(1841-1895)
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Impressionnisme |
Vieux chemin à Auvers | 1864 | Collection privée |
Etude au bord de l'eau | 1865 | Collection privée |
Vue du port de Lorient | 1869 | Washington, National Gallery of Art |
La robe rose | 1870 | New York, Metropolitan museum |
Le berceau | 1872 | Paris, Musée d'Orsay |
Vue de Paris des hauteurs du Trocadéro | 1873 | Santa Barbara, Museum of art |
Berthe Morisot naît à Bourges d'un père préfet
du département du Cher le 14 janvier 1841. Elle est l'arrière-petite-nièce
du peintre Jean Honoré Fragonard. Sa famille s'installe définitivement
à Paris en 1852. Berthe prend des cours de dessin à l'âge
de 16 ans, en compagnie de ses deux surs, Yves (qui deviendra Madame
Théodore Gobillard, dont il existe un portrait par Degas) et Edma.
Elle étudie très tôt la peinture avec Edma, notamment
en copiant les chefs-d'uvre du Louvre, où elle fait la connaissance
de Fantin-Latour. C'est par l'intermédiaire de ce peintre que, plus
tard, elle rencontrera Édouard Manet.
Dès 1861, Berthe et Edma étudient auprès de Jean-Baptiste
Camille Corot à son atelier de Ville-d'Avray. Berthe Morisot participe
au Salon de 1864, puis à celui de 1865, où elle présente
quelques paysages. En 1868, Berthe rencontre Manet pour qui elle pose (Le
balcon, Le repos, Berthe
Morisot au bouquet de violettes).
Elle délaisse le Salon officiel de 1874 pour rejoindre les Indépendants
(futurs Impressionnistes) menés par Monet, Sisley, Renoir et participe
avec eux à leur
première exposition (sous l'appellation d'Artistes Anonymes Associés). Elle est alors la première femme à exposer avec le groupe, alors que contrairement aux hommes ses tableaux sont acceptés partout. Elle y expose Le berceau (1872). Le tableau y est à peine remarqué, mais des critiques importants en relèvent cependant la grâce et l'élégance. La même année, elle épouse Eugène Manet, frère
d'Édouard, dont elle aura une fille, Julie Manet, en avril 1879, à
l'âge de 38 ans. Elle sera la seule artiste dont les tableaux sont présentés
à toutes les expositions impressionnistes (sauf celle de 1879, année
de la naissance de sa fille).
Comme sa contemporaine américaine, Mary Cassatt, elle a souvent peint femmes, enfants et scènes familiales. En effet, pour une femme de la bourgeoisie, se promener seule dans l'espace publics est mal vu. Les sujets urbains des impressionnistes se trouvent donc hors de portée des artistes féminines. Empêchée de peindre dans le coeur battant de la ville, elle choisit pour Vue de Paris des hauteurs du Trocadéro (1873) un point de vue en hauteur et un effet panoramique sur la Paris. Habitant à Passy, elle représente la capitale depuis les jardins de la colline du Trocadéro. L'inhabituelle disposition des lignes et des formes dans l'espace, les couleurs claires nous font voir le monde d'un oeil presque "naïf", comme celui de l'enfant au premier plan.
En 1875, lors d'une vente de tableaux impressionnistes à l'hôtel Drouot, c'est un tableau de Berthe Morisot qui obtient le prix de vente le plus élevé. Très demandée, elle expose à New York, vend ses œuvres à Londres, Berlin et Bruxelles.
Berthe Morisot emploie beaucoup de blanc et suggère en laissant les formes floues, très librement. Un critique de la Gazette des beaux-arts déplore les teintes opalines et incertaines de ses toiles. Un autre écrit : "Pourquoi avec ce talent là ne se donne-t-elle pas la peine de finir ? Madame Morisot est femme donc capricieuse. Elle fait malheureusement comme Eve : mord à la pomme mais s'en dégoûte trop vite. C'est dommage quand on mord si bien". Berthe Morisot a beau avoir du succès, on cherche toujours à savoir ce que son œuvre a de féminin; "Je ne crois qu'il n'y eu jamais un homme qui traita une femme d'égal a égal. Et c'est tout ce que j'aurais demandé car je sais que je le vaux"
En 1892, Berthe a sa première exposition personnelle (à la galerie
Boussod et Valadon), quelques mois après avoir perdu son mari. Le couple
avait pris des dispositions devant notaire pour confier la tutelle de leur
fille Julie à leur ami et poète Stéphane Mallarmé,
ainsi qu'à Pierre-Auguste Renoir pour son éducation de peintre.
Berthe Morisot tombe malade à la mi-février 1895. Elle meurt
d'une pneumonie le 2 mars 1895 à Paris et lègue la plupart de
ses uvres à ses amis artistes : Degas, Monet, Renoir. Malgré
sa riche production artistique, le certificat de décès mentionne
: "sans profession". Elle est enterrée dans le caveau des
Manet au cimetière de Passy où il est simplement gravé
: "Berthe Morisot, veuve d'Eugène Manet".
Pour le premier anniversaire de sa mort, une rétrospective est organisée
dans la galerie de Paul Durand-Ruel où 394 toiles, dessins et aquarelles
sont exposés.