Editeur : MK2. Juin 2009. Durée du film : 1h43 - Format image : 1.77. Anglais - Sous-titres : Français. 22 €

 

Lorsque Gilbert Proesch et George Passmore se rencontrèrent en 1967, à la Saint Martin’s School of Art, «ce fut le coup de foudre ». Dès l’année suivante, le couple devient Gilbert & George, ils s’installent et travaillent ensemble.

Inséparables, pince-sans-rire, Gilbert & George se sont d’abord fait connaître comme performeurs. Les costumes stricts qu’ils portent lors de ces performances, qu’ils ne dissocient pas de leur vie quotidienne, deviennent pour eux des sortes d’uniformes : ils sont des «sculptures vivantes» et tout ce qu’ils font est de l’art. Mais Gilbert & George sont surtout connus pour leurs photomontages gigantesques, d’abord en noir et blanc, puis teintés de vives couleurs primaires, et découpés en carreaux cernés de noir, à la manière de vitraux. Ils se représentent souvent dans leurs oeuvres, qui font souvent référence aux symboles chrétiens. Les représentations de fluides corporels (urine, sperme, sang…), d’actes homosexuels et d’eux-mêmes nus, sont volontairement provocatrices, mais font toujours sens.

Julian Cole a posé pour Gilbert & George en 1986 ce qui donnera See en 1987. "Ils m'ont photographié, pourquoi ne les filmerais-je pas ?" se dit-il. Le film est ainsi composé de photographies et films d'avant 1987 puis de commentaire de leurs oeuvres par les artistes eux-mêmes filmés par Julian Cole. Le résultat est exceptionnel aussi bien pour la compréhension de la démarche des artistes que pour la variété des oeuvres montrées et analysées.

Gilbert Proesch a vécu enfant dans les dolomites en Italie. De 14 à 20 ans, il rentre à l'académie de Munich. Les Beatles et les Roling Stones sont à la mode ainsi que l'union libre, Gilbert arrive à Londres en 1967. Il intègre Saint Martin's School of Art et rencontre George.

George Passmore est né à Plymouth pendant les bombardements en 1942. Sa mère est divorcée. Très tôt il remporte des prix en se déguisant en baigneuse ou en miss Angleterre. Il suit des cours du soir puis intègre Saint Martin's School of Art en 1965.

Tous deux sont donc des enfants de la guerre, issus de familles modestes. Ils veulent être des génies marginaux.

Ils sculptent des petits objets que l'on peut tenir dans la main puis décident de devenir sculpture. En parcourant les rues de Londres, ils se pensent œuvre d'art, chaque mot prononcé devient de l'art. Etre des artistes au jour le jour implique d'être reconnu. Ils travaillent pour cela mais les galeries refusent de les exposer. Ils connaissent un premier succès avec des envois de cartes postales aux galleries.

Puis c'est la Kunsthalle de Düsseldorf en 1868 où ils se tiennent sur les marches en costume de flanelle grise, le visage peint, tels des sculptures vivantes.

Kunsthalle de Düsseldorf
Singing sculpture

Le succès est plus grand encore avec leur Singing sculpture, sur un disque acheté un peu au hasard : Underneath the arches, ils reconnaissent leur credo humaniste, la possibilité de l'expression de l'émotion. Ils voyagent en Europe, en Australie aux USA et constatent à quel point leur art est populaire, permettant la rencontre de tous les publics, jeunes, vieux, amateurs d'art ou public sans connaissance préalable.

Konrad Fisher leur fait vendre leurs premiers dessins au fusain un triptyque Walking, Viewing, Relaxing, basé sur un négatif photographique et vendu mille livres.

L'alcool et la destruction totale 'Gordon's makes us drunk' en 1971, Porto et vin mélangés au révélateur donnent la série des Dark shadows, ou verre as used by the sculptors. L'alcool tant utilisé par les artistes n'était pas jusqu'alors montré dans les œuvres.

   

La plupart des gens sur terre vivent à deux, normal qu'il existe un couple d'artistes
Tabou art vision d'une seule personne ne cherchent pas le conflit.

Gilbert et George vivent depuis 1968 dans le quartier jouxtant celui des affaires de Londres où s'étend une zone très pauvre de la capitale, le Spitalfields. Ils amorcent une période de revendication politique où sont mis en scène émigrés très pauvres et drogués. Ils symbolisent la destruction totale par la swastika. C'est la période des Dusty corners et dead boards.

Au milieu des années 70, ils s'intéressent aux graffitis, bien avant le graffiti art. En 1980, Patriots fait scandale. Pour cette rangée de sept jeunes gens, ils sont accusés de racisme. Le journaliste ne voit pas que l'homme au centre est asiatique, qu'il y a un clochard, un premier de la classe... Un seul aurait pu passer pour un skinhead. Avec, Paki, ils sont accusés d'exploiter les Pakistanais.


Gilbert & George sont des collectionneurs des objets du mouvement Art and craft dans lequel il reconnaissent leur désir d'un art pour tous. Ils n'ont pas appris la peinture mais la sculpture, c'est pourquoi ils reproduisent d'après photographie.

David Robillard et Andrew modèles et amis sont tués par le sida. Ils apparaissent dans le film The world of Gilbert and George (1981) et dans les oeuvres Shame et Stream.

"L'art examine la seule vie que l'on a", et Gilbert & George partent en guerre contre la religion qui prétend qu'il y en une autre. Ce seront Shit faith et Buggery faith.

Pour défendre leur conception humaniste et leur désir de liberté, ils exposent à leur frais et sans soutien du gouvernement britannique à Moscou en 90 et à Pékin en 93. "Notre art se bat pour l'amour et la tolérance et l'élaboration universelle de l'individu." Les autorités acceptent : visuellement c'est de l'art et elles ne croient pas, ne voient pas, le message politique. Le catalogue est vendu pour une livre sterling alors que l'impression coûte déjà huit fois plus chère.

Il faudra 70 000 photos pour la série des nus avec de la merde, Shitty naked human world, première série d'œuvres peintes en fonction de l'exposition qui les accueillera.

Série Testamental à Naples en 19998. Eat and drink comporte une citation biblique : "Méfie-toi des hommes assis sur le mur qui consomment leurs excréments et leur urine." Spit law intègre celle qui parle des homosexuels et de la façon de les tuer.

En 2004, Gilbert & George sont passés au numérique. C'est la série 48 perversive pictures qui met en valeur les tags et la langue arabe, formes méprisées parce qu'elles font peur.

Gilbert & George représente l'Angleterre à la Biennale de Venise en 2005, les Gingko pictures sont inspirées par des feuilles d'arbre vues à New York.

En 2007 l'exposition à la Tate Modern les consacre mieux que tout artiste contemporain de ce pays ne l'a jamais été. Ils y exposent notamment la provocante série Shitty naked human world mais en faisant attention de ne pas provoquer inutilement le spectateur : "On ne peut changer quelqu'un que si on l'aime et nous aimons le spectateur". Ils se revendiquent citoyen de l'East end, à la fois anglais et parfaitement en phase avec le milieu multiculturel qui vit dans ce quartier de la capitale.

 

 
présente
 
With Gilbert & George de Julian Cole