Dans les champs de bataille

2004

(Maarek Hob) Avec : Marianne Feghali (Lina), Rawia Elchab (Sihab), Laudi Arbid (Yvonne, la tante), Aouni Kawas (Fouad, le père) Carmen Lebbos (Thérèse, la mère), Danielle Arbid (la jeune femme dans la voiture). 1h30.

Beyrouth, 1983. La vie secrète de Lina, douze ans, tourne autour de Siham, la bonne de sa tante, de six ans son aînée. La petite cautionne les amours clandestins de la grande et défend ses intérêts.

Mais Lina passe inaperçue aux yeux de Siham et d'ailleurs aux yeux de sa famille, notamment du père : destructeur et flambeur.

Lorsque Siham s'apprête à s'enfuir avec l'homme qu'elle aime, Lina ne trouve que la trahison comme seul moyen de la retenir.

A la fin de l'été, le père meurt, probablement exécuté par les hommes auxquels il devait de l'argent et Siham s'enfuit laissant Lina seule, restant prisonnière de Beyrouth.

Lina c'est Danielle Arbid comme Antoine Doinel était François Truffaut. Comme lui, la réalisatrice déclare avoir reconstruit certaines situations dont elle ne se souvient plus très bien. Ces situations, peut-être un peu brodées, elle les revendique toutefois comme de vrais souvenirs. Comme Truffaut enfin, ses rapports avec ses parents sont moins des règlements de compte qu'une tentative de mise à plat des forces du passé et, pourquoi pas, une certaine façon de leur rendre hommage pour l'énergie acquise.

Danielle Arbid doit pourtant moins à l'auteur des 400 coups qu'à celui de L'Eclipse auquel les plans larges successifs sur Beyrouth de la fin du film sont un hommage revendiqué.

Dans les camps de bataille est construit au plus près de l'imaginaire de Lina avec des plans serrés sur elle et sur son champ de vision réduit (on ne voit pas les bombes), on reste enfermés dans l'immeuble. La majorité des plans larges sont ceux des intérieurs de sa tante ou de chez elle.

Les premiers plans larges d'extérieur, lorsqu'elle va chercher son père à la salle de jeu, cadrent des miliciens arrêtant des automobiles dont elle préfère s'éloigner parce qu'ils lui font peur. Ainsi, par contraste avec la prédominance des plans serrés, les plans larges de la fin marquent-ils une forme de prise de conscience : Siham va vivre libre, alors qu'elle reste enfermée.

Dans les champs de bataille est ainsi un drame de l'adolescence avec ses trois composantes : révolte (tout commence lorsque Lina tire la nappe lors du repas) avec rejet de la famille (elle ne pleure jamais comme sa mère ou ne s'agite inconsidérément comme son père), découverte de la sexualité (plans serrés très réussis sur la peau, le soleil, la mer, les vêtements qui glissent…) et découverte de sa voie personnelle (Lina finira probablement par trouver son destin et le sens moral dont l'enfance n'a pas besoin).

critique du DVD
Editeur : Mk2. Mai 2008. 2DVD.
DVD Dans les champs de Bataille et Un homme perdu de Danielle Arbid