(1771-1835)
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Néo-classicisme |
Bonaparte au pont d'Arcole | 1796 | Versailles |
Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa | 1804 | Paris, Louvre |
Antoine-Jean Gros, baron Gros, né à Paris le 16 mars 1771 et mort le 25 juin 1835 à Meudon, est un peintre français rattaché au courant du néoclassicisme et du préromantisme.
Sa mère Pierrette Durant est pastelliste. Son père Jean Antoine Gros ) est peintre en miniatures et un collectionneur avisé de tableaux. Il apprend à son fils à dessiner à lâge de six ans, et se montre dès le début un maître exigeant. Vers la fin de 1785, Gros entre, de son propre gré, à latelier de David, quil fréquente assidûment tout en continuant de suivre les classes du collège Mazarin.
La mort de son père, que la Révolution avait atteint dans ses
biens, oblige Gros, en 1791, à se fier à ses propres ressources.
Dès lors il se dévoue entièrement à sa profession
et participe en 1792 au grand prix, mais sans succès. Cest toutefois
à cette époque, que, sur recommandation de lÉcole
des Beaux-Arts, on lui demande dexécuter les portraits des membres
de la Convention. Lorsquil est perturbé par le développement
de la Révolution, en 1793, Gros quitte la France pour lItalie,
il vit, à Gênes, de sa production massive de miniatures et de
portraits. Il visite Florence, en retournant à Gênes, il rencontre
Joséphine, et la suit à Milan, où il est bien reçu
par son mari.
Le 15 novembre 1796, Gros est présent avec larmée près dArcole, où Bonaparte plante le drapeau de l'armée d'Italie sur le pont. Gros saisit cet évènement et, par le traitement quil en fait, trouve sa vocation. Cest tout au moins ce que dit la légende, préparée par Bonaparte qui maîtrisait déjà la propagande et travaillait à sa gloire. En fait le tableau fut commandé à Milan et les historiens mettent parfois en doute lévènement même. Bonaparte, satisfait du travail, lui donne sur le champ le poste dinspecteur aux revues, ce qui lui permit de suivre larmée, et, en 1797, le nomme à la tête de la commission chargée de choisir le butin qui devrait enrichir le Louvre sur la recommandation de Joséphine. Gros peint pour le général Desolles Sappho à Leucate.
En 1799, sétant échappé de Gênes assiégée, Gros se rend à Paris et, au début de 1801, installe son atelier aux Capucins. Son esquisse (Musée de Nantes) de la Bataille de Nazareth gagne le prix offert en 1802 par les consuls, mais ne lui est pas remis en raison, à ce quon dit, de la jalousie de Junot éprouvée par Napoléon. Toutefois, il indemnise Gros en lui commandant de peindre sa propre visite à la maison de la peste de Jaffa. Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (Louvre) suivi par la bataille dAboukir, 1806 (Versailles), et la bataille d'Eylau, 1808 (Louvre). Ces trois sujets le chef populaire impassible devant la pestilence, défiant le splendide instant de victoire, atteint au cur par le coût amer dun champ durement gagné ont conduit Gros à la gloire. Ces uvres sont considérées comme le sommet du réalisme épique qui contribue à construire la légende de Napoléon.
Aussi longtemps que lélément militaire est demeuré rattaché à la vie nationale française, Gros en a reçu une inspiration fraîche et énergique qui la menée au cur même des événements quil peignait; mais comme larmée, et son général séparé du peuple, Gros, appelé à illustrer des épisodes uniquement représentatifs de laccomplissement dune ambition personnelle, cesse de trouver la nourriture nécessaire à son génie, et linsuffisance de sa position artistique devient évidente. Ayant appris son art suivant les principes néoclassiques, il est enchaîné par leurs règles, même quand son traitement naturaliste des types et son intérêt pour leffet pictural dans les couleurs et les tons semblent être à contre-courant.
Les élèves de Gros sont nombreux (dont François Vincent Latil, Carl Joseph Begas), et leur nombre a augmenté considérablement, en 1815, quand David quitte Paris et lui laisse son école. Gros fut décoré par Napoléon, après le Salon de 1808, au cours duquel il présenta la Bataille dEylau. En 1810, ses Madrid et Napoléon aux pyramides (Versailles) montrent un déclin de sa peinture. Son François Ier de France et Charles Quint, 1812 (Louvre), a un succès considérable ; mais la décoration du dôme de Sainte-Geneviève (commencée en 1811, terminée en 1824, et qui lui vaudra le titre de baron par Charles X) est la seule uvre des dernières années de Gros qui démontre sa force et sa vigueur des débuts.
Sous la Restauration, il devient membre de lInstitut, professeur à lÉcole des Beaux-Arts et nommé chevalier de lordre de Saint-Michel. Le Départ de Louis XVIII aux Tuileries, 1817 (Versailles), lEmbarquement de la duchesse dAngoulême, 1819 (Bordeaux), le plafond de la salle égyptienne du Louvre et, finalement, son Hercule et Diomède, présenté en 1835, démontrent uniquement que les efforts de Gros en accord avec les consultations fréquentes de son ancien maître David alors exilé à Bruxelles pour endiguer la vague montante du romantisme nont servi quà entacher sa réputation naguère brillante.
Le changement de régime, après 1815, est un tournant difficile à négocier qui voit de plus la montée des romantiques. En 1835, en décalage avec les normes du temps, il envoie au Salon un Hercule écrasant Diomède, reçu sous les quolibets des critiques. L’abandon de ses élèves ajouté à des difficultés personnelles le poussent au suicide. Le 25 juin 1835, il est retrouvé noyé sur les rives de la Seine près de Sèvres. Par un papier qu’il avait placé dans son chapeau, on sut que « las de la vie, et trahi par les dernières facultés qui la lui rendaient supportable, il avait résolu de s’en défaire ».