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Etude d'homme, d'après le modèle Joseph

1819

Etude d'homme, d'après le modèle Joseph
Théodore Géricault, 1918-19
Huile sur toile, 47 × 38.7 cm
Los Angeles, The J. Paul Getty Museum

Théodore Géricault (1791-1824) est adolescent lorsque Napoléon Ier, qui souhaite reconstruire un puissant empire français aux Amériques, fait rétablir l'esclavage dans les Caraïbes. La législation particulièrement restrictive qui accompagne ce rétablissement (interdiction des mariages interraciaux, interdiction d'accès à la métropole pour les Noirs des colonies...) explique le regain du mouvement abolitionniste, auquel participe Géricault. Ce dernier met sa fougue romantique au service de cette cause, multipliant les représentations énergiques ou doloristes des Noirs.

Sa correspondance ne dit rien des femmes et hommes de couleur qu'il fit poser, mais nous savons qu'il eut recours au célèbre modèle Joseph, originaire d'Haïti, aussi représenté par Théodore Chassériau. Pour son oeuvre iconique, Le radeau de la Méduse, Joseph incarne le marin torse nu, agitant au sommet du tonneau la chemise du dernier espoir collectif. C'est celle qu'il porte ici.Géricault a capturé le personnage de l'homme avec beaucoup de sympathie et de spontanéité; ses yeux larmoyants ne se fixent sur rien d'extérieur à la toile mais semblent exprimer un tourment intérieur. Des nuances de brun, de gris et de beige se mélangent pour imiter son teint foncé. Des touches de peinture blanche et beige sont utilisées pour indiquer la lumière réfléchissante dans ses yeux et sur le bout de son nez, sa lèvre inférieure et son menton

Le tableau, qui relate la funeste expédition coloniale de la frégate La Méduse à l'été 1816, au large des côtes de l'actuelle Mauritanie, a connu plusieurs étapes. Si la première esquisse frappe par l'absence de tout Noir, la composition finale en compte trois, soit deux de plus que ce que l'Histoire nous rapporte. En multipliant les figures noires dans son tableau, Géricault résume ainsi son combat fraternitaire, et dote la cause abolitionniste d'un symbole décisif.

Il lui est même attribué Le portrait d'un noir (Chalon-sur-Saône, Musée Vivon Denon) par la critique d’art jusque dans les années 80, en mal de trouver un autre artiste aussi engagé dans la cause abolutionniste

Le modèle Joseph Le portrait d'un noir