Vicky et Cristina sont d’excellentes amies, avec des visions diamétralement opposées de l’amour : la première est une femme de raison, fiancée à un jeune homme respectable ; la seconde, une créature d’instincts, dénuée d’inhibitions et perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences sexuelles et passionnelles. Lorsque Judy et Mark, deux lointains parents de Vicky, offrent de les accueillir pour l’été à Barcelone, les deux amies acceptent avec joie...
Comme Comédie érotique d'une nuit d'été ou Tout le monde dit I love you, Vicky Cristina Barcelona fait partie des pures comédies de Woody Allen, sans une pincée de film noir ou une dose de conflit psychanalytique à résoudre. On y trouve certes une arme à feu, la mention d'un psychanalyste, une femme déjantée et la possibilité d'un drame pour Vicky mais ce ne sont que des ingrédients parmi d'autres pour cette comédie qui, comme une histoire d'amour, doit savoir les doser pour être réussie.Le film s'en tient pourtant un peu trop à sa recette, c'est à dire à son programme. Doit-on parler de Barcelone ? Alors sont évoqués les monuments les plus emblématiques : La Sagrada Familia, le parc Guell, la casa Mila . Doit-on évoquer une histoire d'amour ? Alors, on s'en tient au programme fixé par Juan Antonio lors de sa proposition initiale.
En effet, une fois qu'il a séduit l'une et l'autre des jeunes femmes, le film est terminé. Juan Antonio est si séduisant qu'il n'y a aucune raison que Vicky, Christina ou Maria Elena ne cherchent pas à rester avec lui. Aucun des autres hommes (burlesquement chargés avec leurs conversations stéréotypées sur les bienfaits du toujours branché d'Internet) mais surtout des femmes ne fait contre-poid. Passe encore pour Pénélope Cruz, pas mal dans le burlesque ou pour Rebecca Hall qui s'inscrit dans la lignée des jeunes femmes bien élevées et fragiles qu'aimait tant Woody. Mais c'est le personnage de Christina qui pêche le plus. Elle n'est définie que par sa volonté de ne pas s'ennuyer et quelques maigres talents de photographe laborieusement acquis (elle se penche bien pour prendre des photos et compare gentiment deux tirages). C'est bien peu. Comme si Allen ne savait plus bien quoi faire de Scarlett Johansson.
Restent quelques bonnes scènes : l'apparition en chemise rouge de Juan Antonio, sa proposition de voyage sexuel, Oviedo avec sa guitare espagnole, la rencontre avec le père (moins réussie évidemment que la rencontre avec la grand-mère dans Elle et Lui), l'appel téléphonique au restaurant et les contrechamps en fondu des baisers.
Tout ça pour un été un peu plus troublant que les autres, une sorte de Chambre avec vue (James Ivory) pour vacances d'été. Sans travail scénaristique ou de mise en scène tout redevient comme avant. C'est triste, mais c'est Woody qui le veut bien.
Jean-Luc Lacuve le 23/10/2008