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L'évasion de Rochefort

1881

L'évasion de Rochefort
Edouard Manet ,1881
Huile sur toile : 79 x 72 cm
Paris, musée d'Orsay

Ce tableau est la plus petite des deux versions de L'Evasion de Rochefort peintes par Manet à partir de décembre 1880. L'autre version est conservée au Kunsthaus de Zurich.

Violemment révolté contre le régime impérial, Rochefort avait fondé en 1868 un journal pamphlétaire, La Lanterne. Le journal, bientôt interdit, est édité à Bruxelles. En 1873, le journaliste est condamné au bagne pour son rôle pendant la Commune. Son évasion spectaculaire et rocambolesque par la mer, en 1874, inspire à Manet, six ans après l'événement, cette étrange composition. L'artiste a attendu le triomphe des Républicains au Sénat et à la Chambre, en janvier 1879, ainsi que le vote d'une loi d'amnistie des communards en juillet 1880 autorisant le retour en France de l'évadé pour s'attaquer au sujet. Il destine son tableau au Salon de 1881.

En commémorant un événement encore dans toutes les mémoires, Manet révolutionne le genre de la peinture d'histoire traditionnellement cantonné dans des représentations antiques et mythologiques. Le héros à peine reconnaissable à sa chevelure blonde ébouriffée "en flamme de punch", figure ici à l'arrière d'une barque minuscule voguant au milieu des vagues. A ses côtés se trouvent ses complices, Pain, Grousset et Jourde. L'effet de solitude et de danger est rendu palpable par la taille de l'esquif. Une mer électrique et phosphorescente, traitée à l'aide de petites touches fouettées, envahit toute la toile. Elle "monte jusqu'en haut du cadre" où apparaît le navire qui va recueillir les fugitifs.

Manet a choisi l'imprécision pour représenter un événement vieux de six ans et auquel il n'a pas assisté. Mais il brosse un superbe morceau d'infini marin pour évoquer le danger et le drame. Cette toile paradoxale traduit également ses désillusions face à Rochefort, qui a trompé ses espoirs républicains.

Commentaire : Musée d'Orsay

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