Dans la petite ville d'Anaconda, dans le Montana au Nord-Ouest des États-Unis, Mickey Peck, une adolescente a la lourde responsabilité de s'occuper de son père, un vétéran accro aux opiacés. Ce matin là, deux adjoints du shérif frappent à la porte de leur baraque et demandent à Mickey de venir chercher son père au poste de police où il est resté en cellule de dégrisement pour la nuit. Tous sont gentils avec Mickey sachant qu'elle seule peut contrôler son père revenu de la guerre doublement traumatisé par les combats et la mort de sa femme.
Mickey souhaite obtenir plus d'opiacés auprès de la doctoresse qui l'incite à vivre sa vie et abandonner son père dans un centre de soins pour Marines en état post-traumatique. Mais Mickey aime son père qui peut souvent se montrer attentionné avant que tout ne dérape parce qu'on lui refuse sa carte bleu périmée. L'armée pourrait être l'occasion pour elle de quitter Anaconda, ce que ne comprend pas son petit ami, Aron, qui va reprendre la garage de son père et souhaite épouser Mickey. Mais Aron est souvent trop inconséquent. Il vole un flacon d'opiacé obligeant Mickey à faire une fausse ordonnance. Puéril, il ne suscite aucun désir chez Mickey, surtout lorsqu'il tente de la forcer.
Un nouvel étudiant arrive au lycée, passionné de photographie qui partage avec Mickey, le désir de s'inscrire dans une université de l'est. Mickey voudrait utiliser l'argent de l'héritage de sa mère pour s'inscrire en faculté mais découvre que son père a déjà tout dépensé sans lui réserver sa part. Effondrée, en colère elle irait jusqu'à se résigner lorsqu'un soir son père, saoul, se montre beaucoup trop entreprenant. Mickey s'en va.
Ce premier long-métrage d'une réalisatrice américaine de 25 ans déploie le parcours d'une héroïne qui finit par trouver une porte de sortie dans un monde dominé par des valeurs de virilité qui font peu de cas de la responsabilité et de la force et de la continuité des sentiments.
Face à toutes ces brutalités, Mickey n'abdique jamais faisant toujours passer ce qu'elle estime être son devoir au premier plan tout en maintenant ses désirs d'émancipation. Pour lui laisser la porte toujours ouverte sur l'avenir et ainsi échapper à tout misérabilisme, la réalisatrice sait capter les désirs de son héroïne sans ostentations mais avec, comme elle, la même obstination, par un regard, un geste bien fait au travail, l'écoute du photographe...
Le film s'inscrit ainsi dans la trace de ces héroïnes du quotidien américain, éloignées des grandes métropoles, ouverte par les films de Debra Granik, Winter's Bone (2010) puis Leave no trace (2018) et que l'on trouve aussi dans Bull (Annie Silverstein, 2019).