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(1774-1840)
Romantisme
Le moine au bord de la mer 1809 Berlin, Alte Nationalgalerie
Autoportrait 1810 Berlin, Alte Nationalgalerie
Chasseur dans la forêt 1814 collection privée
Le voyageur au-dessus de la mer de nuages 1818 Hambourg
Falaises de craie sur l'île de Rügen 1818 Winterthur
L'arbre aux corbeaux 1822 Le louvre
Paysage dans la lumière du matin 1822 Berlin, Alte Nationalgalerie
Rocky Ravine 1823 Kunsthistorisches M., Vienne
La mer de glaces 1824 Kunsthalle, Hamburg
Homme et femme contemplant la lune 1824 Berlin, Alte National galerie

1- Friedrich, peintre romantique

La confrontation de l’homme avec l’immensité de la nature se manifeste par des paysages intemporels, austères, voire hostiles : cimetières, cahédrales en ruines, arbres desséchés ... La réflexion sur la mort et l'au-delà est omniprésente, parfois adoucie par un langage symbolique religieux d'où émane une grande spiritualité. L'homme, lorsqu'il est présent, est souvent figuré de dos. Friedrich construit ses oeuvres avec une rigueur et une précision extrêmes qui mettent en valeur le sentiment, romantique par excellence, de la solitude humaine face à l'immensité de la nature

" Le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu'il voit en face de lui, mais aussi ce qu'il voit en lui ".

Cette phrase de Friedrich est la clé de son oeuvre, elle exprime tout le travail de l'artiste romantique face à la nature. Il s'agit pour lui de mêler son propre état d'esprit issu de cette vision à la représentation de la nature

Pour Friedrich" l'art se présente comme médiateur entre la nature et l'homme. Le modèle primitif est trop grand, trop sublime pour pouvoir être saisi. Sa reproduction, oeuvre de l'homme, est plus proche des faibles ".


Le peintre intercesseur doit être pur. Sa main guidée par l'esprit doit retranscrire un message noble. La pureté est un élément important et l'austère Friedrich expliquait : " Conserve en toi une pureté d'enfant (...) une véritable oeuvre d'art ne peut sortir que d'une âme pure ".


Le paysage nous met directement en relation avec la nature. Friedrich cherchait à créer un paysage spirituel typiquement allemand sans référence à l'art antique ou à l'art italien. Ce paysage spirituel devait exprimer non seulement l'apparence mais également la réalité cachée, l'infini de la nature jusqu'à atteindre le Moi. La nature est la partie visible de la création divine.


Les neuf lettres sur la peinture de paysage de Carl Gustav Carus, rédigées entre 1815 et 1824 et publiées en 1831, éclairent cette idée de la nature sublime.
Il explique que le recueillement, terme religieux par excellence, devant la nature, donne à l'homme l'impression de se perdre dans l'infini. " Tu sens le calme limpide et la pureté envahir ton être, tu oublies ton Moi. Tu n'es rien, Dieu est tout ".

L'homme devant la puissance, la grandeur de la nature n'a pas d'autre alternative que la méditation, son salut en dépend. Il doit se perdre dans cette contemplation pour tenter d'atteindre l'Infini. La perte de l'identité qui en résulte doit être considérée plus comme un gain, car il y a rapprochement avec Dieu.

La notion de panthéisme est très importante chez les Romantiques : Dieu est tout. Lorsque nous regardons la nature, création de Dieu, nous cherchons à rencontrer notre Créateur. Friedrich rejoignait cette pensée : "Le divin est partout jusque dans un grain de sable".

Le thème de la nature, "Bible du Christ", occupe la pensée de nombreux philosophes allemands de cette époque, notamment Goethe qui affirme que la nature est un appel à l'illimité et que l'esprit est capable d'y percevoir l'indicible.
Hölderlin fait dire à Hypérion "Tout mon être se tait pour écouter les tendres vagues de l'air jouer autour de mon corps. Perdu dans le bleu immense, souvent je lève les yeux vers l'Ether ou je les abaisse sur la mer sacrée, et il me semble qu'un esprit fraternel m';ouvre les bras, que la souffrance de la solitude se dissout dans la vie divine."

Les Romantiques valorisèrent le genre du paysage : il acquit un sens plus spirituel. Kant, Schiller, Boehme ont été les premiers a lui rendre ses lettres de noblesse. Ils créèrent un vocabulaire, riche de symboles comprenant aussi bien la composition que la couleur. Schelling dans Des Rapports des Beaux arts et la nature en 1807, disait " L'artiste doit suivre l'esprit de la nature qui est à l'oeuvre au coeur des choses et ne s'exprimer par la forme et le dessin que comme s'il n'était question que de symboles ". Ces propos amènent la peinture de paysage au rang de la peinture d'histoire.

