Editeur : Montparnasse, octobre 2011. Coffret 6DVD. Durée des 17 films documentaires : 14h00. 40€

DVD 1 - LES NAZIS PRENNENT LE POUVOIR : Prélude à la guerre, Les nazis attaquent. DVD 2 - L'EUROPE EN GUERRE : Diviser pour régner, La bataille d'Angleterre. DVD 3 - LA GUERRE DEVIENT MONDIALE : La bataille de Chine, La bataille de Russie, Les Etats-Unis entrent en guerre. DVD 4 - LA BATAILLE DU PACIFIQUE : Pearl Harbour, Les Aléoutiennes, La bataille de Midway, Sachez reconnaître votre ennemi : le Japon. DVD 5 - LE FRONT EUROPÉEN : Le Memphis Belle, l'histoire d'une forteresse volante, Thunderbolt, La bataille de San Pietro. DVD 6 - L'ÉPILOGUE DE LA GUERRE : Que la lumière soit, Les camps de concentration nazis, Le procès de Nuremberg.

Supplément : Hollywood s'en va-t-en guerre, livret d'accompagnement de Frédéric Laurent, journaliste et historien, qui permet de comprendre le contexte de création de ces films, et revient sur les vies et les élans patriotiques des réalisateurs John Ford, John Huston, William Wyler et George Stevens.

Ce coffret de 6 DVD offre à voir 14 heures et 17 films documentaires commandés par le gouvernement américain durant la seconde guerre mondiale. Soit autant de raisons d'entrer en guerre, d'envoyer huit millions d'hommes au combat, de combattre l'ennemi nazi et ses alliés.

Ils explorent la seconde guerre mondiale sous toutes ses coutures depuis la prise du pouvoir par Hitler en 1933, jusqu'au procès de Nuremberg en 1946 : évènements politiques et militaires des fronts européen, russe, moyen-oriental et chinois, guerre du Pacifique, vie des soldats, horreur de la guerre.

Ces films sont réalisés par les plus grands cinéastes de l'époque : John Ford, John Huston, Frank Capra, William Wyler et George Stevens qui, au péril de leur vie, se sont parfois rendus sur les fronts et ont ainsi marqué leur engagement au service de la démocratie. Certains films seront primés aux Oscars, Prélude à la guerre et La bataille de Midway en 1943 avec deux autres documentaiers étrangers puis le 7 décembre (appelé Pearl Harbour dans le coffret) en 1944.

La bataille de Midway (John Ford, 1942)
Le procès de Nuremberg (Stuart Schulberg, 1948)

Le 7 décembre 1941, le bombardement par l'aviation japonaise de la base de Pearl Harbour plonge dans le conflit mondial une Amérique qui n'est pas préparée à la guerre. Majoritairement isolationniste, la population américaine s'est montrée peu concernée par les combats qui font rage en Europe et cela malgré la vigilance de ses intellectuels et l'attention d'Hollywood.

Le général George C. Marshall, principal conseiller militaire de Roosevelt, est chargé de réveiller les Américains. Très naturellement, c'est vers Hollywood qu'il se tourne. Déjà, les studios se mobilisent sur des films patriotiques qui unifient la communauté nationale. Mais il faut aussi montrer la guerre, la vraie et contrer la propagande de l'ennemi.

Marshall se tourne vers un cinéaste qui incarne les valeurs démocratiques de l'Amérique rooseveltienne : Frank Capra. Convoqué par le général Marshall, Capra s'entend dire que : "Nous allons lever une armée de 8 millions d'hommes auxquels nous devrons expliquer pourquoi ils sont en uniforme… Pour gagner cette guerre, il nous faut d'abord gagner une guerre psychologique chez nous (…) Nous pensons que la solution ce sont des films (…) qui expliqueront à nos soldats pourquoi nous combattons… ". Et Marshall donne l'ordre à Capra de constituer une équipe pour faire les films en question !

À cet effet, Capra se tourne immédiatement vers Anatole Litvak, très engagé dans la lutte antinazie. Les deux hommes réunissent d'abord une équipe solide d'écrivains et scénaristes, sous la conduite d'Anthony Veiler : Julius Epstein , Eric Knight, Carl Foreman, Robert Heller, Alan Rivkin. Ils s'attachent également le concours du grand monteur d'Hollywood, William Hornbeck et du musicien, Dimitri Tiomkin. C'est le "814° Détachement photographique", qui dépend directement de l'État-Major et de la direction des "services spéciaux".

Dans les jours qui ont suivi sa nomination, Capra s'est fait projeter le film Le Triomphe de la volonté de la cinéaste allemande Leni Riefenstahl. Danseuse, actrice, puis réalisatrice, son premier film en 1932, La Lumière bleue a reçu le Lion d'Argent à la Mostra de Venise. Elle a mis alors son talent au service de la propagande hitlérienne, filmant les congrès du Parti Nazi. Pour Capra, Le triomphe de la volonté est un choc : "Le super film de propagande de notre temps, écrira-t-il dans ses mémoires. Satan lui-même n'aurait pu concevoir spectacle plus terrifiant". Capra est désemparé. Comment monter la contre-attaque à un tel film ? Il a alors une idée de génie : "utiliser les propres films de l'ennemi pour montrer la menace que leur désir de suprématie fait peser sur notre liberté. Faire écouter à nos gars les nazis et les Japonais hurler leurs prétentions à être une race de seigneurs - et nos combattants sauront pourquoi ils sont en uniforme.

Le "814° Détachement" dépouillera tous les films d'actualité et de propagande allemands et japonais, existant alors aux Etats-Unis. De ce travail, l'équipe, tire les scénarios de trois des sept films qui constituent la série Pourquoi nous combattons (présent sur les 3 premiers DVD du coffret).

