Trois anciens combattants mutilés de la Première Guerre mondiale (des gueules cassées) jouent à un jeu de cartes, le skat, très populaire en Allemagne.
À la fin de la guerre, 1 500 000 soldats allemands étaient mutilés, dont 800 000 amputés.
Otto Dix avait aperçu trois mutilés de guerre jouant aux cartes dans l'arrière salle d'un café de Dresde. Il en a fait aussitôt un dessin préparatoire. Dans ce tableau, il accentue encore le caractère horrifique de la scène : il supprime les deux moignons de jambe du personnage de droite dont il ne reste plus que le torse, habillé d'une veste bleue d'où dépasse le pénis. Un des joueurs tient ses cartes dans sa bouche, le deuxième avec ses orteils, le dernier avec une prothèse de main. Une partie de la tête du joueur de gauche est brûlée, sa jambe gauche est remplacée par un bâton .
Le joueur de droite a une prothèse de mâchoire inférieure, formée par un fragment de paquet de cigarettes où Dix a écrit : « Unterkiefer: Prothese Mark: Dix » (prothèse de mâchoire inférieure, marque Dix) et entouré une photo de lui-même par : « Nur echt mit dem Bild des Erfinders » (seulement valable avec le portrait de l'inventeur). Derrière les trois joueurs, sont suspendus trois journaux : le Dresdner Anzeiger, le Dresdner Neueste Nachrichten, le Berliner Tageblatt. À l'intérieur de la lampe, on distingue une tête de mort.
Le tableau, caché par un ami, survécut au bombardement de Dresde en février 1945. Un collectionneur l'achète en 1959 et le prête à la Galerie der Stadt de Stuttgart. Ses héritiers le vendent en 1995 à la Nationalgalerie de Berlin, laquelle a fait un appel aux dons pour pouvoir l'acquérir.