La croisée des destins

1956

(Bhowani Junction). Avec : Ava Gardner (Victoria Jones), Stewart Granger (col. Rodney Savage), Bill Travers (Patrick Taylor), Abraham Sofaer (Surabhai), Francis Matthews (Ranjit Kasel). 1h50.

Aux Indes, en 1947. Le colonel Rodney Savage fait des adieux officiels en gare de Bhowani, où il a été affecté à la suite d'émeutes pour l'indépendance. Il dû faire face à deux types d'oppositions : la non-violence des partisans du Congrès et l'action terroriste de l'extrémiste Davey. Il se souvient

Victoria Jones, née de père anglais et de mère indienne, a été nomée à Bhowani après quatre ans au service de l'armée coloniale. Elle partage son bureau avec le lieutenant McDaniel, très sensible à la beauté de la jeune femme. Elle est profondément indignée lorsque Savage fait disperser des militants couchés sur les rails en les faisant arroser d'urine par des Intouchables. Elle rompt même ses fiançailles avec Patrick Taylor, fonctionnaire métis qui approuve l'initiative du colonel.

Liée d'amitié avec Ranjit Kasel, leader pacifiste, elle marque son attachement à la communauté locale en arborant avec fierté un magnifique sari.
A la suite d'une tentative de viol. Victoria tue McDaniel en se défendant avec une barre de fer. Pour rester fidèle a ses origines occidentales, elle décide brusquement de rompre un projet de mariage avec Ranjit. Après l'aveu de son meurtre, le tribunal la considère en légitime défense.

Pour réussir un attentat, Davey oblige Victoria à stopper un train avant de la prendre comme otage. Prévenu à temps, Savage abat Davey qui préparait un sabotage dans un tunnel. Taylor est tué au cours de l'affrontement. En délivrant Victoria, le colonel découvre la présence de Gandhi dans le train.

Après sa démission, Rodney Savage espère revenir aux Indes pour y retrouver Victoria.

Pour Jacques Lourcelles : "... Comme la plupart de films de Cukor, celui-ci est à de multiples facettes : une femme profondément divisée est aimée par trois hommes qui s'adressent chacun à un aspect différent d'elle-même -A l'Anglaise, à l'Indienne à la femme. En exposant ses problèmes, Cukor ne cesse jamais de mettre en valeur sa beauté, rehaussée par les divers costumes qui lui imposent son rôle et son destin. Est-elle faite pour être indienne ou pour être anglaise ? Sans sous-estimer la cruauté de ce dilemme, Cukor répond : elle est surtout faite pour être heureuse. El le dénouement la verra en effet comblée plus belle encore quand le bonheur l'illumine".

Jacques Lourcelles ajoute : "Cukor s'est souvent plaint du remontage du film par la production qui ajouta la construction en flash-back et supprima plusieurs scènes avec Ava Gardner jugées trop érotiques. Le contenu des scènes de la gare déplaisant aux autorités locales, elles furent tournées, comme les intérieurs, en Angleterre, alors que la majeure parte du film avait été réalisée au Pakistan. Il est impossible de saisir la différence."