Kika

1993

Voir : Photogrammes
Genre : Mélodrame

(Kika). Avec : Veronica Forqué (Kika), Peter Coyote (Nicholas), Alex Casanovas (Ramon), Victoria Abril (Andrea), Rossy De Palma (Juana), Santiago Lajusticia (Paul Bazzo). 1h52.

Kika, belle et rieuse esthéticienne, a connu Ramón, son amant, en allant le maquiller… sur son lit de mort. En fait, il s'est réveillé d'un sommeil cataleptique après une rude épreuve : le suicide de sa mère adorée, à propos duquel son beau-père Nicholas, écrivain américain séducteur et bohème, a joué un rôle trouble. Ramón se consacre maintenant à l'art et à la photo. Il est un amant parfois défaillant et Kika cherche satisfaction auprès de Nicholas, qui vit près d'eux. L'environnement de la jeune femme est assez excentrique, voire inquiétant. Une ex-maîtresse de Ramón, Andrea La Balafrée, gravite encore autour de lui ; c'est une femme de télévision, caméra vivante toujours à l'affût de faits-divers sordides qu'elle filme pour son émission à succès, "Le pire du jour". Il y a aussi Juana, la bonne au faciès chevalin, amoureuse de Kika, sa patronne; Juana dont le frère Pablo, star du porno et obsédé sexuel, est en prison.

Pablo s'évade, découvre Kika et la viole interminablement. Pire : le viol est filmé par un voyeur (Ramón !) puis diffusé dans "Le pire du jour". Pauvre Kika… Et ce n'est pas tout. Ramón, Andrea et Nicholas s'affrontent dans la maison de campagne du jeune homme, autour de leurs répugnants secrets. Andrea et Nicholas s'entre-tuent quand la journaliste comprend que l'écrivain est en fait un tueur en série. Kika arrive, trouve deux cadavres et Ramón inerte, mais vivant. Va-t-elle perdre son optimisme ? Pas du tout ! Elle quitte les lieux, s'arrête en pleine nature, près d'un beau garçon en panne de voiture et… s'apprête à lui porter secours.

>Le film fait une utilisation brillante de deux extraits consécutifs de films Le Rôdeur (Joseph Losey, 1951) vus à la télévision par Ramon. Le prégénérique vu à la télévision permet bien d'assimiler Ramon, l'ami de Kika, avec le voyeur du film de Losey. Pour Ramon c'est une façon de se sentir très concerné par le film. Il s'endort néanmoins mais, lorsqu'il se réveille, il voit un policier maquiller un assassinat en acte d'autodéfense et comprend alors que son beau-père a pareillement maquillé le meurtre de sa mère. Cette compréhension est figurée par un pastiche de la scène que l'on vient de voir où Ramon fantasme Nicholas assassinant sa mère.

Pastiche du rodeur de Losey (voir : révélation)

On ne peut qu'admirer cette façon de faire advenir la révélation sur un personnage en pastichant une scène. Il faudra attendre le court métrage muet, L'amant qui retrecissait dans Parle avec elle pour voir à nouveau Almodovar réaliser un pastiche.