(1924-2018)
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Figuration narrative |
Meurtre n°1 | 1968 | Saint-Étienne, Musée d'art moderne et contemporain |
En murmurant | 1970 | Genève, Fondation Gandur pour l’Art |
Jacques Monory naît le 25 juin 1924 dans le 16e arrondissement de Paris. iil suit une formation à l'école des Arts appliqués de Paris où il apprend les métiers de graphiste, fresquiste, peintre et décorateur. Il travaille ensuite dix années chez l’éditeur d’art Robert Delpire et participe à la collection « Encyclopédie essentielle », rencontre Robert Frank, Henri Cartier-Bresson, William Klein.qui lui met à disposition une profusion de documents photographiques, qui vont grandement influencer son approche de la peinture.
C’est en 1964, avec la fameuse exposition Mythologies quotidiennes présentée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, que les artistes de la Figuration Narrative (Bernard Rancillac, Hervé Télémaque, Peter Klasen, Öyvind Fahlström, Erró, Eduardo Arroyo, Valerio Adami) se révèlent aux yeux du grand public. Ils élaborent une peinture qui entend contester l’hégémonie du Pop Art en proposant une réflexion nouvelle sur l’image contemporaine et les différents canaux qui l’irriguent comme la publicité, la bande dessinée et bien sûr le cinéma. Jacques Monory fixe alors les tenants d’une œuvre qui ne cesse de jouer de la porosité des frontières entre fiction, autobiographie et histoire contemporaine.
Par jeux d’associations et de collages d’images, Monory produit des visions éclatées et fragmentaires du réel dont l’atmosphère emprunte aussi bien à la puissance de figuration du cinéma qu’à la violence du roman noir. Parfois en technicolor mais le plus souvent sur un fond monochrome bleu, Jacques Monory compose ses tableaux comme l’on commettrait un crime dans le meilleur film policier : froidement, méthodiquement, en cherchant à rendre la touche invisible.
Profondément préoccupé par la violence de la réalité quotidienne, les tableaux de Monory suggèrent des atmosphères lourdes et menaçantes. Les thèmes sont développés à travers des séries et les images qu'il utilise sont directement issues de la société contemporaine. Des emprunts photographiques et cinématographiques, le recours à la monochromie, la froideur de la touche et de la composition caractérisent un style singulier et engagé dans la représentation, et baignent souvent dans un camaïeu de bleu.
Jacques Monory réalise plusieurs films, dont le premier, EX-, film expérimental, en 19684, puis Brighton Belle en 1974, La Voleuse en 1984, Le moindre geste peut faire signe en 1988
Son œuvre est organisée selon des séries, la plus célèbre restant celle des Meurtres de 1968-1969, où, à l’intérieur d’un espace clinique, il livre une vision séquencée et démultipliée de sa propre chute.
Profondément existentialiste, sa peinture traite de vie et de mort, de solitude (série New York, en 1971) et d’attente, et l’artiste se définit lui-même comme un «romantique égaré ». Omniprésente, la couleur bleue crée un filtre onirique et mélancolique qui finit par recouvrir le « roman-photo » d’un monde condamné.
Dans cette veine cinématographique, qui s’attarde sur l’esseulement urbain et son imaginaire noctambule, l’œuvre de Monory n’est pas sans rappeler parfois celle d’Edward Hopper - peintre à qui il a du reste rendu hommage par une huile sur toile en 1971.
Il décède le 17 octobre 2018.