On a retrouvé dans les environs de Desert Rock le cadavre horriblement déformé d'Eric Jacobs, l'assistant du professeur Deemer. Le docteur Matt Hastings diagnostique un cas très rare d'acromégalie.
Paul Lund, le second assistant de Deemer, lui aussi malade, attaque le professeur et provoque l'incendie du laboratoire avant de mourir. Deemer explique à Matt Hastings et à Stéphanie Clayton, jeune étudiante venue le seconder, le but de ses recherches: il vient de mettre au point un aliment synthétique d'une grande valeur nutritive. Mais cet aliment à base d'isotopes radioactifs, s'il développe considérablement les espèces animales, provoque l'acromégalie chez l'homme.
Dans la région, on commence à trouver des carcasses d'animaux dont les chairs ont été méthodiquement dévorées, et sur les lieux, de grandes flaques de venin d'insecte. Il s'agit de l'un des animaux du professeur Deemer, une gigantesque tarentule qui s'est évadée lors de l'incendie du laboratoire.
Démesurément grandie, la tarentule écrase la maison du professeur. Elle sera finalement détruite au napalm par quatre avions militaires venus de Phnix tandis qu'elle approche de Desert Rock.
Réalisé en 1955, Tarantula est une pure retranscription des peurs de l'époque (guerre froide et la peur d'une guerre nucléaire). Dans le film, la tarentule géante est une représentation de ces deux peurs. De part le fait de sa grande taille, nous pouvons voir qu'elle apparaît comme une sorte de fléau qui viendrait s'abattre sur la petite ville de " Désert Rock " et inconsciemment sur l'Amérique toute entière.
Description de deux univers
Au fur et à mesure que le film avance, nous remarquons de façon
évidente que le film est divisé en deux univers bien distincts.
D'un côté nous avons l'univers de la ville qui est signe de modernité
avec ses lignes de téléphones, ses commerces. Puis de l'autre
côté nous avons l'univers de la tarentule qui représente
toutes les facettes négatives du microcosme décrit ci-dessus.
Cet insecte représente le côté animal, prédateur
de l'homme tel qu'il avait pu l'être lors de sa création. Cela
reviendrait à dire que l'Homme, dans le film, représente la
modernité et que l'araignée représente le côté
obscure et sombre de l'Homme. La tarentule peut être vue également
comme une sorte de rappel à l'ordre vis-à-vis de la race humaine
et en lui rappelant ses réelles origines. Jack Arnold ne décrit
pas un univers de la ville étouffant mais se sert de cette dernière
pour rappeler au spectateur que l'être humain, au fil de son évolution,
oublie peu à peu ses origines. Dire que la tarentule représente
les instincts premiers de l'Homme cela reviendrait à dire qu'elle représente
par la même occasion le côté archaïque de l'être
humain. Durant le film, après la découverte de l'animal, les
humains vont tenter de détruire l'animal car cette dernière
représente certes une menace pour l'humanité mais également
pour eux-mêmes. Elle est en effet signe de régression pour la
race humaine. Mais en détruisant la tarentule, les humains arrivent
à détruire une partie d'eux-mêmes.
Le fantastique dans le film de Jack Arnold
Généralement dans un film dit fantastique, les scènes
d'exposition ont une grande importance puisqu'elles permettent de bien décrire
l'univers décrit pour ensuite introduire l'élément fantastique
au sein du film. Or dans le film d'Arnold, l'élément fantastique
apparaît dès l'ouverture avec cet être humain défiguré
errant dans le désert qui finit sa route allongée dans le désert.
Ce qui est intéressant ce que Jack Arnold n'a pas pris soin dès
le début de son film de bien décrire l'univers dans lequel allez
se dérouler le film. Il a préféré introduire un
élément fantastique dès l'ouverture du film ce qui plonge
le spectateur directement dans le vif du sujet. Cependant après cet
courte scène d'introduction, le réalisateur prend le soin de
nous décrire la ville puis le laboratoire du professeur Deemer. Ce
n'est qu'en pénétrant dans le laboratoire du professeur avec
ses animaux géants que le fantastique pénètre dans l'univers
de la réalité. Un simple mouvement de caméra (ici un
simple panotage droite gauche) plonge le spectateur du réel au fantastique).
L'incursion du fantastique dans le réel est encore plus marquant lorsque
le spectateur remarque que l'araignée à réussit à
s'échapper du laboratoire pour aller dans le désert. A ce moment
précis, l'élément fantastique est bel est bien ancré
dans le film.
A la fin d'un film fantastique, l'élément fantastique est détruit
pour que l'univers " réel " puisse reprendre son cours. L'élément
fantastique est comme une piqûre de rappel des maux de la société
contemporaine.
L'Histoire dans l'histoire
Le film de Jack Arnold sort en salle en 1955 en pleine période de la guerre froide. Comme il a été souligné lors de la première partie, la tarentule représente la peur d'une guerre nucléaire mais elle représente une peur " rouge ". En 1955, cela fait à peine un an que la chasse aux sorcières a cessé aux Etats-Unis cependant nous pourrions voir dans le film d'Arnold une représentation de cette peur communiste. L'araignée serait une parfaite représentation de cette peur. Au vue de sa taille et de son pouvoir destructeur elle représente bien la représentation de ce que nous pouvions nous faire des communistes de l'époques : des êtres qui contaminent et qui ont l'intention de détruire et qui veulent s'accaparer la nation toute entière. Dans son autre film " Le météore de la nuit " réalisé en 1953, Jack Arnold décrivait déjà la peur de cette envahisseur (dans le film un extra-terrestre) qui arrivait à contaminé les êtres humains pour prendre leurs formes. Nous avions donc ici les mêmes enjeux descriptifs que dans " Tarantula ".
Si le film d'Arnold est représentatif des peurs de l'époque, il peut-être vu comme un film en avance sur son temps. Lors de la séquence de fin, l'araignée se fait détruire par l'aéroportée qui lui lance du napalm. Nous pourrions voir dans cette séquence, les faits qui vont se dérouler au Vietnam lors de l'incursion américaine sur le territoire Vietnamien notamment lors de leurs opérations de nettoyage de villages au napalm.
Anthony Boscher, le 02/11/2007
Editeur : Bach Films. Version originale anglaise sous-titrée en français. Son : Mono. |
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Supplément : Entretien avec Jean-François Rauger, Cinémathèque Française. |