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Le lien

1971

(Beröringen/The touch). Avec : Bibi Andersson (Karin Vergerus), Elliott Gould (David Kovac), Max von Sydow (Andreas Vergerus), Sheila Reid (Sara Kovac). 1h55.

Un après-midi d’automne, dans une petite ville de Suède, Karin Vergerus entre précipitamment dans une clinique. Le médecin lui annonce que sa mère est morte depuis un quart d’heure. Karin regarde les quelques objets que sa mère a déposé sur la table avant de mourir. Une infirmière lui demande si elle doit envoyer ses affaires personnelles chez elle. Comme elle répond qu'elle viendra les chercher le lendemain, l’infirmière lui recommande d’enlever les alliances dès à présent et s'en va lui chercher. Karin, bouleversée par la maltraitance signifiée par cette précaution, s'en va pleurer dans un couloir puis une petite pièce. C’est un vestiaire et elle est dérangée par un homme venant chercher son manteau et qui s'excuse de la voir ainsi en larmes.

Quelques jours plus tard, cet homme, David, est invité dans la belle demeure de Vergerus par le mari, Andréas, médecin hospitalier. Karin, femme au foyer, élève leurs deux enfants presque adolescents. Durant le dîner, David, archéologue américain parle au couple de son travail dans une église médiévale, où une statue en bois de la Vierge Marie vieille de 500 ans a été découverte. Il dit aussi à Karin qu'il est tombé amoureux d'elle le jour où il l'a vue à la clinique. Karin est troublée mais s’endort tendrement auprès de son mari et est une parfaite et dynamique mère au foyer pour préparer le petit-déjeuner du matin. Mais, le mari et les enfant partis, à 8h15, elle est seule à la maison.

Karin rend visite à David dans son appartement et accepte d'avoir des relations sexuelles avec lui. Elle lui dit que c'est sa première liaison et qu'elle ne sait pas si elle est amoureuse de lui, mais que c'est important pour elle. Leur romance dure pendant tout l’hiver même si David se montre souvent distant, autoritaire et en colère. Lorsqu'elle se présente sous l'emprise de l'alcool et qu'elle n'a pas réussi à arrêter de fumer comme ils l'avaient convenu, il la gifle. Elle s’enfuit en larmes mais il la rattrape et partage son histoire familiale avec elle, lui disant que beaucoup de ses proches ont été assassinés dans les camps de concentration nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

A la fin de l’hiver, David doit retourner à Londres pour un cycle de conférences et ne revenir qu’à l’automne prochain. Les deux amants savent que leur séparation sera douloureuse. Durant six mois, ils échangent de nombreuses lettres.

David revient comme prévu à l’automne dans la ville des Vergeruset leurs retrouvailles sont passionnées. Néanmoins, Agnès, la fille de Karen, comprend assez tôt que sa mère a un amant. Puis c’est, Andreas qui rend rend visite à David un soir où Karin est cachée dans la chambre. Il explique qu'il a reçu des lettres anonymes lui disant que David a une liaison avec Karin. David qualifie la visite d'absurde et se dispute quand Andreas lui rappelle qu'il s'était occupé de David après une tentative de suicide.

Dans l'église, David montre à Karin la statue restaurée de Marie, lui disant qu'elle est consommée de l'intérieur par une espèce d'insecte jusqu'alors inconnue. Il part ensuite brusquement pour Londres. Karin, bouleversée, dit à Andreas qu'elle ne peut s’empêcher d’aller découvrir pourquoi il l'a quittée. Andreas lui dit sévèrement que si elle part, elle ne pourra pas revenir. Karin part quand même.

A l'adresse de David à Londres
, Karin trouve une femme avec des problèmes de santé congénitaux nommée Sara et est surprise d'entendre Sara dire qu'elle est la sœur de David, bien qu'il ait dit à Karin qu'il n'avait plus de famille. Sara devine que Karin est enceinte, bien que Karin refuse de dire si le père est Andreas ou David. Sara déclare également que David ne la quittera jamais. Karin s'en va, disant qu'elle ne pense pas qu'elle reviendra.

De retour en Suède, David demande à Karin de le rencontrer. Il lui dit qu'il a trouvé la vie sans elle intolérable, que leur relation l'a changé et qu'il se soucie maintenant de ce qui va leur arriver. Il dit qu'il a accepté un poste dans une université danoise et demande à Karin de l'accompagner, avec ses enfants. Karin rejette l'offre. Elle n’est pas même troublée et évoque désormais son « devoir » de rester. David l'accuse de mensonge et de lâcheté alors qu'ils se séparent.

Le Lien s’inscrit dans la veine intimiste et conjugale du cinéaste, avec un argument digne d’un vaudeville : le mari, la femme et l’amant.

Le début du film se déroule sur un ton plus léger qu’à l’accoutumée, avec une satire du bonheur (et de l’ennui) marital, dans lequel Bergman ironise sur le confort moderne et l’apparente solidité d’un couple de la bourgeoisie intellectuelle et provinciale formé par Bibi Anderson et Max Von Sidow, dont les tranches de vie appartiennent à la veine naturaliste de l’auteur. L’arrivée d’un archéologue américain venu travailler sur un site en Suède va bouleverser l’existence banale de l’épouse.

Les deux amants s’engagent dans une relation négative qui dévoile la nature maniaco-dépressive et névrotique de l’homme. Ce dernier, dont la quasi-totalité de la famille a péri dans les camps d’extermination, se révèle violent et autodestructeur, incapable de vivre avec sa maîtresse ou de la rendre heureuse.

La guerre est souvent apparue de manière allégorique dans l’œuvre de Bergman. Elle est ici présente de manière biographique et ses séquelles participent à la détérioration des relations humaines de manière indirecte. La description d’une statue en bois sculpté de la Vierge, dont l’intérieur recèle des insectes parasitaires vieux de plusieurs siècles, apporte la signification profonde d’un film qui montre la décomposition d’un couple en même temps qu’une passion destructrice, double échec que devra surmonter le personnage de Bibi Anderson.

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