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Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier
Pepi,
jeune fille indépendante et moderne, vit seule dans son appartement
de Madrid. Elle cultive de la marijuana sur son balcon, ce qui éveille
l'attention de l'un de ses voisins, un policier, qui habite l'immeuble d'en
face. Un beau matin, il vient perquisitionner. En échange de son silence,
Pepi offre ses charmes au représentant de l'ordre, à la seule
condition qu'il respecte sa virginité. Le policier ne la croit pas
et la viole.
Pepi veut sa vengeance. Elle demande de l'aide à Bom, son amie punk, qui chante avec le groupe des Bomitoni. Un soir, ils rossent le policier dans la rue. Mais ils s'aperçoivent un peu tard qu'il s'agit en fait de son frère jumeau. Pepi se lie alors d'amitié avec Luci, l'épouse du policier. La première apprend le tricot, tandis que la seconde fait la connaissance de Bom et découvre une autre vie. Entre Luci et Bom, c'est la parfaite entente. L'une est masochiste, la seconde est sadique.
Au cours des soirées décadentes, où se côtoient homosexuels, travestis, punks et femme à barbe, Pepi oublie un peu de sa rancœur, mais son père ne tarde pas à lui couper les vivres. Elle trouve un travail de concepteur dans la publicité, où son imagination débordante fait des miracles. Luci quitte son mari pour vivre avec Bom. Pepi désire réaliser un film en vidéo sur l'histoire de ses deux amies. Dans une discothèque, elles font la connaissance d'une nouvelle, une "Dame aux Camélias".
Luci s'absente de l'établissement pour quelques instants. Dehors, son mari l'attend : il la roue de coups, et elle doit être hospitalisée. Inquiètes de son absence et du manque de nouvelles, Pepi et Bom retrouvent sa trace et viennent lui rendre visite. Luci s'est réconciliée avec son époux, au grand désespoir de ses amies qui, une fois leur déception passée, partiront bras dessus, bras dessous, vers de nouvelles aventures
Tourné
en 1979, le film appartient moins à la période dite de transition,
entre la mort de Franco en 1975 qui emporte la dictature avec lui et l'attente
de la démocratie qu'à la Movida qui lui succède.
Le film est certes un commentaire de son temps. Le policier qui s'emporte contre la démocratie est typique des nostalgiques du franquisme. Mais le film est surtout le reflet de son époque où tout est permis : relations sado-masochistes entre Lucie et son mari ("Je me suis mariée avec un policier pour qu'il me maltraite… quelle erreur : il me traite comme sa mère") ou entre Bom et Luci (la première urine en gros plan sur la seconde) ou la drogue avec, comme premier plan du film, le plan de cannabis sur le balcon de Pepi.
C'est la movida, phénomène socioculturel sans gourou ni manifeste, jeune, urbain, iconoclaste, sans tabou, prônant sexe, drogue, effervescence, invention et liberté, en réaction à la dictature.
Almodovar avait rencontré Carmen Maura, alors un peu plus connue que lui, sorte de star de l'underground et participé à sa troupe de théâtre, Los goliardos. Almodovar a le lien social très facile. Il rencontre des peintres, des illustrateurs dont Ceesepe qui fera les cartons d'intertitre de son film et des affiches pour lui, Javier Mariscal et d'autres groupes de rock : Alaska Y los pagamoides, radio futura.
Almodovar adapte une histoire qu'il avait d'abord prévu pour un roman photo. Carmen Maura convainc Félix Rotaeta, qui joue le policier et son frère jumeau de mettre de l'argent et Almodovar organise une collecte lors de ses soirées où il projette ses films en super8. Le tournage prend un an et demi. Almodovar tourne le week-end. Le film est projeté pour la première fois le 27 octobre 1980 à Madrid.
Almodovar y développe ce qui sera une constante dans ses films à venir : les amitiés et vies amoureuses féminines, le monde urbain, le mauvais goût kitsch, le collage : tenues, costumes. Tout mettre au même niveau, les films : Superman, Fenêtre sur cour, La chatte sur un toit brûlant comme la zarzuela.
Le film est emporté par cette invention constante où les styles se superposent les uns aux autres dans un kitsch permanent. Ainsi après le viol stylisé où Pepi minaude comme une adolescente, elle se transforme en vamp vengeresse. Ainsi des dialogues :
- "'Tu seras battue, et tu jouiras salope, cochonne"
- "Je mouille rien que d'y penser"
- "T'as de la veine ma chienne"
- "La quarantaine molle comme je les aime"
- "Profites en, monte lui dessus"
Mais Almodovar prend aussi le temps de faire entendre la minute trente de la chanson du groupe de Bom ou de jouer le maître de cérémonie dans une séquence où il mesure la plus grosse queue (longueur par la grosseur) après des résultats modestes : 18x6 15 x5 16,5x6, c'est Muncho qui avec 20X9 décroche le droit de faire ce qu'il veut avec qui il veut...
Jean-Luc Lacuve, le 28/07/2008
Source : Emmanuel Vincenot, historien du cinéma espagnol, sur le DVD ci-dessous :
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Editeur : Bac Films. Août 2008.
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Suppléments:
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