DVD Judex et Nuits rouges

Editeur : Why not productions - Cahiers du cinéma. Novembre 2007. Disque 1 : Judex 1h40. Disque 2 : Nuits rouges 1h45.

Suppléments :

  • Disque 1 : Entretien filmé avec Jacques Champreux, co-scénariste de Judex.
  • Disque 1 : Partie CD-Rom : Nouvel entretien avec Georges Franju par Jean-André Fieschi et André-S. Labarthe (Cahiers du cinéma n°149, novembre 1963). « Feuillade et son double » par Jean-André Fieschi (Cahiers du cinéma n°154, avril 1964) ; « Judex » par Jacques Rivette (Cahiers du cinéma n°154, avril 1964).
  • Disque 2 : Entretien filmé avec Jacques Champreux, scénariste de Nuits rouges.
Judex (1963)

 

Double DVD particulièrement cohérent qui réunit Judex, tourné à l'apogée de l'oeuvre de Franju... qui aurait alors plutot souhaité tourner Fantomas et Nuits rouges, film fauché, au tournage et à l'exploitation rocambolesque, qui est une sorte de Fantomas matiné d'un rappel du Judex tourné dix ans plus tôt.

 

Entretiens filmés avec Jacques Champreux par Jean-Philippe Tessé

Petit-fils de Louis Feuillade, co-scénariste de Judex et interprète et scénariste de Nuits rouges, Jacques Champreux apporte des éléments indispensables à l'analyse des deux films auxquels il a collaboré avec passion.

C'est parce qu'il est le petit-fils de Feuillade que Jacques Champreux a vent du projet d'une adaptation de l'oeuvre de son grand-père. Les comptoirs français du film avaient demandé à Lacassin de proposer un sujet de film. Celui-ci ayant proposé Judex, la production s'adresse à la famille du créateur du personange.

Jacques Champreux, admirateur de Franju, choisit celui-ci sans hésiter pour réaliser le film. Mais Franju aurait préféré tourner Fantômas, l'histoire d'un criminel plus que celle d'un justicier.

Champreux prend dans Judex ce qui peut intéresser Franju : les colombes vues dans Hôtel des invalides, son goût pour les chiens et tire le film vers l'expressionnsime : Fantômas fait peur, Judex rend la justice.

Le choix de l'acteur principal se porte sur Channing Pollock, illusionniste extrêmement célèbre dans l'univers du cabaret : Judex devient magicien plus que justicier et tout devient possible. Intervention magique de Judex. Chez Feuillade, qui reste dans un fantastique social réaliste, Favraux a bu la coupe qui explique son empoisonnement. La scène du bal masqué est inspirée des dessins du caricaturiste Jean-Ignace-Isidore Gérard, dit J.J. Grandville (1803-1847).

Les dessins du caricaturiste J. J. Granville ayant servis pour les personnages de Judex et Favraux.

Nuits rouges est un Fantômas tendrement parodique. A partir d'un feuilleton commandé par la télévision, qui s'intitulera L'homme sans visage, Franju réussit à tourner en parallèle un film agréé par le CNC.

La longue séquence des toits a été reconstituée à Belgrade, où les décors valaient beaucoup moins chers. Cela a permis à Franju ces longues et belles séquences qu'il jugeait trop courtes dans Judex.

Le film souffre d'un rythme un peu erratique car des bobines de 35 millimètres ont été volées à Belgrade. Remplacées par des séquences en 16 gonflé, tirée du feuilleton, elles donnent au film un tempo inégal et parfois heurté.

Pour l'homme sans visage, Champreux s'est inspiré de Lon Chanay et particulièrement du Club des trois de Tod Browning. Le geste de l'homme sans visage, l'idée de l'arme qui gicle de sa manche, provient de spider-man lançant sa toile d'araignée

L'homme sans visage est aussi inspiré par Les trois diables rouges ou Zorro et plus généralement les serials des années 40, remis au goût du jour par les projections de Langlois à la cinémathèque. Champreux et Franju assument ce côté film pour enfants, fauché, naïf, ce premier degré moins psychologique que les feuilletons français de l'époque.

 

 

Les cahiers du cinéma
 
présentent
 
Judex et Nuits rouges de Georges Franju