Accueil Partie beaux-arts Histoire de l'art Les peintres Les musées Les expositions Thèmes picturaux
Les salons de peintures en France de 1667 à 1724
 

Avec la création de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648, Il faut trouver un moyen de compenser l’absence de "boutiques", lieux de présentations d’œuvres auxquels les Académiciens  avaient renoncé, dans le cadre de leur nouveau statut. La première exposition, avec comme récompense suprême  le prix de Rome, est organisée dans une des cours du Palais-Royal en 1667 puis à partir de 1692 dans la grande galerie du Louvre.

La création de l’Académie royale de peinture et de sculpture

Les peintres et sculpteurs du roi, avec à leur tête Charles Le Brun, ont entrepris un long travail d'influence auprès de Mazarin et de la reine (le roi Louis XIV avait à peine 10 ans) pour mettre en place cette institution nouvelle répondant à leurs revendications. Ils citaient en exemple les précédents de Florence et de Rome, où les Princes au pouvoir avaient soutenu la création d’une Académie de dessin, un siècle plus tôt déjà. Approuvée, l'Académie est créée à Paris en 1648 et se dote d’une structure, de personnels et d’une doctrine. Les artistes pouvaient malgré tout exposer en dehors de l'institution publique : les membres de la guilde de Saint-Luc française, appelée l'Académie de Saint-Luc, une corporation aux origines très anciennes, organisait des événements ; d'autres venaient d'initiatives de personnalités privées, très riches, tels le banquier Everhard Jabach, grand collectionneur.

La doctrine s’appuie sur la hiérarchie des genres, héritée de l’Antiquité. Elle est codifiée par André Félibien dans sa préface des Conférences de L'Académie royale de Peinture et de Sculpture prononcée en 1667 et publiée en 1669. La hiérarchie des genres était la suivante, du moins noble au plus noble : Nature morte de fruits, de fleurs ou de coquillages ; Nature morte de gibiers, poissons et autres animaux ; Peinture animalière ; Marine ; Paysage ; Scène de genre ; Portrait ; Peinture d'histoire (qui inclut la Peinture religieuse) ; Peinture allégorique. Les genres y sont classés en fonction de leurs difficultés. Ainsi, la peinture d'histoire est considérée comme étant le genre le plus difficile car demandant aux peintres le plus de compétences. La peinture d'histoire contient, a priori, tous les autres genres qui lui sont subordonnés (composition, paysage, nature morte, anatomie, portrait...). Cette hiérarchie se retrouve dans les désignations du personnel de l’Académie qui a une importante fonction d’enseignement. Seuls les peintres d’histoire ont accès aux fonctions d’"officiers", notamment les professeurs et les adjoints de professeurs.

De même que Dieu légitime le pouvoir du roi, de même le roi légitime le peintre comme artiste et consacre sa supériorité en accueillant dans une institution d’État « tous ceux qui excellent dans les Arts de Peinture et de Sculpture, sans avoir égard à la différence du sexe», comme l’écrivirent les académiciens en 1663 dans le compte rendu de l’admission de la première femme, Catherine Duchemin (sur un ensemble qui en comptera quinze de 1663 à 1793).

Pour être reçu à l’Académie, l’aspirant devait d’abord soumettre pour agrément une ou plusieurs œuvres servant de base au choix du sujet imposé, dans le genre choisi par lui. Ensuite, il réalisait le projet en définitif et le présentait pour réception. L’œuvre s’appelait alors le « morceau de réception » qui devenait propriété de l’Académie. Il a d'abord le droit de participer aux délibérations, mais non pas celui de voter; pour cela il lui faut être élu au rang supérieur d'officier, et réaliser donc de la peinture d'histoire, une avancée qui lui donne également le droit à un siège au lieu du simple tabouret de l'académicien.

Les académiciens doivent ensuite exposer, publiquement et gratuitement, un échantillon de leur production artistique au cours d’expositions dont la régularité ne fut pas la principale qualité au XVIIe siècle.

Les statuts de mars-mai 1663, modifiés en 1668, prévoyaient une présentation biennale. Il fallait trouver un moyen de compenser l’absence de « boutiques », lieux de présentations d’œuvres auxquels les Académiciens et Officiers avaient renoncé, dans le cadre de leur nouveau statut.

La première exposition est organisée dans une des cours du Palais-Royal en 1667 — où l'Académie résidait depuis septembre 1661 —, suivie de celles de 1669, 1671 et 1673, année qui introduit l'usage de publier un livret qui présente la liste des différentes œuvres exposées.

Après une certaine désaffection et le peu de succès des expositions de 1675, 1681 et 1683, l’Académie s’installe au Louvre à partir du 3 février 1692, où se tient l'exposition de 1699, dans la « Grande Galerie » qui s'accompagne d'un recueil en trois volumes, la Description des peintures, sculptures et estampes exposez dans la Grande Galerie du Louvre dans le mois de septembre 1699 qui constitue la première publication de critique de ce qui s'appelle encore « l'Exposition ».

La Grande Galerie accueille les expositions suivantes de 1704 et 1706. Sous la Régence, l'Académie de Saint-Luc est de nouveau autorisée à organiser également son exposition, et ce, à partir de 1704, brisant ainsi le privilège d'exclusive imposé depuis 1668 au profit des élèves et membres de l'Académie royale.

Le 14 avril 1663, Catherine Duchemin, épouse du sculpteur Girardon est la première femme reçue à l'Académie après examen de ses oeuvres et sur reception d'un grand tableau de fleurs. Il est probable qu'elle arrête de peindre pour élever les dix enfants qu'elle met au monde entre 1658 et 1673.

A partir de 1680 les académiciennes sont dispensées de l'étape d'agrément et sont reçues directement. Cependant ce "privilège" cache de nombreuses différences de traitement : elles ne sont autorisées ni à prêter serment, ni à voter, ni à enseigner, ni à monter dans la hiérarchie interne, c'est- à-dire peindre des tableaux d'histoire. Elle ne peuvent pas non plus suivre l'enseignement dispensé aux membres masculins et notamment les cours de dessin d'après modèles d'hommes nus (Les hommes n'auront d'ailleurs la possibilité de copier des modèles féminins qu'à partir de 1759 et uniquement habillées. S'ils veulent s'exercer aux modèles féminins nus, ils doivent se rendre dans des ateliers privés. malgré tout, pour les femmes cette intégration dans l'institution, même restreinte est un atout indéniable pour leur émancipation

En 1706, sous le vieux roi Louis XIV, les femmes ne peuvent plus être académicienne au simple motif qu'elles sont trop nombreuses, alors qu’on en dénombre six : Geneviève et Madeleine Boulogne, Elisabeth-Sophie Chéron, Anne Stresor, Dorothée Massé et Catherine Perrot. La venue à Paris de la pastelliste vénitienne Rosalba Carriera en avril 1720 annule cette décision.