L'exposition du peintre norvégien Frits Thaulow (1847-1906) organisée à Caen à l'occasion de la 3e édition de Normandie Impressionniste constitue une rétrospective d'une ampleur inégalée, imaginée autour d'un ensemble de 61 œuvres de l'artiste. Pas moins de 35 panneaux, huiles sur toile et pastels ont été exceptionnellement prêtés par les 7 plus grandes collections norvégiennes, au premier rang desquelles la galerie nationale d'Oslo. Le concours de 6 prestigieux musées américains s'est avéré également déterminant, de même que la contribution des 18 collections publiques françaises qui conservent des œuvres de Thaulow. Certaines d'entre elles, gardées à l'abri des réserves ou issues de fonds moins connus - tels que le musée de la Coutellerie à Thiers -, constituent de véritables découvertes.
Né à Oslo en 1847, Frits Thaulow découvre Paris en 1874, l'année même de la première exposition impressionniste. En 1892, il s'installe durablement en France, multipliant parallèlement les voyages à travers l'Europe et menant une carrière internationale exceptionnelle. Partout où il se rend, il plante son chevalet et peint sans relâche les paysages qui l'entourent. En choisissant d'organiser la première grande rétrospective de l'œuvre de Frits Thaulow, le musée des Beaux-Arts de Caen esquisse le portrait d'un citoyen du monde, écologiste avant l'heure.
Le regard si particulier que Frits Thaulow porte sur la nature, son talent à plonger le spectateur dans le paysage peint ainsi que ses extraordinaires qualités de coloriste, n'ont pas échappé à ses contemporains. Les œuvres de Henri Le Sidaner, Edvard Munch, Claude Monet, Max Liebermann ou Jean-Charles Cazin montrent que tous l'ont regardé. Grâce à une vingtaine d'œuvres de ses contemporains, l'exposition du musée des Beaux-Arts de Caen révèle ainsi, pour la première fois, l'apport majeur de l'artiste norvégien à la peinture de paysage moderne.
L’exposition se déploie sur quatre sections. La première partie évoque le parcours de Frits Thaulow de manière chronologique et met en lumière les incessants voyages de Frits Thaulow à travers l'Europe.
Frits Thaulow, qui reçoit une formation de peintre de marine, entretient, dès ses débuts, un rapport très singulier à la nature que son goût pour le voyage confirmera. En France, il visite le Havre, Paris, Dieppe, Abbeville et la Bretagne, tout en revenant régulièrement en Norvège. Il s’installera à Camiers, sur la Côte d'Opale, puis à Dieppe, pendant plusieurs années à partir de 1892. Pendant près de trente-cinq ans, il visitera et peindra la nature de l'aube au crépuscule dans plus de dix pays : Norvège, Suède, Danemark, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique, Hollande, Espagne, Italie, États-Unis. Au gré de ses voyages, il se forgera peu à peu un style qui lui est propre, caractérisé avant tout par le pleinairisme.
La deuxième salle, dans un grand couloir puis une rotonde, offre les chefs-d’œuvre de l'artiste réalisés à partir des années 1890 où prédominent les vues de rivière sous une lumière d'automne
La troisieme salle, également en retonde offre une succession de paysages de neige. Les huiles, pastels, esquisses et estampes en couleurs de Frits Thaulow dialoguent avec celles des artistes les plus illustres de l'époque: Henri le Sidaner, Claude Monet, Max Liebermann, Edvard Munch, Armand Guillaumin... Les paysages présentés en séries démontrent les qualités coloristes du peintre, qui crée des tableaux particulièrement évocateurs. Ceux-ci, presque sensoriels, font l'effet d'une nature en mouvement, dans laquelle Frits Thaulow aimait à s'immerger.
L'exposition se termine par une série de "nocturnes", remarquables par leur atmosphère mystérieuse, témoignant d'un possible intérêt de Frits Thaulow pour le symbolisme à la fin de sa vie et du dialogue incessant avec ses contemporains: Jean-Charles Cazin, Alexander Harrison, Erik Werenskiold...La dernière section offre l'occasion de découvrir les nocturnes peints par Frits Thaulow et ses contemporains.
Frits Thaulow déclare en 1901 : "La nature a souvent des moments exquis qui passent si rapidement qu'on est obligé de travailler ensuite de mémoire. Je cherche tout autre chose que la vérité absolue, et je comprends l'esprit de ce paradoxe : il n'y a que le mensonge qui soit vrai en peinture. Mais je resterai, même avec les "mensonges", le naturaliste que j'ai toujours été : je tâcherai toujours de rendre l'illusion de ce que j'ai observé dans la nature." (1901).
A cette résolution, qui a guidé toute la vie de Thaulow, répond plus d'un siècle plus tard, l'œuvre vidéographique de Thibault Jéhanne, un jeune artiste diplômé de l'école d'art de Caen, Eclipse (2014, 1'35".) qui conclut l'exposition. Elle saisit à son tour un moment bref et exquis : le passage irrésistible de l'ombre à la lumière lorsque, sous nos yeux, en un temps très bref, l'eau vient recouvrir le sol.
En fin de parcours, un espace ludique et pédagogique baptisé salle "Plein air" est ouvert aux enfants et à leur famille.
source : dossier de presse.