Pour établir la supériorité de la peinture d'histoire, l'Académie affirme que ce genre contient tous les autres, le paysage, la nature morte, et même parfois le portrait y sont présents. Mais Schlegel démonte cet argument : Si le paysage n'est qu'un aspect de la peinture d'histoire, il participe autant au message délivré par cette peinture qui retrace un fait historique. Le paysage devient donc un genre très expressif, qui peut être investi de tous les pouvoirs de suggestion. De ce fait, les Romantiques désiraient placer le paysage à la première place de la hiérarchie des genres. Ils voulaient faire accéder le paysage à l'expression du Sublime.

 

2-Biographie

Né le 5 septembre 1774 à Greifswald, un petit village du Nord de l'allemagne, dans une famille bourgeoise. Friedrich, fut frappé dès son enfance par la mort de sa mère, la mort de ses soeurs Elisabeth et Maria, encore adolescente et la noyade de son frère Christoffer au cours d'une partie de patinage sur la mer Baltique gelée. Il est probable que la foi, transmise par son père grâce à la lecture quotidienne de la Bible, fût d'un grand secours pour Friedrich.

Plus tard, il abandonnera la pratique de la religion protestante, restant fidèle à ses convictions intimes, mais on peut penser que son éducation réformée et hostile à toute représentation de personnages sacrés ait pu jouer un rôle important dans la genèse du paysage spirituel dont il fut le génial initiateur.

Après des années d'études à l'académie des beaux-arts de Copenhague, il se fixa définitivement à Dresde, où il se lia avec les poètes Novalis, Kleist, Tiek, et les peintres Runge, Carus et Dahl. Malade pendant plusieurs années, il mourut tragiquement.

A partir de 1794, il prend goût pour le dessin et pendant quatre ans, il fréquente l'Académie de Copenhague. Jens Juel et Abilghaard sont ses professeurs. Peintre de paysages prestigieux, connu pour ces paysages ossianiques. Abilghaard semble avoir particulièrement influencé Friedrich par son goût pour la mythologie nordique et le refus des modèles antiques.

En 1798, il s'établit à Dresde. Tieck y habite, Goethe, Schlegel, Fichte, Schelling, Novalis y font de courts séjours.

Les théories de Schelling sur la peinture, datées de 1802-1805, marquent profondément les peintres de cette époque. Il y évoque une spiritualité cachée dans la nature qui attend d'être dévoilée par le peintre ou l'artiste. A cette époque, Friedrich se rapproche de la pensée de Schleiermacher, qui voyait l'approche du sentiment religieux dans la contemplation de la nature. En 1805, débute sa relation épistolaire avec Goethe.

En 1809, Runge rédige la sphère des couleurs et en 1810, Goethe écrit le Traité des couleurs. Ces deux ouvrages influencèrent profondément Friedrich, lui procurant une symbolique supplémentaire, celle de la couleur. De plus, Goethe affirme que tout ce qui existe dans la nature appartient à une vision globale décelable par l'esprit. Friedrich est nommé membre de l'Académie de Berlin. Il voyage dans le Riesengebirge qui devient un thème récurent de son oeuvre.

L'année 1812 marque la courte période de reconnaissance du talent de Friedrich. Il expose à Berlin, est admiré par Goethe et Frédéric - Guillaume III achète Matin sur le Riesengebirge et Le jardin suspendu.

En raison des invasions napoléoniennes, il débute sa période concernant les sujets patriotiques. A cette période, de nombreux artistes et philosophes romantiques décident de se rendre en Italie, dont Schinckel et Goethe. Mais Friedrich refuse d'aller à Rome, parce qu'il rejette toute forme d'antiquité et par peur que le paysage méditerranéen ne détruise son esthétisme.

Friedrich tombe malade en 1824. En 1826, son état s'aggrave et il souffre d'un délire de persécution qui l'éloigne d'un bon nombre de ses amis. Pendant cette période, il peint peu mais en 1827, il se remet à la peinture à l'huile. En 1834, lors de la visite de l'atelier de Friedrich le sculpteur David d'Angers a un célèbre mot pour définir l'art de Friedrich : " Cet homme a découvert la tragédie du paysage. ".
En 1835, une congestion cérébrale le laisse paralysé. Le 7 Mai 1840, Friedrich meurt à Dresde.

 

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