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Tokyo Park

2011

(Tokyo Kouen). Avec : Haruma Miura (Koji), Nana Eikura, Manami Konishi, Haruka Igawa. 1h59.

Takashi Hatsushima, dentiste affairé entouré de secrétaires attentionnées, sort de son cabinet médical. Koji, dans un parc, demande aux promeneurs s'il peut les prendre en photo. Le dentiste qui l'a vu aussi prendre des photos sans permission, le sermonne puis lui propose 20 000 yen par jour pour photographier justement cette femme qu'il vient de prendre en photo. Lorsque Koji essaie d'en savoir plus, il concède qu'il s'agit d'une histoire d'adultère

Koji rentre chez lui où croise son colocataire, Hiro, un peu blafard. Il part pour son travail, serveur dans un restaurant dont le patron, gay décomplexé, est assez paternel envers lui. Il y croise Miyu, son amie d'enfance, un brin excentrique, qui semble très intéressée par lui. Il y rencontre aussi sa belle sœur, Misaki, très belle et un peu plus âgée que lui, qui exerce une forte influence sur le garçon.

Miyu vient manger plusieurs fois chez Koji. Miyu est très joviale, adore manger des choses étranges et s'endort sans prévenir sur le sol. Ensemble ils regardent des films de zombie pour aider Miyu à voir Hiro, son ancien petit ami décédé, comme il apparait à Koji sous la forme d'un fantôme.

Dans les parcs successifs où elle se promène, la femme du dentiste semble apercevoir Koji qui la photographie.

Un jour, son père -qui habite sur une île non loin - appelle Koji parce que sa belle-mère a eu un accident cardiaque. Lors d'une promenade sur l'île, Misaki pleure face à la mer. Le soir, Koji lui parle de la femme qu'il photographie. Misaki est persuadée que celle-ci joue avec lui et ne trouve pas ça convenable pour une femme "du même âge qu'elle".

Lorsque Koji rentre, Miyu lui apprends que Misaki l'aime depuis toujours, ce dont il ne revient pas. Il va chercher conseil près du patron du restaurant qui lui explique que même si parfois des histoires d'amour semblent impossibles, elles n'en sont que plus fortes. Lui-même, bien que gay, a demandé une femme en mariage avec laquelle il a très immensément heureux.

Koji parle de la femme du dentiste à Miyu, qui lui dit qu'il est stupide de l'avoir dit à Misaki, arguant que c'est cela qui l'a empêchée de saisir l'occasion de lui avouer ses sentiments sur l'île.

Miyu et Koji remarquent que la femme du dentiste se promène de parcs en parcs en formant une spirale qui s'élargit.

Koji va rendre visite à sa belle-sœur. Ils s'embrassent mais se quittent en sachant que leur histoire n'a pas d'avenir. Koji envoie un sms à Hatsuyama pour lui dire qu'il refuse de continuer à photographier sa femme, mais retourne dans le dernier parc où elle s'est rendue. Là, il croise le dentiste, complètement saoul, qui l'accuse d'avoir séduit sa femme tout en se traitant lui même de minable. Koji essaie de le raisonner et lui parle de la spirale. Hatsuyama éclate de rire et raconte que leur histoire d'amour a commencé avec un fossile d'ammonite, dont la coquille forme une spirale. Sa femme, qui lui envoyait chaque jour un message pour l'informer du parc où elle se rendait, semblait vouloir lui adresser un message subliminal. Le dentiste et sa femme, se prennent en photo "pour mieux se voir" avec l'appareil que leur a donné Koji.

Le soir Miyu sonne chez Koji et le supplie de la laisser habiter chez lui, parce qu'elle se sent seule et n'arrive plus à surmonter la mort de Hiro. Lorsque Koji accepte, le fantôme disparaît.

Shinji Aoyama fait ses débuts comme réalisateur en 1995 mais c'est son cinquième film, Eureka, sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes en 2000, qui le révèle au grand public international. Le film revendique sa radicalité : 3h37 durant, le film suit, dans un somptueux noir et blanc en Scope, une poignée de personnages qui tentent de renaître à la vie après le traumatisme d'une prise d'otages. Unanimement salué, le film obtient le Prix de la critique internationale et celui du Jury œcuménique. Depuis, le cinéaste s'était fait hélas trop discret. En 2001 l'attribution du Léopard d'Or spécial du Festival de Locarno pour Tokyo Park et pour l'ensemble de sa carrière remet Shinji Aoyama au cœur de la cinéphilie internationale.

Tokyo park entremêle trois formes d'initiation amoureuse, celle opaque de Koji, douloureuse de Miyu et celle d'une douceur subliminale de la femme du dentiste. Chacune donne lieu à des systèmes de signes différents qu'Aoyama propose au déchiffrement du spectateur.

Le film ne suit pas vraiment le regard de Koji qui semble plutôt, "entourer ses sujets avec chaleur". C'est ainsi que Hatsushima décrit les photographies de Koji. Celui-ci, à l'écoute de la nouveauté et des autres passe, de l'argentique au numérique, du noir et blanc à la couleur comme il découvre plusieurs façon d'aimer et d'être aimé

Si la photographie est associée au personnage de Koji, la musique, parfois très forte est associée à Miyu dont la détresse refoulée n'éclate qu'à la fin. Alors que la vie de Koji semble être une étendue d'eau plate à peine parcourue d'un frissonnement, la détresse de Miyu suscite la scène assez délirante du film de zombie. La présence du fantôme de Hiro (inventée, par rapport au livre), semble alors redoubler le sens du film : la vie est capable de s'agiter sans prévenir.

Le mystère de la femme du dentiste, une génération avant celle de Koji et Miyu, renvoie à l'archéologie, celle de l'ammonite aussi bien que celle de sa relation amoureuse avec son mari.

Tokyo park est un drame de l'adolescence à la fois simple dans son parcours d'initiation amoureuse et ample par les interactions entre personnages et le recours aux différentes formes d'arts associés à chacun d'eux.

Meredith Lacuve le 07/07/2012.

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