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La boucle du pont de Manhattan

1928

Manhattan bridge loop
Edward Hopper, 1928
Huile sur toile, 73,7 x 109,2 cm
Andover (Massachusetts), Addison Gallery of American Art

Le titre du tableau serait aujourd'hui énigmatique sans les travaux de Marie Fotini au point que La boucle du pont de Manhattan est souvent traduit en français par Les portiques du pont de Manhattan. Ce dernier titre désigne comme éléments majeurs les trois formes architecturales en forme de U inversé du tableau. Cependant, c'est bien la boucle du tramway, à la sortie du pont en venant de Brooklyn, que Hopper a pris pour sujet initial du tableau... avant de la faire disparaitre par un raccourci audacieux sur l'architecture du lieu. C'est alors la marche solitaire de l'homme vêtu d'un pardessus et d'une casquette, perdu devant le muret qui semble ne jamais finir, qui devient le sujet principal du tableau.

Sur cette vue générale du pont de Manhattan, qui relie le centre-ville de Manhattan à Brooklyn, le panorama peint par Hopper se situe à droite, dans le cercle rouge.

L'objet en forme de U noir à l'envers est appelé «portique». Un portique est une structure en forme de pont équipé de signaux ferroviaires, de lumières ou de caméras.

En regardant attentivement sur la droite, on peut voir le tramway qui arrive de Brooklyn vers vers Manhattan avant de retourner vers le pont. Le tramway fait ainsi une boucle sur ses rails d'où le nom de la peinture : Manhattan Bridge Loop, (voir les lignes pointillées rouges dans la photo ci-dessous).

La boucle elle-même est à peu près perdue dans la peinture de Hopper. Il a fait quelque chose de semblable dans sa peinture "Vue du pont de Williamsburg" où il a raccourci tant que les voies de circulation sur le pont que l'on ne peut plus les voir.

Cinq tableaux réalisés entre 1928 et 1935 : L'île Blackwell (1928) ; Manhattan Bridge Loop (1928) ; Immeubles d'appartements, East River (1930) ; Tôt un dimanche matin (1930) et Pont du barrage de Macomb (1935) partagent des dimensions presque identiques et le même format panoramique.

Collectivement, ces peintures fournissent un aperçu inestimable de la vision à contre-courant de Hopper d’une ville horizontale ; comme l’observait Alfred H. Barr à propos du travail de Hopper en 1933 : « Son indifférence à l’égard des gratte-ciel est remarquable chez un peintre de l’architecture new-yorkaise. »

Décrivant ses objectifs dans Manhattan Bridge Loop, Hopper a expliqué que la composition horizontale du tableau était une tentative de donner « une sensation de grande étendue latérale » et d'attirer l'attention sur le paysage urbain au-delà du cadre ; "Je n'ai jamais aimé la verticale", a-t-il plaisanté plus tard. Ses représentations des larges travées des ponts de la ville, de ses paysages industriels et de ses bâtiments bas élèvent le quotidien et le prosaïque au-dessus de l'emblématique, offrant un contrepoint puissant aux vues impressionnantes de l'horizon new-yorkais célébrées dans l'actualité et dans les œuvres de plusieurs de ses contemporains.

Source : PopSpots