Accueil Partie beaux-arts Histoire de l'art Les peintres Les musées Les expositions Thèmes picturaux

Scène de rue à New York

1925

New York pavements
Edward Hopper, 1924-1925
Huile sur toile, 62,9 x 75,6 cm
Norfolk (Virginie), Chrysler museum of art.

Tabelau enigmatique avec cette religieuse poussant un landeau sugissant dans le tableau depuis la gauche. La rapidité de son mouvement est évoquée par sa coiffe soulevée par le vent et soulignée par les obliques qui structurent le tableau. La palette blance et bleue pourrait faire penser à un orage qui menace.

Le point de vue est très haut, comme celui d'un oiseau qui survolerait la scène ou, plus probablement, celui du peindre qui surpendrait cette scène de rue depuis son appartement.

Le tableau est ainsi exceptionnel à plus d’un titre : la perspective plongeante, le cadrage et l’originalité du thème, à la limite du comique : coupée par le bord inférieur , une nurse propulse une poussette minuscule vers l’intérieur du tableau, occupé presqu’entièrement par un rez-de-chaussée colossal.

A l’évidence, ce qui intéresse Hopper est le contraste entre la maison de pierre, massive, blanche, immobile, verticale, et la maison de tissu, fragile, noire, mobile et se déplaçant dans le plan horizontal.

Plus précisément, le perron en avant-corps, avec son toit et ses rambardes en berceau, apparaît comme l’analogue formel de la poussette avec son capuchon. C’est un peu comme si la façade « poussait » son perron sur le trottoir, tandis qu'à angle droit surgit la nurse poussant son véhicule. L’effet comique du tableau tient à cette collision théorique.

Les fenêtres sont à guillotine, équipées d’un store intérieur jaune clair et de voilages blancs. Celle de gauche est fermée et les voilages légèrement entre-baillés. En contraste, celle de droite est ouverte, et le vent s’y engouffre en poussant le store et le voilage. Par le biais des seuls éléments mobiles que sont le voilage flottant derrière la fenêtre et le voile flottant derrière la bonne d’enfant, Hopper pousse le parallèle entre la façade et la nurse, l’une soumise au vent de la rue, l’autre au vent de sa course.