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Le bassin aux nymphéas

1899

The Water-Lily Pond
Claude Monet, 1899
Huile sur toile, 88.3 x 93.1 cm.
Londres, National Gallery

En 1893, Monet achète un terrain à côté de sa maison à Giverny. Il avait déjà planté un jardin fleuri coloré, mais maintenant il voulait créer un jardin d'eau "à la fois pour le plaisir des yeux et dans le but d'avoir des sujets à peindre". Il agrandit l'étang existant, en le remplissant de nouveaux nénuphars hybrides exotiques, et construit un pont à bosse à une extrémité, inspiré des exemples vus dans les gravures japonaises. Le jardin d'eau est devenu la principale obsession de la carrière ultérieure de Monet, et le sujet de quelque 250 peintures.

Ici, le pont enjambe la largeur de la toile mais est coupé sur les bords de sorte qu'il semble flotter sans ancrage au-dessus de l'eau, sa forme se reflétant dans un arc sombre au bas de l'image. Le regard est proche de la surface de l'eau, où les nénuphars flottent et rencontrent, au loin, le feuillage dense de la rive éloignée. Des saules pleureurs se reflètent dans l'étang et des touffes d'iris bordent les rives. La perspective semble changer de sorte qu'il est difficile de trouver un seul point focal; c'est comme si nous regardions le pont mais depuis le bas sur les nénuphars. L'image, comme l'eau elle-même, semble osciller entre la surface et la profondeur. Les réflets verticaux fournissent un contrepoint aux touffes horizontales des nénuphars. Différentes couleurs, appliquées avec des coups de pinceau épais, sont placées les unes à côté des autres. Cette façon de peindre a plus en commun avec les premières œuvres impressionnistes de Monet que ses peintures plus récentes des matins sur la Seine, où il avait utilisé des traits plus doux et plus mélangés pour transmettre des effets atmosphériques flous.

Monet a peint trois vues du pont japonais en 1895, peu de temps après sa construction, mais n'y est ensuite retourné qu'en 1899. L'étang était alors envahi de végétation et entourée de plantes, mais à en juger d'après les photographies contemporaines, il n'a jamais été aussi sauvage que Monet l'a peint. En décembre 1900, il expose 12 tableaux à la galerie Durand-Ruel à Paris, qui présentent tous des vues du pont japonais.

La série de ponts japonais marque un tournant dans l’art de Monet. Désormais, ses sujets sont peints d'un point de vue de plus en plus confiné, véhiculant le sens d'un monde clos. Dans les peintures ultérieures de l'étang, il se passerait complètement des berges et du pont pour se concentrer uniquement sur l'eau, les reflets et les nénuphars. Le point culminant des peintures de nénuphars de Monet sera les Grandes Décorations, 22 toiles de plus de deux mètres de haut et totalisant plus de 90 mètres de long, qu'il a achevées quelques mois avant sa mort et données à l'État français. Celles-ci sont désormais exposées en permanence dans deux salles ovales du Musée de l'Orangerie

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