À l'abordage

Paris, un soir au mois d'août. Un garçon rencontre une fille. Ils ont le même âge, mais n'appartiennent pas au même monde. Félix travaille, Alma part en vacances le lendemain. Qu'à cela ne tienne. Félix décide de rejoindre Alma à l'autre bout de la France. Par surprise. Il embarque son ami Chérif, parce qu'à deux c'est plus drôle. Et comme ils n'ont pas de voiture, ils font le voyage avec Edouard. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Peut-il en être autrement quand on prend ses rêves pour la réalité ?

Les deux courts-métrages qui se succèdent dans le film sont nés d’un atelier d’été avec les étudiants de deuxième année du conservatoire et tournés en quelques jours en juillet 2016. La base de loisirs de Cergy-Pontoise, lieu cher au cinéaste pour être lié à son enfance et au cinéma d'Eric Rohmer, donnera lieu au documentaire L’Ile au trésor, tourné l’été suivant, en 2017. C'est ce second film qui sort en salle le 4 juillet suivi deux semaines plus tard de Contes de juillet, le 18 juillet 2018.

Contes de juillet possède la grâce douce-amère des films de Rohmer, sachant lier l'aventure amoureuse des personnages à des lieux et des moments bien précis. Quelque chose se passe là qui ne pouvait se passer avant ni ne se passera plus.

L'aventure de Milena et de Jean, ne pouvait se passer au Lycée. Ils le fréquentèrent tous les deux mais ils se sont transformés depuis au point de ne plus se reconnaitre. Le moment magique devant l'île interdite est cependant rapidement mis en échec par ce souvenir gênant et la drague trop grossière de Jean. A contrario, alors que, triste, Lucie sort de la forêt, elle découvre dans la clairière ensoleillée Théo s'entrainant seul à l'escrime. Elle en tombe immédiatement amoureuse, l'identifiant au Comte de Monte-Cristo. Leur rencontre magique ne restera pas sans lendemain tout comme son amitié retrouvée avec Milena, l'une dormant sur l'épaule de l'autre dans le RER qui les ramène sur Paris.

Alors que le premier conte est ensoleillé comme l'été, le suivant est plus sombre et pas seulement parce qu'il se termine sur l'évocation de l'attentat terroriste de Nice le 16 juillet 2016. Hanne, la norvégienne, est victime de son charme auprès de ses trois prétendants : Andréa l'Italien jaloux, Roman le Français trop mièvre et même Sipan, le pompier, qui se laisse naïvement aller à une danse trop proche avec elle suscitant la jalousie d'Andrea et de Salomé qui pensait enfin avoir trouvé un homme pour la faire danser. Du coup, au petit matin, Hanne s'en va seule de la Cité Universitaire, s'étant réconciliée avec Andréa d'un baiser sur le front. Chacun de vous est concerné (Dominique Grange, 1968) avait chanté Andrea : l'insouciance de l'été comme celle d'avant les attentats a disparu mais la réconciliation demeure possible.

Jean-Luc Lacuve, le 28 juillet 2018.