Le Café des Images, l’Acid et MaCaO 7e Art proposait les 14 et 15 octobre 2017, un  week-end avec des avant-premières, des rencontres, des discussions et une réflexion commune sur « Qu'est-ce qu'une salle de cinéma ? »

La page de l'évènement

Samedi, 15h au restaurant : rencontre avec Bande de sauvages – Café Sauvage et la Demeurée, lieux associatifs et coopératifs de l’agglomération caennaise, portés par des valeurs écologiques, sociales et solidaires, « endroits propices au développement des savoir faire, des savoir-vivre, et des savoir-penser », rencontre avec les créateurs et animateurs de ces lieux émergents.


Dimanche, à 14h30 au restaurant, 25 ans d’engagement cinéphile. A l’occasion de l’anniversaire conjoint de l’ACID et de MaCaO 7ème Art, retour sur l’expérience nationale et régionale de 2 associations qui travaillent sur la défense de la diffusion du cinéma indépendant sur tous les territoires : ruraux, citadins, régionaux, nationaux et internationaux. MaCaO 7ème Art et l’ACID mettent en place deux dynamiques complémentaires culturelles et citoyennes pour la défense d’un cinéma d’auteur indépendant. L’une, portée par MaCaO 7ème Art, est un élan de salles de cinéma par les salles et pour les salles ; et l’autre, portée par l’ACID, , un élan de cinéastes pour les cinéastes par les cinéastes et avec les spectateurs.

Ioanis Nuguet (l'ACid), Vincent Macaigne (réalisateur de Pour le réconfort), Simon Lehingue (l'ACid) et Mariana Otéro (réalisatrice de L'Assemblée)

Échanges en présence de  Vincent Macaigne, Ioanis Nuguet Simon Lehingue et Mariana Otero, cinéastes et membres de l’ACID, et d'Agathe Fourcin de MaCaO 7ème Art.

Malgré un soleil rayonnant, ce dimanche 15 octobre, une trentaine de personnes sont venues pour échanger.

Ioanis Nuguet présente l'Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (L’ACID). C'est une association de cinéastes engagés depuis 1992 pour l’accès de tous à la pluralité des formes d’écriture. Par son soutien à la diffusion du cinéma indépendant, elle participe toute l’année à la rencontre entre des films, leurs auteurs et les publics. La chaîne de solidarité qu’elle construit depuis 25 ans vient renforcer son idée fondatrice : le soutien par des cinéastes de films d’autres cinéastes, en France et à l’international. Chaque année, l’ACID accompagne entre 20 et 30 longs métrages, fictions et documentaires, et travaille à leur diffusion avec les salles de cinéma et les publics.

Dans les salles de cinéma, L’ACID a pour objectif d’accroître l’exposition des films dans la durée, afin de favoriser l’accès de tous aux œuvres. En étroite collaboration avec les distributeurs, elle promeut les films soutenus et les programme dans son réseau de 350 salles indépendantes partenaires. Dans un souci de formation et de diversification des publics, l’ACID initie chaque année près de 400 rencontres, masterclass ou ciné-concerts.

Avec les publics, L’ACID anime un réseau national de spectateurs relais et se fait le partenaire régulier de rectorats, lycées, universités ou associations pour l’organisation de projections scolaires, d’ateliers en centre de vacances ou en milieu carcéral. Elle édite des documents pédagogiques pour chacun des films soutenus.

Agathe Fourcin  indique que 49 salles adhèrent à MaCaO 7ème Art et représentant plus de 100 écrans de Normandie. Les actions sont engagées envers envers le cinéma d'Art et Essai, le jeune public, envers les films soutenus à la création par la Région Normandie en partenariat avec le CNC et,  avec l'opération Révisons nos classiques, une sensibilisation des publics à l’histoire du cinéma.

Yannick Reix expose la situation de l'art et essai de l'agglomération caennaise. La présence de deux cinémas d'art et essai, le Lux et le Café des images, le rôle prescripteur de Ouest-France pour accroître le public lors d'un événement cinéphile, l'intérêt d'avoir un tiers lieu, le restaurant pour faire venir des publics différents en organisant, l'atelier tricot, le club échec, les brunchs préparés un dimanche par mois par une association, les ateliers d'aide à la réparation de la générale Marabille.

Mariana Otero et Vincent Macaigne souhaitent savoir si la salle a un rôle de prescripteur ; si le public vient parce que le film est programmé par la salle ou si c'est une autre raison qui incite à voir le film.

Une spectatrice évoque la chance d'avoir une salle de cinéma qui propose des films qu'elle n'irait pas forcement voir ainsi Petit paysan qui ne lui aurait rien dit mais dont la bande-annonce l'a incitée à penser que c'était un film pour elle. Sans quoi le bouche à oreille, les échanges avec les amis sont aussi ce qui l'incite à choisir un film.

Vincent Macaigne regrette que le public de cinéma prenne de moins en moins le risque de voir un film qui ne lui plaira pas obligatoirement. Ainsi son père, grand amateur de théâtre, parfois pointu n'a pas un goût particulier pour le cinéma d'art et d'essai. Il aime surtout le cinéma grand public.

Ioanis Nuguet croit que l'on accepte mieux la prise de risque lorsqu'elle est revendiquée par un artiste. Ce sont des artistes qui sont à la tête des CDN. Ils mettent en avant  leur vision du théâtre sans chercher à saupoudrer pour tous les publics. Ainsi, quand Hortense Archambault et Vincent Baudriller sont arrivé à la tête du festival d'Avignon, ils n'ont pas cherché le consensus.

Yannick Reix explique que le contexte est bien sur différent dans les cinémas d'art et d'essai au cinéma où 70 % des entrées se réalisent sur les 50 films porteurs... soumis  à la vive concurrence des multiplexes. Néanmoins avec la revue en ligne qui a été créée, actuellement en sommeil faute de crédits, il tentait de faire ressortir sa ligne de programmation.

Pour Agathe Fourcin, il s'agit de deux modèles économiques diamétralement opposés. En effet, les salles de cinéma s'autofinancent à environ 75 % à 85 % quant les Théâtres s'autofinancent à l'inverse à environ 25 % à 30 % environ. Les subventions accordés aux salles de cinéma ne permettent pas autant de prises de risque que dans les Théâtre.

Vincent Macaigne s'insurge contre les campagnes de promotion qui deviennent indifférenciées. Même les "petits films" peuvent faire l'objet de campagne de promotion dans Elle ou Paris-Match. Un film fragile n'est-il pas souillé par de la promotion inadéquate. Comment le spectateur potentiel se retrouve dans l'offre de cinéma ? Qu'est-ce qui, pour le public, pour bien différencier même deux films de l'Acid, par exemple Kiss and cry et le sien, Pour le réconfort ?

Le débat prend fin, trop tôt pour tout le monde (des problèmes de transport ont retardé son début), avec l'entrée en salle des spectateurs pour la séance de 15h30 où Vincent Macaigne présente Pour le réconfort.

Jean-Luc Lacuve, le 19 octobre 2017.

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