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Madame Bovary

2014

Genre : Drame social
Thème : Normandie

D'après le roman de Gustave Flaubert . Avec : Mia Wasikowska (Emma Bovary), Henry Lloyd-Hughes (Charles Bovary), Ezra Miller (Léon), Paul Giamatti (Monsieur Homais), Rhys Ifans (Lheureux), Logan Marshall-Green (le marquis d’Andervilliers), Laura Carmichael (Henriette), Luke Tittensor (Hippolyte), Morfydd Clark (Camille). 1h58.

Emma, dans sa belle robe de soie mordorée, court dans un sous-bois de la campagne normande. A bout de souffle, prise de crispations, elle s'écroule tenant à la main un petit flacon de verre vide.

Huit ans plus tôt, Emma Rouault, à peine sortie de l'adolescence, souvent espiègle, suit distraitement les enseignements du couvent. Elle en sort pour épouser Charles Bovary, espérant qu'il sera l'homme de ses rêves. Lors du repas de noces, le père Rouault est plein d'espoir dans la nouvelle vie de sa fille. Emma regrette pourtant que son mari la délaisse pour de dérisoires jeux virils avec les paysans du coin. La première nuit d'amour est vite expédiée par Charles et laisse Emma insatisfaite.

C'est le départ pour Yonville, bourg perdu dans la campagne normande. Henriette, la jeune servante accueille le jeune couple dans une maison froide et austère. Monsieur Lheureux, un habile commerçant vient lui proposer de jolies étoffes qu'elle refuse d'abord. A l'auberge du village, Emma fait la connaissance de monsieur Homais qui la prend tout de suite à partie pour convaincre son amîr d'opérer Hyppolyte de son pied-bot. Emma fait aussi la connaissance de Léon, le romantique clerc de notaire.

Charles se réjouit d’avoir trouvé en elle la compagne parfaite. Emma occupe ses journées à aménager sa nouvelle demeure, dessine, joue du piano et reçoit avec élégance ses invités. Cette vie monochrome auprès d’un époux dénué de tout raffinement est bien loin des fastes et de la passion auxquels pourtant elle aspire. La monotonie de son existence est rompue par sa rencontre avec le marquis d’Andervilliers. Celui-ci, venu faire soigner un domestique, lui propose de participer à une chasse à courre sur ses terres. Emma demande à Lheureux de lui confectionner une couteuse robe d'amazone. Le marquis offre des cigares à Charles qui reste au château et s'empresse de faire chevaucher Emma à ses cotés. Léon se montre pressant et, un soir, lui déclare son amour. Emma le repousse et apprend bientôt que Léon a quitté Yonville pour Rouen. Aux comices agricoles; le marquis tente sans succès de séduire Emma. Emma convainc alors Charles d'opérer Hyppolyte. Alors qu'Homais lit l'article élogieux qu'il s'apprête à publier à Rouen la mère d'Hyppolyte vient se plaindre des souffrances de son fils; En rentrant, Charles admet qu'il faudra sans doute amputer Hyppolyte.

Emma, plus seule que jamais, décide alors de ramener au marquis la boite de cigares qu'avait gardée Charles. Elle court dans la campagne mais, une fois arrivée devant le marquis, n'ose lui offrir que son amitié. Celui ci n'est pas dupe et n'a aucun mal à obtenir la totale soumission d'Emma. Pendant quelques semaines, ceux-ci goutent aux joies des amours clandestines même si commencent les commérages de Lheureux et de vieilles paysannes croisées en allant au château. Emma veut s'enfuir avec le marquis qui n'accepte que du bout des lèvres. Le soir alors qu'Emma a préparé sa valise et s'apprête à laisser son mari aux bons soins d'Henriette, celle-ci lui apporte une corbeille de fruits. Elle contient un message du marquis. Emma s'écroule en apprenant qu'il ne partira pas avec elle.

