Editeur : Bodega-Films, mars 2007. DVD 9 – Version Française Originale Dolby Digital 5.0 Format 1.66 respecté 16/9 compatible 4/3 – Couleurs Durée du Film : 116 mn Suppléments:
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Vincent est un ministre puissant. Un immense bureau, des secrétaires, une limousine avec chauffeur et une très belle femme, Odile, qui passe ses journées à dépenser son argent, font partie de son quotidien. Mais quand une manifestation gronde sous ses fenêtres, le peuple qu'il a si longtemps ignoré l'oblige à démissionner. Loin d’être abattu, Vincent en profite pour commencer enfin à vivre… Sans faire allusion à une époque précise, Otar Iosseliani s’attaque au thème de l’avidité et au goût démesuré de l’homme pour le pouvoir. Parabole universelle sur la tentation, amusante et audacieuse, Jardins en automne est un film malicieux, un retour à la vie où le temps des regrets laisse place à celui d’une innocence retrouvée.
Otar Iosseliani, le merle siffleur (2006 – Couleurs - 92 mn) Un film de Julie Bertuccelli Iosseliani construit ses films sur le mode bouts de ficelle avec une histoire qui arrive d'elle-même une fois accumulées les idées (des dizaines de post-it). Comme pour Welles ou Fellini, dit-il, au final, seules 10 % des idées seront retenues. Scénario intégrant le personnage de l'huissier, le contraire du Merle chanteur, un type qui travaille tout le temps. Préparation du film : 220 feuilles
de story-board pour 213 plans-séquences. Martine Marignac, l'extraordinaire
productrice, refuse une scène de deux minutes avec l'huissier
insomniaque qui lit Rabelais. Elle veut supprimer aussi la révélation
que l'huissier est le fils d'Isidore qui vient trop abruptement. Iosseliani
retravaillera ce qu'elle considère comme une révélation
trop soudaine. Iosseliani a du mal à accepter seulement sept semaines de tournage y compris la préparation. Essaie de négociation de 2 millions d'euros avec le coproducteur russe à Cannes. Iosseliani explique son refus des acteurs
professionnels : "Ce sont des bleuffeurs, ils ont leurs tics. Essai
avec Narda Blanchet, fille simple qui jouait dans tous les films et
qui sera ici
.remplacée par Piccoli. Chez l'éleveur de sangliers. Iosseliani veut une journée de tournage à 400 kilomètres pour deux plans de sangliers courant dans la forêt. Martine Marignac proteste, elle n'a même pas l'argent du coproducteur russe. Arrivée de Farouk, le guépard d'un an dans sa cage. Choix du morceau interprété par la musicienne. Iosseliani refuse les affiches politiques de droit au logement dans son décor : " Tu veux rendre mon film politique ou quoi ? C'est très correct : bien collé, bien droit. Ce genre de truc communiste, ça je déteste." Explique à Piccoli que son grand-père était un grand propriétaire. Que tout a été coupé en morceau par les bolcheviques qui ont planté du maïs et construit des maisons en parpaings. Filmage de la scène du squat,
de la glissade. Fin du tournage. Le film va devoir être coupé
: il fait 3h45. EXTRAITS DE L’ENTRETIEN AVEC OTAR IOSSELIANI Par CLAIRE VASSÉ Jardins en automne raconte l'histoire d'un ministre obligé de quitter le pouvoir, et qui va retrouver la joie de vivre parmi les siens, simplement en buvant, en jouant de la musique, en retrouvant les lieux de son enfance. Le titre veut-il dire qu'il y a besoin d'attendre l'automne pour atteindre cette philosophie ? Bonne question ! Pour certains, oui, qui s'installent dans la vie, font carrière, sont coincés par l'absence de regard métaphysique sur le phénomène de la vie. Ils ratent la joie de vivre, ils pensent que l'essentiel est d'avancer sur le chemin de la réussite. Mais si le destin leur sourit, ils peuvent se réveiller, et recommencer à vivre. Notre héros possède le pouvoir, il est bien placé. Et on le chasse… heureusement pour lui. On est très content pour lui parce qu'enfin il va commencer à vivre, tout simplement. Cela arrive parfois très tard, à l'automne de la vie… L'automne est le temps des regrets, le regret de tout ce temps perdu… Dans quelle mesure votre film prend-il ancrage dans une période précise, des faits réels ? Je ne fais pas allusion à une époque précise, encore moins à des faits réels. Le film est fondé sur un phénomène que l'on connaît tous : l'avidité des