Frank Capra et Anatole Litvak : La bataille de Chine (1944)

L'équipe de Capra lancera deux autres séries de films. Dans la seconde série, Frank Capra réalisera avec le documentariste hollandais Joris Ivens, un film, Sachez reconnaître votre ennemi : le Japon, redoutablement efficace dans ses effets, qui sera critiqué par la suite pour ses relents xénophobes mais explicables, dans le contexte d'une guerre impitoyable. Ce document est présenté dans le coffret, avec la série Pourquoi nous combattons.

 

Au début des années 1930, John Ford, alors réserviste dans la Marine des États-Unis, réussit à y créer une unité d'opérateurs de prise de vues qui pourrait intervenir "en cas de besoin". En 1939, la Field Photo de la 11ème Section navale devient opérationnelle.

Quelques semaines avant Pearl Harbor, Ford annonce avoir formé une soixantaine de techniciens. Le général Donovan, Coordonnateur de l'Information, puis directeur de l'Office of Strategic Services (OSS - précurseur de la CIA), fait alors venir Ford auprès de lui : c'est la naissance de la Field Photographic Branch (FPB). Sous les ordres du Commander John Ford, on trouve le Commander E.R. (“Ray”) Kellogg, le Lt. Commander Jack (“Stinky”) Munroe, le Lt. Budd Schulberg ,qui montera The Nazi Plan, et les monteurs Robert Parrish, Joseph Zigman, Patty O’ Hiers, Robert A. Webb, les écrivains Daniel Fuchs, Stuart Schulberg, les traducteurs Karl Jacoby, Magda Pollaczek et Susan Shestopel ainsi que les monteurs de la UFA Conrad von Molo, Walter Rode, Lieselotte "Lilo" Balte Ashkins(UFA film editor)

La bataille de Midway (John Ford, 1942)
Le 7 décembre (John Ford, 1943)

Ford se partage entre Washinghton, le pacifique et le continent européen. Il se trouve ainsi à Pearl Harbor lors de l'attaque japonaise et suit ensuite la flotte pour La bataille de Midway. Pour ce film, il obtient l'oscar du meilleur documentaire en 1943. Il montera ensuite les bandes filmées lors de l'attaque de Pearl Harbor. Ce sera Le 7 décembre pour lequel il obtiendra de nouveau l'oscar du meilleur documentaire en 1944.

En février 1943, George Stevens rejoint l'Office of Strategic Services (OSS) . Il couvre la campagne nord-africaine, puis se rend à Londres, où le général Eisenhower lui donne l'ordre de rassembler une équipe de 45 personnes et de préparer le filmage du débarquement en Normandie. La Special Coverage Unit (SPECOU) sera placée sous la coupe du Supreme Headquarters' Allied Expeditionary Force (SHAEF). La SPECOU comprend 45 personnes : des écrivains comme Ivan Moffat, William Saroyan et Irwin Shaw ; des cameramen comme Dick Hoar, Ken Marthey, William Mellor, Jack Muth ; des opérateurs de prise de son comme Bill Hamilton, qui vient de la Columbia ; des assistants-réalisateurs, comme Holly Morse, qui avait travaillé avec Hal Roach. En vue du débarquement en Normandie et de l'avancée vers l'Allemagne, les opérateurs de l'OSS reçoivent des instructions très précises sur ce qu'ils doivent faire s'il leur arrive de découvrir des "preuves de crimes de guerre et d'atrocités".

La procédure à suivre pour enregistrer les preuves des atrocités commises prévoit explicitement la possible qualification comme preuve, devant un tribunal, des témoignages recueillis, qu'ils soient écrits, oraux ou filmés. Chaque jour, dans un rapport de prise de vues, le responsable de chaque unité fait un bilan de l'activité de la journée. Comme rappelé en bas de chaque page, sous la rubrique "IMPORTANT ", le rédacteur doit : "orthographier correctement les noms, identifier toutes les personnes, les lieux, les organisations, les armes, l'équipement ".

La trame narrative, rédigée en complément du rapport de prise de vues, est davantage qu'un simple compte rendu. C'est un récit documenté et articulé des événements qui ont été filmés. C'est déjà un deuxième regard qui se pose sur les images, après celui des cameramen. Ivan Moffat, ancien élève de la London School of Economics, en est le principal et brillant rédacteur.

À l'été 1945, Ford dépêche Stuart Schulberg en Europe pour tourner des documents qui pourraient être utilisés au procès de Nuremberg. Son frère aîné, le lieutenant Budd, d'un rang plus élevé, suit et dirige ce qui est devenu une petite équipe de réalisteurs et de rédacteurs. Lors d'une frénétique période de 4 mois, les frères Schulberg et leurs collègues écument les territoires occupés par l'Allemagne.

Joseph Zigman, Robert Parrish, Bob Webb et Patty O'Heir sont envoyés à Nuremberg pour compiler et monter ces images. Ils se servent aussi de deux films historiques : The Nazi Plan (entièrement composée de séquences en allemand) et Les camps de concentration nazis (composé principalement de images tournées par les libérateurs alliés). Les photos et les films présentés dans la salle d'audience ont joué un rôle vital dans la condamnation des nazis lors du procès.

Au printemps 1947, Stuart Schulberg écrit, réalise et produit le film officiel sur le procès lui-même Le pocès de Nuremberg qui, avec l'aide de Joseph Zigman au montage, sera achevé en 1948.

Les camps de concentration nazis (George Stevens , 1944)
Le procès de Nuremberg (Stuart Schulberg, 1948)

 

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