La Llorrona : seuls les coupables l’entendent pleurer. Selon la légende, la Llorona est une pleureuse, un fantôme qui cherche ses enfants. Aujourd’hui, elle pleure ceux qui sont morts durant le génocide des indiens mayas. Le général, responsable du massacre mais acquitté, est hanté par une Llorona. Serait-ce Alma, la nouvelle domestique ? Est-elle venue punir celui que la justice n’a pas condamné ?
Ce film mélange plusieurs thèmes : l’histoire des assassinats durant la guerre civile au Guatemala, la Note d’intention condamnation d’Efraín Ríos Mott, prononcée, puis annulée, le procès pour crimes contre l’humanité des militaires stationnés à Sepur Zarco, l’esclavage domestique et sexuel des femmes indigènes, la misogynie, la religiosité, le mysticisme et le réalisme magique. Tous ces éléments s’agrègent dans un climat de suspens et de peur qui va au-delà de la légende.
La Llorona (la pleureuse) est une des plus anciennes légendes latino-américaines. Elle parle de chagrin, de désespoir, de deuil, et des conséquences d’une folle décision prise par une femme. Une femme abandonnée par son mari met au monde deux fils conçus hors mariage. Le retour soudain de son mari la force à prendre les mesures qui feront d’elle une femme mariée respectable. Elle noie ses enfants, le regrette aussitôt et se suicide. Dieu la condamne à errer à travers le monde comme une âme en peine, pleurant et cherchant vainement ses fils. Ses sanglots terrifient ceux qui les entendent.
La guerre civile a duré 36 ans au Guatemala. Durant ce conflit, 250 000 personnes sont décédées, plus de 40 000 ont disparu, plus de 100 000 ont été déplacées. La majorité de ces victimes était des civils. Durant la période la plus sanglante, entre 1981 et 1983, l’armée nationale comptait 51 600 membres actifs, soutenus par des groupes paramilitaires et 500 000 paysans organisés en cellules armées. En face, les armées rebelles de la gauche n’ont jamais compté plus de 6 000 membres. Ces années 81 à 83 se déroulèrent sous le régime d’Efraín Ríos Mott. Il est resté au pouvoir 18 mois. Chaque mois, 3 000 personnes étaient assassinées ou portées disparues. La moitié des 250 000 victimes à été tuée durant son régime sanguinaire. La religion évangéliste était encouragée, afin de contrebalancer l’influence des prêtres catholiques qui poussaient les fermiers guatémaltèques à prendre conscience de leurs droits et à se rebeller contre l’injustice sociale.