Editeur : Montparnasse, janvier 2012. Double DVD. Durée du film : 2h30. Durée des compléments sur DVD2 : 2h37. Durée totale : 5h07.

Suppléments :

  • Ce double DVD bénéficie de plus de 2 heures de compléments : une interview exclusive d'Yves Courrière, où il revient sur le montage délicat du film (25 minutes) ; des entretiens explicatifs avec Raoul Girardet, engagé dans l'OAS, et Pierre Vidal-Naquet, militant au sein du Comité Audin, et des historiens de renom, Benjamin Stora, spécialiste de la colonisation française, et Georges Fleury, engagé volontaire dans les commandos de marine. Sans oublier un document poignant de Jean-Charles Deniau sur les Harkis.

En 1972, Yves Courrière et Philippe Monnier ont levé avec ce documentaire, les tabous d’une guerre, perçue, encore aujourd’hui, comme difficile et ambiguë. Ils sont considérés comme des précurseurs pour avoir abordé ce conflit sous un angle nouveau, objectif et égalitaire : montrer des témoignages et des images d’archives issus des deux camps, longtemps censurés. Un film pour enfin regarder l’Histoire en face. 1e partie : 1er novembre 1954 / 31 janvier 1958. 2e partie : 1er février 1958 / 1er juillet 1962.

Depuis les premières attaques de novembre 1954 à l’indépendance de l’Algérie en 1962, ce grand document est devenu la référence sur la guerre d’Algérie. Au-delà des faits historiques, détaillés et analysés, les auteurs se sont attachés à comprendre les hommes, engagés, malgré eux, ou non, dans ce combat : Pieds Noirs, Fellaghas, militaires de carrière, soldats appelés, Harkis et populations civiles.

 

Interview d’Yves Courrière (2001, 0h25)

D’abord militaire, puis grand reporter à RTL de 1958 à 1962 lorsqu’il a couvert la guerre d’Algérie, Yves Courrière a obtenu le Prix Albert Londres en 1966 pour son travail sur le conflit algérien, puis, il a retranscrit son expérience de 1967 à 1971 dans La Guerre d’Algérie, une étude en quatre volumes parue chez Fayard. Afin de rendre compte de la nature fratricide de cette guerre, il a co-réalisé avec le cinéaste Philippe Monnier, en 1972, un film documentaire détonnant sur ce conflit

Jacques Perrin joint Courrière après ses trois livres pour un film de montage après le succès du Chagrin et la pitié pas faire parler les survivants, les témoins. Il connait l'Algérie pour avoir été soldat, reporter et historien. Les hommes politiques ou combattants tirent la couverture à eux ou arrangent consciemment ou non les faits. Courrière veut dire ce qui a vraiment eut lieu. Il tente d eretrouver des témoignages filmés des deux camps. L'exécution des algériens sous une tente ou au bord de la route est trouvée à New York. La vie dans les maquis tournée par une équipe yougoslave qui ne montera pas les rushes découverts tels quels en Yougoslavie par Courrière. Il manque des images sur les harkis. La torture est signalée aussi bien chez les français que chez les algériens. Lors de la bataille d'Alger, Bigeard alors de retour dit vouloir lutter durement "comme nous l'avons fait avec tous les moyens, même ceux qui nous répugnent". Le FLN en 55-56 règne par la terreur, interdictions strictes qui génèrent des nez coupés ou des hommes tués de façon horrible. Courrière refuse de montrer ces tortures horribles mais les dits.

Jacques Perrin producteur et premier assistant sur Z lui confie comme premier assistant Philippe Meunier auquel Courrière propose de cosigner le film. Pour ses seize heures de rusches proposées dans la continuité mais pas montées, il bénéficie de Sylvie blanc au montage image et de Anita Fernandez au montage son. les images sont en effet muettes. Anita recrée le son du parachute avec un mouchoir mouillé. Musique de François de Roubaix dramatique, lyrique ou pompeux quand cela est justifié.

