Editeur : France Télévision, avril 2008. 4 contes et 4 nouvelles dans une collection dirigée par Jacques Santamaria et Gérard Jourd'hui. DVD1 : L’ami Joseph, Aux champs, Le petit fût, Le rosier de Madame Husson. DVD2 : Ce cochon de Morin , Chambre 11, Une soirée, Au bord du lit.

Supplément :un livret de 12 pages sur les œuvres.

L'Ami Joseph de Gérard Jourd'hui avec Régis Laspalès, Evelyne Bouix, Daniel Martin, Julia Molkhou. 0h30.
Aux champs de Olivier Schatzky avec Marianne Basler, Guillaume Gouix, Anne Benoît. 0h52
Le petit fût de Claude Chabrol avec Tsilla Chelton, François Berléand, Stéphane Butet, Michaël Abiteboul 0h30.
Le rosier de madame Husson avec Marie-Anne Chazel, Julien Cottereau, Marie Vincent, Jean-Claude Frissung 0h30.
Ce cochon de Morin de Laurent Heynemann avec Julien Boisselier, Hande Kodja, Didier Bénureau, Michèle Garcia. 0h52
La chambre 11 de Jacques Santamaria avec Clotilde Courau, Vincent Martinez, Laurent Gerra, Jean-Luc Porraz . 0h52
Une soirée de Philippe Monnier avec Thierry Frémont, Clément Sibony, François Caron, Isabelle Caubère. 0h52.
Au bord du lit de Jean-Daniel Verhaeghe avec Françoise Gillard, Denis Podalydès, Nadine Marcovici, Patrick Paroux. 0h52.

Aux champs
Le petit fût

Ces huit contes et nouvelles de Maupassant complètent celles de la saison 1 présentées par France2 en 2007. Elles viennent après celles de Claude Santelli qui en a réalisé une bonne soixantaine dans les années 50, celles de Claude Rim dans les années 60 et celles de TF1 en 1986.

La série de France 2 s'est donné trois atouts. Des acteurs de qualité et quelque fois d'excellents réalisateurs et surtout une durée assez courte (entre 0h30 et 0h52)

Comme l'analyse Daniel Serceau dans son tout récent livre : Symptome du jeune cinéma français, dans les nouvelles de Maupassant, les personnages sont peu développés. Ils ne sont caractérisés que par des traits réduits correspondants à leur détermination telle que l'exige la chute. Les dialogues sont volontairement elliptiques et banals. Les personnages ne servent pas le principe d'individuation propre au réalisme cinématographique (en faire des sujets ressemblants). La chute où le récit s'achève sur le double mode de l'imprévu et de la pertinence (La parure et Aux champs offrants les plus beaux exemples de dénouement paradoxal). Faisant retour sur le texte en son entier, le lecteur doit réviser son jugement initial, comprendre qu'il s'était fourvoyé, reconnaître la supériorité de l'auteur sur le sien.

Manquant de substance, il est ainsi nécessaire de compléter. Claude Santelli avait trouvé une méthode. Il fallait pensait-il, "lire entre les lignes, compléter", en allant chercher dans le reste de l'œuvre de Maupassant "ce qui n'est pas dit" (entretien avec Catherine Humblot).

Les composantes ajoutées par les auteurs de la série de France2 (surjeu des acteurs, travail sur les costumes décors, les personnages secondaires) peuvent être appréciés selon son humeur ou son goût. On notera la négociation en un seul plan de plus en plus rapproché dans Le petit fût ou la structure en flash-back de Aux champs qui se paye même le luxe de ne pas utiliser tous les dialogues (" j'dis que c'est point méprisable") explicite l'hystérie de la mère, la souffrance des Vallin, les reproches des enfants aux parents. Mais ces ajouts ne servent en rien le mode d'achèvement du récit.


Daniel Serceau affirme la toute puissance du projet symbolique contenu dans les contes et nouvelles de Maupassant. "Pourquoi les personnages sont-ils conduit là ? Le dernier acte de la narration, sa chute, nous fait accéder à une situation de l'esprit où nous pressentons qu'il nous est donné de concevoir bien plus que nous étions en mesure de le faire. L'œuvre nous surprend et nous dépasse. Elle nous oblige à un effort que nous n'avons que trop tendance à esquiver.

Elle nous invite à un autre dépassement, nous obliger impérativement à disposer de son existence en vue d'un but plus haut. Nous donner la conviction d'être en présence d'une œuvre d'art : une œuvre qui nous conduit à une position de l'esprit dont nous lui sommes entièrement redevables. Nous lui sommes alors reconnaissant : elle nous fortifie. Et toute augmentation de puissance est un gain de plaisir."

 

Source : Daniel Serceau, Symptome du jeune cinéma français, Collection 7ème art. Juin 2008

France Télévision
 
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