Talk radio

1988

(Conversations nocturnes). Avec : Eric Bogosian (Barry Champlain), Ellen Greene (Ellen, l'ex-femme de Barry), Leslie Hope (Laura, le producteur de Barry), John C. McGinley (Stu, le DJ de Barry), Alec Baldwin (Dan, le patron de KGAB Radio), John Pankow (Dietz). 1h50.

Champlain anime une émission à succès, La nuit écoute sur KGAB, une radio locale de Dallas. Cynique, cru, méchant, il provoque les noctambules qui l’appellent et lui livrent des récits souvent sinistres. Alors que l’émission doit désormais être diffusée à l’échelle nationale, Barry voit son ex-femme revenir à Dallas et les menaces antisémites à son égard se multiplier. Pris dans une surenchère de violence verbale, il s’isole dans la mégalomanie et l’angoisse…

Oliver Stone doit attendre un an pour que Tom Cruise soit libre pour jouer dans Né un quatre juillet. Il est aussi à la recherche d'une reconnaissance artistique après Wall street, succès populaire mais peu apprécié de la critique. Eric Bogosian, est l'auteur et l'interprète d'un monologue en un acte de moins d'une heure avec John McGinley, qui avait joué dans Platoon, et Michael Wincott. Stone propose à Bogosian d'intégrer au scenario "Talked to death", la biographie d'Alan Berg (1934-1984), animateur radio assassiné par un groupe d'extrême droite. Certes, l'animateur est un gauchiste à Denver, ville à tendance fasciste. Mais il illustre, lui aussi, le phénomène nouveau des radios libres où les auditeurs expriment leur haine et leur colère.

Le protagoniste parle seul pendant une heure et demie. Des flashes-back sont ajoutés pour préciser d'où il vient. C'est un vendeur de vêtements comme Alan Berg. Sont intercalés la séquence de la salle de sport avec le match de basket, la séquence dans un parc un jour avec sa femme et plusieurs scènes dans son appartement avec sa productrice. Le film est réalisé en cinq à six semaine à Dallas car le Texas autorise la non affiliation à un syndicat

Station reconstruite en studio, belle et parfaite. Dolly très mobile avec de très gros plans de micros, de lèvres, de cadrans. Tamiser la lumière pour faire disparaitre un reflet dans la vitre. Eric Bogosian est sanglé avec la Dolly et le plateau tourne pour une valse dans le studio. Premier emploi de la steadycam. Une quinzaine de voix hors caméra qui doivent être reconnaissables

Performance écrite par un comédien, qui comme l'animateur, a un égo démesurément développé et vulnérable. Barry Champlain tente de retrouver les sentiments qu'il avait pour sa femme mais, de fragile et vulnérable, pas à l'aise avec les autres, il devient monstrueux. Il veut s'attaquer au monde entier sans distance. Le pouvoir médiatique s'en sert pour enflammer la colère à l'antenne de gens haineux, tarés, raté. Le concept de vedettariat change. Barry Champlain devient excessivement célèbre pour des gens haineux. Il est à l'origine d'un tourbillon de colère, attisé par ses patrons, qui l'emporte. Il ne s'agit pas de conspiration mais du sacrifice presque consenti des nouvelles vedettes des médias dont le pouvoir est de plus en plus corrupteur.

Le film sort dans la période des fêtes de fin d'années 1988. C'est un échec commercial. Il remporte ensuite l'Ours d'argent à Berlin en 1989 et le prix d'interprétation.

Test du DVD

Editeur : Carlotta-Films. Janvier 2012. Nouveau master restauré haute définition. Dolby surround. Durée du Film : 1h44. 15 €.

Filmer la colère : Oliver Stone sur Talk radio (27 mn). Plus de 20 ans après, Oliver Stone se remémore l’un de ses films les plus insolites : la rage, la colère d’un homme derrière son microphone, sujet si peu cinématographique pourtant réalisé avec brio.