Pour les commentaires, chacun a son rôle. Jean Brassat l'ordre, les européens répressifs, les ultras. Jacques Charby, les musulmans, le FLN. Francis Morane les reformes qu'il fallait faire ou les reformes faites mais trop tard. Bruno Cremer, les faits, l'histoire événementielle enregistrés sans qu'aucun des comédiens n'ait vus une seul image. Dans le contexte chacun sur la scène avec un micro.

Courrière ne sait pas bien ce qu'est être objectif mais veut être honnête. Pour lui domine el sentiment que des occasions ont été gâchées, que les massacres étaient évitables. Les ultras voulaientt remplacer De gaulle et la république. Le revenu moyens des colons est 25 % inferieur à celui des métropolitains mais les députés sont dans la main des gros propriétaires.

Courrière sera condamné à mort par l'OAS, emprisonné et expulsé par Boumediene. De Gaulle trouve honnête ce qu'il a dit ainsi que Krim Belkacem qui lui écrit deux ans avant son assassinat et Ferhat Abbas, qui écrit en 69, voulait l'égalité eti reprouve l'évolution de l'Algérie depuis 1962

Le film sort dans 16 salles à Paris dont une sur les champs Elysées. Il est bien accueilli alors que c'est encore tôt après la fin de la guerre. Même accueil à Nice ou Marseille. Seules fausses notes à Perpignan et surtout Montpellier où L'association, Les fils de rapatriés à force de saccage réussit à faire interdire le film dans la ville. L'ancien président des lycéens d'Alger, Jacques Roseau, tenet de calmer le jeu. Il sera assassiné quelques temps après.

 

Harkis : des Français entièrement à part ? document de Jean-Charles Deniau (0h52). Jean-Charles Deniau explore le drame des Harkis, depuis le tragique choix des pères jusqu’à la difficile construction de l’identité des fils.

France-Algérie, une histoire en perspective. Entretiens avec R. Girardet, P. Vidal-Naquet, B. Stora et G. Fleury (1h20). Au travers d’entretiens, deux militants emblématiques de cette guerre, Raoul Girardet et Pierre Vidal-Naquet, reviennent sur les idéaux et les fractures d’une génération. Deux historiens, Benjamin Stora et Georges Fleury, spécialistes de la période et de l’Algérie, évoquent les clefs de la guerre et les enjeux de sa transmission historique.

Pierre Vidal-Naquet est un historien renommé de l'Antiquité et un intellectuel engagé dans la défense des droits de l'homme, de la lutte contre la torture en Algérie à celle contre le négationnisme. Appliquant le conseil de son père (« il faut être de gauche »), il a toujours été anticolonialiste. Lors de la guerre d’Algérie, violemment indigné par la pratique de la torture - dont son père avait été victime après son arrestation par les Allemands en 1944 -, il écrit La raison d'état et La torture dans la République et milite au sein du Comité Audin, avant et après l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir.
, avec Raoul Girardet

Raoul Girardet, militant de l’Algérie française, est historien, universitaire, professeur à la Sorbonne puis à Sciences-Po, ainsi qu'à Coëtquidan, à l'Ecole de guerre. Spécialiste des milieux militaires et du nationalisme français, il a comme singularité d'avoir fait coexister tout au long de sa vie l'exercice de son métier d'historien et des engagements historiques et politiques très forts avec un principe d'unité inébranlable : l'amour de sa patrie. Un engagement qui prend des formes mouvementées : l'Action française, la Résistance puis l'OAS, dont il est l’un des fondateurs.

Benjamin Stora est né en Algérie, à Constantine, en 1950. Professeur des Universités. Il enseigne l'histoire du Maghreb et de la colonisation française (Indochine-Afrique), co-dirige l'Institut Maghreb-Europe à Paris VIII Saint-Denis depuis 1990.

Ecrivain et historien, Georges Fleury a publié 48 livres dont de nombreux sur la guerre d’Algérie, à laquelle il a participé comme engagé volontaire dans les commandos de marine.

 

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présentent
 
La guerre d'Algérie de Yves Courrière et Philippe Monnier