À l’hiver 1927, Picasso s’éloigne nettement de ses figures courbes et douces pour aller vers des formes plus épurées et plus simplifiées, comme on peut le voir dans ce monumental Atelier ainsi que dans Peintre et Modèle, une composition très proche de 1928, également dans les collections du MoMA.
Dans le cas de L’Atelier, le peintre (à gauche), son sujet (bol de fruit, nappe rouge et buste en plâtre blanc) et le décor (porte, table et décor encadré) sont réduits à des réseaux élémentaires de lignes qui se coupent et de géométries superposées. Les outils du peintre sont évoqués (la palette, un trou circulaire ; le pinceau, une ligne), sa toile est blanche.
Si L’Atelier a été rattaché à des prédécesseurs précis dans l’histoire de l’art, dont Les Ménines de Velasquez (1656), la simplification formelle du peintre et de son atelier porte aussi la marque du cubisme, partageant certaines caractéristiques des œuvres plus anciennes du corpus personnel de Picasso, comme Tête d’homme au chapeau (1912), ainsi que des masques traditionnels des cultures Kwele et Igbo des pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest.