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Madone entourée d'anges

1455

Madone entourée de séraphins et de chérubins
Jean Fouquet, 1452-1458
Huile sur bois (chêne),  94,5 × 85,5 cm
Musée royal des beaux-arts (Anvers)

Le tableau fascine par son intense palette de couleurs et son caractère audacieux. Le peintre de Cour français Jean Fouquet l’a pourtant réalisée au milieu du 15e siècle à la demande d’Etienne Chevalier, trésorier du roi de France Charles VII.

Fouquet a choisi de peindre la Vierge, Mère du Christ, en divine souveraine. Marie se tient parfaitement immobile sur son trône. Mais peut-être est-elle debout.

Neufs anges se penchent vers elle : les trois chérubins bleus pour la pureté et l’air, les six séraphins rouges pour l’amour et le feu. Leur couleur n’est pas une invention de l’artiste, mais une pratique commune à l’époque. Le bleu et le rouge sont aussi les couleurs des armes de la ville de Paris, le blanc représente la royauté. La Madone porte par-dessus sa robe une cape d’hermine, la ‘fourrure royale’. L’œuvre a également une dimension politique, à la gloire de la France et de la royauté.  

La Vierge est vêtue à la mode du 15e siècle. Son manteau et sa couronne soulignent son noble rang et rehaussent sa beauté. La taille mince met en valeur la rondeur de sa poitrine et le sein dénudé donne au tableau une touche presque érotique.

Selon certains historiens de l’art, c’est Agnès Sorel, à la fois maîtresse et conseillère du roi Charles VII qui aurait posé pour ce portrait. Sa beauté était légendaire et Sorel incarne ici le canon de la beauté féminine en Vierge à l’Enfant allaitante.

La Madone entourée de séraphins et chérubins fait partie du diptyque de Melun, une des œuvres majeures de Fouquet. Le volet de gauche se trouve à la Gemäldegalerie de Berlin. Il montre deux hommes drapés dans leur dignité et conscients de leur rang. Etienne Chevalier, le trésorier du roi Charles VII et commanditaire du diptyque en prière avec à sa gauche son saint patron Stéphane, premier martyr de la Chrétienté.

Diptyque reconstitué ,autrefois à la collégiale Notre-Dame de Melun, dans le chœur : Etienne Chevalier présenté par saint Etienne Vierge et l'enfant entourés d'anges.
Espacement des panneaux estimé par la perspective.

A contre-courant, Fouquet peint la Madone comme une femme sensuelle de son temps. Le détachement de la femme et son regard absent sont caractéristiques des personnages du peintre. L’Enfant sur ses genoux n’accorde apparemment aucun intérêt au sein qu’elle lui présente et Marie ne l’encourage pas vraiment à téter. L’attention de l’Enfant Jésus est ailleurs. Il montre du doigt l’autre volet du diptyque, plus précisément le commanditaire de l’œuvre Etienne Chevalier. Il semble dire à Sa Mère : ‘Cet homme mérite sa place au Ciel. Interviens en sa faveur.’