne gaulliste et peut-être aussi des clichés de l’univers de Sagan (le whisky, le luxe, le plaisir) Le film, aux couleurs chaudes, est composé de manière pointilliste, par une succession de courtes scènes et d’ellipses qui constituent chacune une pierre singulière dans le récit.

Deneuve y explose de l’éclat de sa jeunesse et de son talent, mais aussi du métier qu’elle possède déjà : à chaque seconde son visage semble exprimer la multiplicité des sentiments qui la parcourent. Elle s’y montre d’une vivacité incroyable, enchaînant la joie, la tristesse, l’humour, la futilité, l’espoir, l’ennui avec la même simplicité, le même allant, le même naturel. Et l’on sent vite et bien la fascination de Cavalier pour son actrice et son désir de réaliser, en contrebande de l’histoire, son portrait documentaire, à la fois comme actrice et comme femme française de 24 ans.

De dix ans plus jeune que Sagan, sa Lucile est une jeune femme de son époque (le film fut tourné en plein Mai 68), qui exerce sa liberté d’aimer qui elle veut, quand elle veut, et de faire ses choix de vie par elle-même. Tout en acceptant toujours d’en assumer les conséquences : sujet tabou à une époque où l‘IVG n’existe pas, Lucile part pour la Suisse se faire avorter de l’enfant qu’elle attend de son deuxième amant, avec l’argent du premier !

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