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(1609-1660)
Baroque
Sérénade 1629 Amsterdam, Rijksmuseum
Le joyeux buveur 1629 Amsterdam, Rijksmuseum
La joyeuse compagnie 1630 Paris, Musée du Louvre
Autoportrait 1630 Washington, National Gallery of Art

Elle est la huitième enfant du brasseur Jan Willemsz et sa femme Trein Jaspersdr qui en auront neuf. En réalité, Judith Leyster était à la tête d’un atelier prospère, entourée de plusieurs assistants afin de satisfaire de nombreuses commandes.

Leyster est entrée dans la guilde de Saint-Luc de Haarlem en tant que maître indépendant en 1633. Cinq ans plus tôt, sa compétence et son talent avaient déjà attiré les éloges du public. Un chroniqueur de Haarlem a décrit Leyster, alors âgé de seulement dix-neuf ans, comme un peintre d'une « bonne et vive perspicacité ».

En 1635, moins de deux ans après son entrée dans la guilde de Saint-Luc, elle avait trois élèves, ce qui prouve le respect de son travail d'artiste. À la fin des années 1640, un autre historien de la ville a écrit que parmi les nombreuses femmes expérimentées dans le domaine de la peinture, "une excelle exceptionnellement, Judith Leyster, appelée" la véritable star de l'art". Le compliment fait habilement allusion au nom de famille de l'artiste. L'artiste elle-même a intégré une étoile dans sa signature professionnelle, le monogramme JL*. Judith Leyster poursuit Frans Hals en justice pour avoir accueilli un étudiant qui avait quitté son atelier sans l’accord préalable de la Guilde. La mère de l’élève lui verse la moitié des dommages et intérêts qu’elle réclamait, soit quatre florins, tandis que Hals paie une amende de trois florins au lieu de rendre l’apprenti. Leyster elle-même reçoit une amende pour ne pas avoir inscrit l’élève à la Guilde.

Elle innove dans le domaine des scènes domestiques avec ses scènes paisibles de femmes à la maison, dont le thème ne deviendra populaire en Hollande que dans les années 1650. Elle s'exprime dans une variété de sujets tels que les portraits et les natures mortes. Ses peintures de genre, généralement de tavernes et d’autres scènes de divertissement, satisfont le goût et les intérêts d’une partie croissante de la bourgeoisie néerlandaise qui lui passe commande au même titre que Hals, ter Brugghen, van Honthorst, Steen et les caravagistes d’Utrecht.

Le 1er juin 1636, Judith se marie avec le peintre Jan Miense Molenaer, a trois enfants, et met fin à sa carrière de peintre pour s'occuper de sa famille. Leyster cesse de produire de l'art en son propre nom mais a probablement continué à peindre en collaboration avec et dans l'atelier de son mari.En 1659 elle tombe malade et meurt en février 1660.

Quoique estimée à son époque, cette femme artiste tombe dans l'oubli après sa mort. Elle est redécouverte en 1893, lorsqu'il apparait qu'elle est en réalité l’auteure d’un tableau célèbre, La Joyeuse Compagnie, attribuée jusqu'alors à Frans Hals. Cette confusion (ou tromperie) survient après la mort de Leyster, lorsque Sir Luke Schaub acquiert en 1758 The Jolly Companions, attribué à Hals. Après plusieurs reventes, le tableau est acquis en 1892 par Asher Wertheimer, marchand d'art à Bond Street à Londres, qui y voit une des plus belles œuvres de Hals. Sir John Millars confirme l'authenticité et la valeur de l’œuvre. Wertheimer la vend alors 4 500 £ à une société qui la revend comme un tableau de Hals au baron Schlichting à Paris. Lorsque, en 1893, le musée du Louvre retrouve le monogramme de Leyster sous la signature de Hals, cette découverte entraine une action judiciaire du baron Schlichting contre la société vendeuse, laquelle se retourne contre le marchand d'art Wertheimer. L'affaire est jugée le 31 mai 1893, et la vente annulée, sans que soit prise en considération la valeur intrinsèque de l’œuvre de Leyster.

En 1893, Cornelis Hofstede de Groot est le premier à écrire un article sur Leyster, que les historiens de l’art ne considèrent alors que comme une imitatrice de Franz Hals, lui attribuant sept tableaux, dont six signés de son monogramme distinctif « JL* ». Les chercheurs lui ont réattribué une vingtaine de tableaux parmi les œuvres attribuées auparavant à Frans Hals, comme par exemple Le joyeux buveur, acheté par le Riksmuseum en 1898, réattribué à Judith Leyster en 1927.