Août 92. Une vallée perdue dans l’Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus. Anthony, quatorze ans, s’ennuie ferme. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule...
Cette chronique sur près de 10 ans du parcours d'un adolescent semble d'abord marquée par son émancipation vis à vis d'un père qui règne en maître tyrannique sur le foyer familial. Puis c'est Malek Bouali, qui bouillant de colère contre son fils, lui brûle cruellement la main, entraînant Hacine dans un cycle d'autodestruction. La thématique principale étant alors celle de deux fils qui devront aller vers la réconciliation. Celle-ci a lieu lors de la demi-finale gagnée par la France contre la Croatie : l'un utilisera la moto de l'autre pour tenter une nouvelle fois de séduire Stéphanie ; l'autre s'étant rangé après avoir désactivé sa colère en ayant vu se suicider le père du premier alors qu'il avait l'intention de le tuer. La troisième thématique est celle d'une éducation sentimentale inaboutie qui vient rythmer chacune des périodes (1992, 1994, 1996, 1998) et qui se clôt sur une chevauchée en moto. Le tout se termine par l'apologie de l'amour maternel inconditionnel et responsable.
A n'en pas douter l'écriture de Nicolas Mathieu doit transcender cette chronique. Malgré le motif récurrent de la moto et la bande-son, la chronique pèche ici par un excès du poids accordé au père dont la déchéance est trop complaisamment filmée; par un manque d'attention accordé à Hacine qui semble n'agir que par réaction à ce qui s'impose à lui et par une histoire d'amour où le déséquilibre intellectuel entre un garçon sans qualité et une femme ayant science-po et l'étranger comme idéal n'est jamais contrebalancé par ce qu’ils pourraient posséder en commun. La scène dans la piscine étant le point le plus intense de leur relation alors que la scène sexuelle inaboutie dans la voiture est marquée par besoin d'en finir une bonne fois pour toutes. Un peu comme le film qui se précipite vers sa fin sans convaincre.
Jean-Luc Lacuve, le 9 décembre 2024