Laissez bronzer les cadavres !

Vendredi 16 juillet 10h15. La Méditerranée, l’été : une mer d’azur, un soleil de plomb. Luce, artiste peintre, 50 ans passés, s’ennuie. Elle possède la moitié d’un hameau abandonné, coupé de tout, en ruine et a invité comme chaque été, des amis. Cette année, ce sont Max Bernier, ex-amant, écrivain réputé et alcoolique, Brisorgueil, avocat en vogue et actuel amant, et trois amis de ce dernier, Rhino, Gros et Jeannot.

11h20 Rhino, Gros et Jeannot descendent à Pont-Saint-Esprit sous prétexte de faire des courses. A la boucherie-charcuterie, ils font retirer un mouton du frigo. Puis foncent sur les hauteurs de la corniche en voiture ; le générique défile avec armes, revolvers mitraillé, couteaux et hachoirs en négatifs colorisés

12h30 Rhino, Gros et Jeannot se mettent en position pour attaquer un fourgon blindé et ses deux motards. Les motards et le convoyeurs sont exécutés et le 250 kilos d’or transporté dans la voiture

12h39 Rhino ordonne à Jeannot de retrouver le hameau en moins des six minutes Mais soudain surgit sur la route, une femme qui demande assistance, elle est accompagnée de son jeune fils et de sa nounou. Apres quelques hésitations la bande renonce à les exécuter. Arrivée au hameau, la femme se révèle être,  Mélanie, l'épouse, depuis un mois de Max Bernier. Son fils est issue d'un premier mariage qu'elle a enlevé à la garde de son père et avec Pia la nounou. L'avocat, membre de la bande de braqueurs, voudrait partir immédiatement. Rhino lui rappelle qu'il n'est chargé que de la planque et des finances et que c'est lui qui commande.

13h20 Le méchoui est cuit à al broche dans une maison sas fenêtre. 15h50 tous se reposent sur les hamacs. 16h30 Gros désire Luce entre rêve et cauchemar

17h05 deux flics dans un bar de Pont-Saint-Esprit apprennent que des filles chics, dont uen jeune femme noire sont es chez la folle, l'artiste du hameau. Le flic homme veut faire ce détour; pas sa collègue qui lui rappelle qu'ils recherchent des braqueurs

17h30 Les deux flics sont montés tous les deux dans le hameau et la femme inspecte une maison. 17h32 elle reçoit uen balle dans l'œil car, à 17h28, Gros était dans le lit de Luce et avait tiré instinctivement sur la flic à la porte. 17h33 le policier fuit. 17h33 Luce se réveille avec le coup de feu de Gros

17h34: Rhino élabore avec Gros et Jeannot un plan pour tuer tout le monde. 17h55 : le flic échappe à la mort, une balle arrêtée par son casque. 18h05 nouveau plan

18h16 : L'avocat change les lingots de voiture, enfreignant ainsi les ordres de Rhino. 18h30 Il va voir Bernier et lui affirme ne jamais avoir su qui étaient les braqueur. Il tente ainsi avec lu ide rejoindre la maison du flic, où se trouvent Luce, Mélanie et Pia, afin de le tuer par traitrise.

18h40 La femme flic meurt. Mélanie tente en vain de s'échapper en voiture avec son fils. Des tirs bloquent la voiture contre un mur, 18h50 Mélanie s'en tire car son amri vient l'aider et prend une balle dans la cuisse

19h19.L'avocat convainc Gros que Rhino les a trahis. 19h50 Gronde l'orage. 21h20 Pia et Jeannot font  l'amour. 21h40 Gros n'arrive pas à sortir; 22h15 tout explose car le flic utilise des phares et uen batterie pour éclairer le hameau à  sa volonté. Mélanie exécute Jeannot venu chercher Pia avec une grosse pierre.

Max, Mélanie, L'enfant et Pia parviennent à fuir. Rhino exécute l'avocat puis le flic monté sur le cloché. Rhino fuit avec la voiture pleine d'or mais voit surgir Luce devant lui. En sang, il ne peut empêcher le feu de faire fondre l'or et meurt sur le capot de la voiture. Luce reste seule dans le hameau

Laissez bronzer les cadavres ! est un roman noir de Jean-Pierre Bastid et Jean-Patrick Manchette publié en 1971 dans la collection Série noire chez Gallimard. L'action se déroule sur une seule journée.

Nettement moins ésotérique que L'étrange couleur des larmes de ton corps, le précédent film de  Cattet et Forzani, celui-ci est un film de gangsters qui se comprend assez bien. L'intrigue est un peu compliquée du fait des jeux d'alliances qui se font et se défont entre les trois gangsters, l'avocat qui cherche à les doubler, le quatuor formé par Max, sa femme, son fils et la nounou et enfin les deux flics.

Le duo de réalisateurs n'abuse pourtant pas  des bouleversements de la chorologie que les indictions de temps, répétées bien plus abondement que dans le roman, pourraient générer. L’intrigue suit en effet le déroulé chronologique à quelques rares exception près : répétition de la  même heure vue de différents points de vues, deux ou trois flashbacks, de quelques minutes au plus.

L'originalité de la mise en scène tient à la coexistence de deux temporalités très éloignées dans le temps. Il y a certes d’abord  cette journée où le hameau devient un champ de bataille mais il y a aussi les souvenirs de Luce et de Max d'un temps où ce lieu paradisiaque était un théâtre d’orgies (bondages, urine féminine déversée sur le visage d'un homme enterré, multitudes de mains hommes sur le corps de la femme dorée ou de Luce) et de happenings sauvages.

C'est ce passé glorieux qui donne aux décors un aspect de cérémonie mexicaine psychédélique : croix plantées dans le sol avec crânes ou bras dépassants, crânes plantés sur des pieux un peu partout, clochés en contre-plongées et pluie de paillettes dorées. Les personnages du présent semblent pris au piège de cette  temporalité passée qui les réduit à n’être que de simples  fourmis (souvenir d'Un Chien andalou) à la merci des déchainements du temp;. Ainsi ces plans du hameau en maquette, vu en plongée où les fourmis fuient en tous sens avec la pluie qui les effraie.

Il est ainsi  cohérent qu’au final, le cadavre de Rhino soit bronzé par l'or en fusion  et que ne survive du hameau que Luce. Les autres sont, soit morts (les gangsters) soit en fuite (la famille Bernier).

Jean-Luc Lacuve, le 16 juillet 2021.