Lheureux a trouvé un moyen de sortir Emma de sa léthargie. Il offre au couple Bovary des places pour le concert d'un célèbre ténor dans un château rouannais. Emma et Charles y retrouvent Léon qui a pris de l'assurance. Il supplie Emma de rester jusqu'au lendemain à Rouen. Charles n'y voit pas malice et rentre seul à Yonville. La nuit, Emma écrit un mot de rupture à Léon. Elle le lui porte le lendemain matin  à la cathédrale où ils s'étaient donnés rendez-vous. Dans la calèche que Léon a arrêtée pour rentrer, il déchire ce mot et embrasse Emma. Dans la chambre de Léon, ils font l'amour passionnément. Emma décide de retrouver souvent Léon grâce à la diligence qui relie Yonville à Rouen. Lheureux se fait portant de plus en plus pressant et exige qu'elle se fasse donner procuration sur l'héritage que son mari vient d'obtenir suite au décès de son père. Âpres quelques semaines de passion, Emma se fait de plus en plus envahissante aupres de Léon. Elle espère qu'il lui prêtera de l'argent et va jusqu'à le compromettre dans son étude. Il refuse de s'enfuir avec Emma. Celle-ci tente vainement de s'offrir à Lheureux qui lui conseille de demander l'argent au marquis qui, lui aussi, refuse. Sans plus d'espoir, Emma trouve dans la sacoche de son mari un flacon de poison qu'elle avale en s'enfuyant dans le sous-bois où elle meurt.

La nuit les habitants de Yonville munis de torches cherchent Emma dans la campagne.

La dernière transposition telle quelle des scènes du roman  à l'écran (la version de Tim Fywell pour la BBC en 2000) durait trois heures. Pour tenir son projet esthétique sans délayer son propos, Sophie Barthes supprime de nombreux épisodes du roman (la vie de Charles avant le mariage puis après la mort de sa femme, l'existence de Berthe);  condense en un seul plusieurs épisodes (la vie à Toast et la vie à Yonville, l'épisode de la calèche de Rouen vite transformé en classique scène de lit, l'attribution à Lheureux de scènes avec Homais ou le notaire Guillaumin) ou personnages (Le marquis d’Andervilliers et Rodolphe ne font plus qu'un). Il ne s'agit pas là d'une condensation paresseuse d'une œuvre littéraire pour l'écran qui ne choisirait que d'illustrer les moments essentiels.

La réalisatrice prend en effet des libertés avec le texte de Flaubert. La narration débute par une séquence de pré-générique sur la mort d'Emma et la suite est alors un long flash-back de sa vie. Le flash-back de Flaubert sur la jeunesse d'Emma est en revanche placé juste après le générique de début. Le célèbre bal de Vaubyessard (1-8) est aussi transformé en chasse à courre. Ces choix, fort peu conventionnels et le respect presque intégral du chapitre 3-7, consacré à l'affolement d'Emma pour trouver l'argent nécessaire aux remboursements des dettes indiquent le commentaire que Sophie Barthes souhaite faire du roman de Flaubert. C'est ce drame d'une femme qui court sans cesse pour échapper à l'ennui et qui s'avère traquée par les hommes qui devinent en elle une proie aussi séduisante que dénuée de défense. En ce sens, le choix de l'énergique et pourtant fragile Mia Wasikowska est convaincant. Ses courses vers la mort (le film se termine sur la répétition de la scène de pré-générique) ou épuisée pour gagner le haut de la colline où se situe la demeure du marquis d’Andervilliers demeurent sans doute les plus belles du film.

Le plan final du village recherchant Emma la nuit remplace la mort crue et terrible de l'héroïne et la douleur de Charles. Cette belle scène de nuit est le linceul qui convient à l'héroïne de Sophie Barthes : dans la mort au moins, personne n'a pu rattraper Emma.

Jean-Luc Lacuve le 15/09/2015

Cette adaptation  fait la part belle aux paysages normands. Les lieux de trournage se situent dans l'Orne : Manoir de la Pellonnière à  Le Pin-la-Garenne, La Perrière (61325), Mortagne-au-Perche, rue des Tailles et Porte Saint-Denis.

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