C’est une première pour 30 danseurs de hip-hop, krump, break, voguing… Une première pour le metteur en scène Clément Cogitore et pour la chorégraphe Bintou Dembélé. Et une première pour l’Opéra de Paris. En faisant dialoguer danse urbaine et chant lyrique, ils réinventent ensemble le chef-d’œuvre baroque de Jean-Philippe Rameau, Les Indes Galantes. Des répétitions aux représentations publiques, c’est une aventure humaine et une rencontre aux enjeux politiques que nous suivons : une nouvelle génération d’artistes peut-elle aujourd’hui prendre la Bastille ?
C'est un film musical qui ne parle pas que de musique. Il montre des artistes au travail et les liens entre les œuvres et la vie. Clément Cogitore, par son dispositif innovant, confectionne une proposition d’artiste contemporain, plus encore que de metteur en scène au sens classique, dans un des endroits les plus conservateurs, l’Opéra de Paris. Qui plus est, le groupe de danseurs qu’il invite sur le plateau est au cœur de l’expérience.
Ainsi, plus qu'un film sur le côté démiurgique de l’acte de création, c'est le geste d’amener sur ce plateau des gens qui n’y ont jamais été invités, et de leur faire jouer quelque chose qui se rapproche de leur propre rôle qui est révolutionnaire. C’est-à-dire de placer les danseurs non pas dans un rôle d’interprètes censés entrer dans un costume qui les cacherait, mais au contraire de les faire jouer à nu, de mettre en situation une authenticité qui rendra visible leur énergie, leur identité, leur personne, leur éventuelle résistance à l’institution. Le contraire en somme d’un metteur en scène qui n’aurait qu’une vision et qui demanderait à tout le monde de s’y plier.
Dès les premières secondes, des vidéos filmées par les danseurs eux-mêmes, à destination d’amis ou des réseaux sociaux, intègrent la matière du film. Tous les personnages du film, danseurs ou non danseurs, viennent d’horizons extrêmement différents. Entre la soprano Sabine Devieilhe et un vogueur, entre un krumper et un machiniste, les univers sont distincts. Mais fabriquer un opéra, monter un opéra, devient une métaphore de la collaboration, d’un projet collectif autour duquel on se réunissent des artistes qui dans un temps donné réussissent à créer un objet qui les dépasse tous.
Indes Galantes est ainsi un film très découpé avec un crépitement, un flux d’expressions souvent très inspirées. Le rythme plus rapide vient aussi de Rameau. La fluidité musicale de Debussy impose un flux quasiment ininterrompu et c'est pareil chez Verdi, très narratif. Dans le baroque, en revanche, et en particulier chez Rameau, les danses sont incroyablement fragmentées et très modulaires.
Source : dossier de presse