Ancien taulard, Ray Winkler a conçu un plan génial : s'installer dans une boutique proche d'une banque pour creuser un tunnel jusqu'à la salle des coffres. Il se fera aider par Denny, Tommy et Benny - des bons à rien selon sa femme Frenchy. Mais Ray est le boss et Frenchy l'aime. Alors, on passe à l'action. Frenchy tient la boutique, cuisine et vend des cookies tandis qu'au sous-sol Ray et ses acolytes creusent. En haut, la foule se presse car les cookies sont fameux, et il faut embaucher May, une cousine de Frenchy un brin demeurée. En bas, Ray dirige les opérations, s'oriente sur une carte lue à l'envers et le tunnel débouche enfin dans une boutique de vêtements. Ken, un flic, est là qui attend, revolver au poing. Mais il se taira en échange d'une association avec Frenchy, dont les cookies constituent une mine d'or.
Un an après, en effet, "Sunset Cookies" est devenue un géant de l'alimentation. Frenchy est propriétaire et Ray directeur de l'entreprise dont les produits inondent le pays. Tommy préside le conseil d'administration, Denny est en charge du marketing et May des relations publiques. Benny s'occupe de la logistique et Ken, évidemment, de la sécurité. L'argent coule à flots et l'équipe dirigeante se la coule douce.
Frenchy veut se lancer dans la haute société new-yorkaise. Ray, lui, préférerait se dorer au soleil de la Floride, regarder la télé en mangeant des cheese burgers, jouer au poker. Le luxueux appartement du couple, décoré avec un mauvais goût de parvenus, suscite les sarcasmes des invités aux soirées mondaines organisées par une Frenchy qui multiplie bourdes et pataquesses. Consciente de ses insuffisances, elle engage l'élégant David Bunt en qualité de professeur de bonnes manières et de guide culturel. Soirées théâtrales, concerts classiques et musées occupent les loisirs que lui laisse la lecture du dictionnaire. Ray, quant à lui, se trouve bientôt culturellement dépassé par sa moitié. Le couple se disloque ; une idylle se noue entre Frenchy et David, qui flaire la bonne affaire. Ray se console en compagnie de May : elle, au moins, partage ses goûts simples. Il songe même à reprendre du service avec pour objectif un collier fabuleux, celui de Chi Chi Potter qui les a invités, lui et May, à une réception.
En voyage à Venise avec David, Frenchy apprend qu'elle est ruinée : ses comptables l'ont escroquée. À leur retour à New York, David la plaque. N'écoutant que son amour, Ray vole à son secours. N'a t-il pas dérobé le collier de Chi Chi tandis que May - draguée par George Blint, un veuf - faisait le guet ? Et, malin, il a déposé dans le coffre une imitation du bijou. Frenchy lui rit au nez : dans sa hâte, c'est l'original qu'il a laissé chez Chi Chi ! Mais Frenchy les tirera de ce mauvais pas : elle a en effet récupéré le porte-cigarettes en or du duc de Windsor qu'elle avait offert à David.
Jacques Morice pour Télérama : "Quid de l'intello bourgeois new-yorkais ? Woody Allen a rangé tout ça au fond du placard pour se lancer dans la fabrication de cookies. Avec ce film, Allen abandonne sa mise en boite de la bourgeoisie new-yorkaise pour s'attacher à la plèbe et au mauvais genre.
Les vingt premières minutes sur la catastrophe annoncée du cambriolage qui vire au triomphe inespéré sont les plus drôles. Un second film commence ensuite sur l'opulence pharaonique des nouveaux nababs du cookie. Les Winkler pataugent dans le mauvais goût. Mauvais goût bien relatif car on est toujours le ringard de quelqu'un. Escrocs mais pas trop c'est parfois Le goût des autres à l'américaine. En résolument plus farceur et moins socioculturel. Rien de meilleur qu'un bon cheeseburger et un film de Walsh à la TV: entre la culture noble et la culture basse, Ray choist la seconde et Allen aussi pour une fois. "