gens, la soif d'avoir toujours plus de pouvoir. C'est une parabole sur cette tentation à laquelle tout le monde est confronté à un moment donné dans sa vie. Une mécanique que l'on peut observer parmi les politiciens de notre temps, acharnés, déchaînés pour une course au pouvoir qui se termine toujours par un fiasco. Les gens qui ont soif de pouvoir sont un peu malades à mes yeux, pas tout à fait normaux psychiquement ! Ils essayent de se forger des auréoles d'hommes sages qui savent ce qu'ils font. Mais tout le monde se trompe. Et comme tout le monde se trompe, cette préoccupation d'occuper le terrain du pouvoir est constamment ridiculisée. Il existe des gens beaucoup plus sages et lucides, mais ceux-là ne vont pas au pouvoir. Ça a toujours été comme ça. Jardins en automne a des allures de fable mais il entre aussi fortement en résonance avec notre actualité… Depuis les fables d'Esope, bien copiées par La Fontaine en France, on sait combien la parabole a toujours une base dans la réalité. On sait parfaitement qui est le loup et qui est l'agneau… C'est de la réalité, très concentrée, très compressée. C'est la base de toute la poésie, qui permet parfois de dire en deux lignes ce qui est difficilement compréhensible sur une centaine de pages. La vie qui nous entoure nous donne beaucoup de matière à réflexion et c'est une joie d'essayer de la transformer en une formule musclée, et qui sera compréhensible pour tout le monde. Un projet s'élabore quand une observation que vous avez faite commence à vous déranger, que vous pensez : « pourquoi ces gens vivent-ils comme ça ? Quel dommage ! ». La fable est la forme que j'utilise dans tous mes films. La différence ici, par rapport à Adieu, plancher des vaches et Lundi matin, est que le propos est peut-être plus vaste. Je sors de l'univers familial pour celui de la société. Quel était le point de départ pour Jardins en automne ? J'étais dans les bureaux du ministère de la Culture au moment où François Léotard allait remplacer Jack Lang. Le ministère était vide, on attendait l'arrivée de la nouvelle équipe, il y avait des papiers partout, c'était un bordel ! J'imagine que c'est la même chose à chaque passation de pouvoir et cela a été le point de départ de Jardins en automne : faire un film sur quelqu'un qui dirige notre pays. Mais le faire de manière très abstraite. On ne sait pas exactement quel ministère occupait Vincent. On peut juste deviner qu'il était plus ou moins ministre de l'agriculture, ou quelque chose dans le genre. Pensez-vous que cette faculté à vous dégager d'un ancrage très précis dans une époque ou une actualité vient du fait que vous êtes entre la Georgie et la France, entre deux pays, deux cultures ? On trouve toujours le reflet de ce que l'on connaît dans d'autres pays, d'autres époques. Il y a les mêmes mouvements d'âme et d'esprit un peu partout et cela donne la possibilité de faire des films qui, sans être concrets, seront compréhensibles dans différents coins du monde. Ce qui est important, c'est que le spectateur auquel je m'adresse comprenne de quoi il s'agit, qu'il reconnaisse le phénomène. Après c'est à lui d'ajouter du concret, par son vécu. Moi par exemple, je suis témoin d'une énorme catastrophe : le bolchevisme. Il y a eu depuis d'autres catastrophes, d'autres chutes de régime, d'autres phénomènes similaires. Mais chacun peut nourrir la fable de son propre vécu : Staline, Hitler, Saddam … Chacun son loup. Vous aimez beaucoup les longs plans séquence. Cette prédilection rejoint-elle votre philosophie de la vie, votre amour du vagabondage ? En amont du tournage, je prépare le film en le dessinant. Ce découpage story-boardé permet de préparer ces longues séquences pour pouvoir ensuite les tourner dans un élan, de faire couler cette rivière sans interruption. Cela permet de trouver le bon rythme, comme dans la scène où Vincent fait du patin à roulettes. Il heurte une vieille femme, une bicyclette, une voiture… Avec à l'arrière-plan ces vendeurs italiens. Il faut créer un rythme dans un film et ces dessins sont comme une partition. Reste ensuite à jouer celle-ci dans le bon tempo… |
Bodega-Films
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Jardins
en automne de Otar Iosseliani
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