Après son premier séjour de 1883, à Rouen, Pissarro y revient en 1896. Il s’installe à l’Hôtel de Paris et à l’Hôtel d’Angleterre d’où il domine la Seine et les ponts, ses affections oculaires lui interdisant le travail en extérieur. Le peintre décrit le tableau de Rouen dans une lettre à son fils en date du 26 février : « Un motif de pont de fer par un temps mouillé, avec tout un grand trafic de voitures, piétons, travailleurs sur les quais, bateaux, fumée, brume dans les lointains, très vivant et très mouvementé ».
Les expériences pointillistes du peintre dans les années 1885-1890 et la technique des touches juxtaposées lui permettent d’exploiter toutes les ressources de sa palette.
Mais, malgré leur taille microscopique, les touches sont liées entre elles et rien n’est plus éloigné du divisionnisme que le traitement de la masse nuageuse par exemple, presque en aplat, animée du seul mouvement de la longue touche sinueuse qui se déploie librement dans des directions différentes : en dépit de sa curiosité pour les techniques nouvelles, Pissarro demeure un pur impressionniste.