Arbor, 13 ans, et son meilleur ami habitent un quartier populaire de Bradford, au Nord de l'Angleterre. Un soir alors qu'Arbor est victime d'une de ses crises de nerfs habituelle, son ami Swifty l'emmène avec lui faire un tour sur un cheval emprunté dans un pré. Ils voient des hommes portant l'habit de cheminot arpentant des voies ferrées dérober des fils de cuivre. profitant qu'il doivent se cacher pour échapper aux vrais cheminots arrivés sur les lieux, Arbor vole le butin de cuivre et les deux garçon s'en vont chez Kitten le ferrailleur du coin vendre leur marchandise volée. Kitten s'empresse de récupérer son cheval ; les garçons ignoraient qu'il lui appartenait. Il leur apprend aussi à se méfier du marquage des gaines de cuivre du réseau ferré et leur donne de l'argent pour leur vol.
Arbor est élevé par sa mère qui tente désespérément de le faire aller en classe tout en surveillant la toxicomanie de Martin, le fils ainé. Swifty vit lui dans une nombreuse famille que les voisins dédaignent les insultants sous le nom de romanichels. Mrs. Swift veille pourtant jalousement sur l'éducation de ses enfants alors que son mari tente comme il peut de survivre en vendant le sofa du salon.
Arbor voudrait continuer de gagner de l'argent en récupérant de la ferraille. Sa première tentative avec Swifty où ce qu'ils récupèrent est mis sur une poussette de donne pas grande chose. Il leur faudrait emprunter un cheval tirant eu charrette pour gagner de l'argent. Kitten élève aussi des chevaux et organise de temps à autre des courses de chevaux clandestines. Swifty éprouve une grande tendresse pour les chevaux et a un véritable don pour les diriger, ce qui n'échappe pas au ferrailleur et lorsque son jockey, Daniel perd une course. Il lui propose de prendre sa place.
Swifty est pris à parti par des collégiens qui l'insultent et c'est Arbor qui vient le défendre. Il le fait violemment et est renvoyé du collège alors que Swifty est temporairement exclu. Sur les conseils de sa mère, il vient néanmoins tous les jours mais ne peut résister à la proposition d'Arbor qui vient le chercher dans la cour avec un cheval.
Les premiers jours de ramassages sont très productifs et les garçons gagnent suffisamment d'argent pour qu'Arbor puisse même espérer rembourser les dettes de son frère toxicomane. Il vole même le cuivre de Kitten pour le vendre chez un autre ferrailleur. Il est toutefois repéré par les gens du métier et se fait voler l'argent de la vente tout comme il se fait vertement corriger par Kitten. Celui-ci lui donne une dernière chance : ramener l'énorme câble de cuivre de la centrale nucléaire. Arbor ne parvient pas à pousser le cheval portant la lourde charge bloquant l'accès au câble et c'est Swifty qui lui vient en aide. Mais celui-ci agit trop précipitamment et meurt électrocuté.
Désespéré, Arbor s'en va accuser Kitten qui accepte sa responsabilité quand la police vient l'arrêter. Arbor sollicite le pardon de Mrs. Swift en se postant jours et nuits devant chez elle. Alors qu'il refuse de s'alimenter, Mrs. Swift vient le voir. Il se jete dans ses bras. Ayant compris que sa vie ne pourra passer qu'en assumant une part de la vie de swifty, il apprend à gagner la confiance des chevaux.
Au premier plan, descendant du ciel étoilé pour saisir les chevaux calmes dans le pré, succedera celui d'Arbor frappant à n'en plus finir le sommier de son lit sous lequel il s'est réfugié. Plus tard, un plan saisira des moutons devant les tours de refroidissement de la centrale nucléaire puis, vers la fin du film, un long plan s'attardera sur des pylônes au soleil couchant. Ces plans baroques qui servent de respiration entre les étapes du drame marquent la volonté de Clio Barnard d'échapper au réalisme social et viennent résonner avec le conte pour enfant dont le film s'inspire. Le géant égoïste est en effet d'abord un conte d'Oscar Wilde publié dans le recueil Le fantôme de Canterville et autres nouvelles en 1887.
Mais pour convoquer un drame baroque avec une morale lisible, il aurait fallu que le géant Kitten soit un représentant de l'ordre capitaliste. Certes, ici il entraine Arbor sur la mauvaise voie du vol mais celui-ci a déjà été banni de l'école et d'un milieu qui aurait pu le protéger. Passe encore que le géant, comme chez Oscar Wilde, comprenne sa faute et regrette son comportement fermé à la souffrance des enfants mais la conversion d'Arbor en gentil garçon ne convainc pas.
La thématique du cheval est aussi plus illustrative que lisible ; la course de chevaux, la transformation de Swifty en jockey de courses clandestines sont une sorte de film dans le film qui n'apporte rien vis à vis de la gentillesse de Swifty, manifestée plusieurs déjà fois.
Clio Bernard ne semble ainsi pas vouloir choisir entre le réalisme social, esprit baroque, le drame de l'enfance et le drame social si bien que le film vaut surtout pour son aspect documentaire : la description des deux familles ou des comportements incontrôlables d'Arbor en classe. Laisser espérer qu'un espoir de rédemption est possible édulcore passablement le constat social dressé par le film.
Jean-Luc Lacuve le 25/12/2013
(The Selfish Giant). Avec : Conner Chapman (Arbor), Shaun Thomas (Swifty), Ralph Ineson (Johnny Jones), Ian Burfield (Mick Brazil), Sean Gilder (Kitten), Siobhan Finneran (Mrs. Swift), Lorraine Ashbourne (Mary), Elliott Tittensor (Martin Fenton), Rebecca Manley (Michelle 'Shelly' Fenton). 1h31.