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Pastorale ou jeune berger dans un paysage

1740

Pastorale ou jeune berger dans un paysage
François Boucher, entre 1739 et 1745
Huile sur toile, 89 x 121,5 cm
Caen, musée des Beaux-Arts

La pastorale est évoquée dans ses deux sens : celui du pasteur qui garde les moutons et celui, dérivé, du genre du paysage champêtre.

François Boucher fait ici la synthèse éclectique, que l'on nommera rococo, de trois influences majeures. Celle de la scène de genre dans un paysage archéologique initiée par Paul Bril un siècle et demi plus tôt (voir : Vue du campo Vaccino); celle de la médiation érotique dans un paysage que l'on peut trouver chez Nicolas Poussin (voir Nymphes et satyres) et celle des paysages à l'anglaise, tels que William Kent (1685-1748), lui-même influencé par le Lorrain, initie avec les jardins de Stowe House dans le Buckinghamshire (1730). William Kent définit l'archétype du jardin paysager anglais qui comprend un point de vue intéressant avec création de perspectives découvertes progressivement, la suppression des clôtures, des haies, reprise du saut de loup (ici le petit chemin qui conduit au ruisseau, au premier plan), l'utilisation de courbes, de buttes, de relief, la plantation d'arbres en quantité et en groupes de façon à recréer un espace naturel, l'utilisation des jeux d'ombre et de lumière, l'implantation de fabriques, temples, ruines, pagodes, ponts, embarcadères....

Au centre du tableau, le soleil disparait derrière les nuages. Même s'il est impossible de décider s'il s'agit d'un soleil levant ou couchant, on s'en tiendra à cette dernière hypothèse pour la cohérence thématique du tableau. Le soleil éclaire encore le berger et le bas-relief sculpté érotique de l'immense urne indique l'objet de la méditation du berger.

Celui-ci, élégamment vêtu (chapeau, manteau rouge, cape jaune, gilet rose, pantalon bleu, bas de sois blancs, fins souliers) se repose sur le socle de l'urne dans une position oblique que renforce encore le long bâton qu'il tient entre ses mains. L'oblique se prolonge vers l'objet probable de sa méditation, sans doute Cupidon et Vénus dévêtue.

Le peintre fait preuve de son extrême virtuosité à la fois dans la variété et la beauté des couleurs qui dépeignent le berger et par le mouvement d'ensemble où la végétation et les nuages construisent une forme de spirale à partir du centre solaire. François Boucher est alors vivement défendu par Denis Diderot et triomphe auprès de nouveaux riches peu enclins aux grandioses peintures d'histoire. Son orientation, visible dès Un automne pastoral, vers des scènes de plus en plus érotiques lui retirera le soutient de Diderot qui lui préférera Greuze.