Train de luxe

1934

(Twentieth Century). Avec : John Barrymore (Jaffe), Carole Lombard (Lily Garland), Walter Connolly (Webb), Roscoe Karns (Owen), Ralph Forbes (George Smith), Dale Fuller (Sadie). 1h30.

Metteur en scène à Broadway, le cabotin Oscar Jaffe règne sur sa troupe en despote. Pour hâter la transformation en tragédienne de Lily Garland, ex-mannequin, il n'hésite pas, lorsque la situation l'exige, à planter une épingle dans les fesses de sa protégée, lui arrachant ainsi un authentique cri de douleur ! Devenue vedette, Lily, trois années durant, n'en reste pas moins la "chose", propriété exclusive, actrice et femme, de son Pygmalion d'Oscar; lorsqu'elle se risque à revendiquer un rien d'autonomie, celui-ci menace de se jeter par la fenêtre !

Mais l'esclave, un jour, secoue le joug du tyran et file à Hollywood où la gloire l'attend. Dépité, Jaffe met en scène "Jeanne d'Arc" avec une inconnue dans le rôle titre et essuie un cuisant échec. Poursuivi par ses créanciers, il se réfugie dans le "Twentieth Century", train de luxe qui traverse les États-Unis. Flanqué de son imprésario, Oliver Webb, et d'un attaché de presse alcoolique, Owen O'Malley, Oscar, incorrigible mythomane, rêve de revanche...

Dans le train, un étrange petit bonhomme colle des étiquettes, " Repentez-vous, le temps est proche ", sur le crâne, le dos, le chapeau des passagers. Il s'appelle Matthew J. Clark, traverse une crise mystique et signe à tout va des chèques en bois.

Lily, accompagnée de George, son dernier amant, monte dans le train, destination New York où l'attend son nouveau mentor, Max Jacobs, le pire ennemi de Jaffe. Oscar échafaude illico les plans les plus chimériques pour reconquérir son égérie. La meilleure idée lui vient de deux voyageurs farfelus et barbus qui lui offrent de mettre en scène une "Passion" de leur cru. Aussitôt, Oscar s'enflamme : il se voit déjà dirigeant lions et chameaux dans une superproduction biblique dont Lily, Marie-Madeleine en guenilles, serait le clou. Reste à convaincre la star ! Se roulant à ses pieds, Oscar interprète tous les personnages du drame avec une grandiloquence tragi-comique. Lily fascinée, lui rétorque : "Tu délires, tu n'as pas cent dollars ! " Erreur ! Clark vient de signer à Oscar un chèque d'un million de dollars... Plus dure sera la chute ! Clark est démasqué; Oscar, à nouveau sans un sou, fait mine de se suicider, cette fois au revolver. Le " mystique ", volant au secours du "désespéré", le blesse aussi maladroitement que légèrement. Oscar, sautant sur l'occasion, joue devant Lily éplorée le rôle du mourant et, en guise de dernière volonté, lui arrache sa signature au bas d'un contrat.

À Broadway, Lily, telle une débutante, subit sur scène les brimades de son tyran bien-aimé...